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de les tuer. tuer. Bien est-il certain qu'en autre chose encore les traitaient-ils fort durement; car ils les faisaient aucune fois boire par force du vin sans eau, outre mesure, tant qu'ils les énivraient, puis les amenaient tout ivres ès salles de leurs convives pour faire voir à leurs enfants quelle vilenie c'est qu'une personne ivre et leur faisaient chanter des chansons, et danser des danses indignes de personnes honnêtes, leur défendant expressément de chanter celles qui étaient honnêtes1. »

Quel respect pour l'humanité! Libre maintenant à Montesquieu et aux légistes de son école de vanter les lois de Lycurgue; pour nous, en présence des faits que nous venons de rapporter, il nous sera bien permis de demander à tout homme impartial, s'il est possible de trouver chez aucun peuple une législation plus dure, plus barbare, plus contraire aux sentiments les plus sacrés de la nature et plus éminemment destructive de la société domestique?

Quittons Sparte et allons visiter Athènes, sa sœur et sa rivale. Dans la patrie de Périclès et de Platon, la sainteté de l'union conjugale, base de la famille, n'était pas plus respectée qu'à Lacédémone. Outre les unions repoussées par la

Plutarch In Lycurg, pp 35-6.

nature et dont Solon fait une loi en obligeant l'héritière a épouser son plus proche parent, l'adultère y était formellement autorisé1. Il en est de même de la polygamie, témoin l'histoire de Socrate, cet homme qu'on offrit à notre jeunesse comme le sage par excellence et le modèle des honnêtes citoyens. Dans certains cas, le trafic le plus honteux était permis par le législateur, et l'amour infâme consacré par l'exemple des sages et les mœurs publiques.

Ainsi dans cette Athènes si savante et si polie, la femme était livrée à l'opprobre le plus complet, et la famille réduite comme partout au sensualisme le plus grossier. Rien ne constate mieux l'impuissance de la philosophie et ne démontre plus clairement la nécessité d'une religion divine, pour guérir les plaies profondes de la société domestique et de l'humanité même.

Pour compléter l'histoire de la famille chez les Grecs, nous rapporterons ici quelques lois et quelques usages communs à toutes les nations helléniques.

Aristote dit d'une manière absolue que les Grecs achetaient leurs femmes, sur lesquelles ils avaient une autorité sans limites, ajoutant que

Plutarch. In Solon., p. 56.

2 Sur la tolérance de la polygamie chez les Juifs, voyez ce qui a été dit ci-dessus, p. 18.

chez les barbares le sexe était au même rang que les esclaves1. Le crime qui renverse le plus directement toutes les lois de la nature et de la famille était autorisé par les lois de la Grèce et se commettait universellement et publiquement2. Nous le disons, la rougeur au visage, cette abominable coutume a trouvé un apologiste dans Montesquieu. L'homme comprendrat-il enfin dans quel abîme peut tomber la raison la plus haute abandonnée à elle-même?

Au centre de cette Grèce si vantée, la prostitution publique était, comme à Babylone, consacrée par les lois et par la religion. «< Le temple de Vénus à Corinthe, dit Strabon, était si riche qu'il avait à son service plus de mille courtisanes que des hommes et des femmes avaient coutume de consacrer à cette déesse 3. >>

A l'égard de l'enfant, la patrie des sciences et des arts ne le cédait en cruauté à aucun peuple.

« On trouve dans les anciens poètes comiques et tragiques, de nombreux passages qui prouvent combien l'abandon des nouveau-nés était commun chez les Grecs*. On choisissait, pour exposer l'enfant, les places, les marchés, les temples, les carrefours, le point où se réunissaient

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3 Id., lib. vIII. Voy. le Quarterly Review, vol. II, p. 389.

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plusieurs chemins, les alentours des fontaines, le rivage des fleuves, en un mot les lieux fréquentés, lorsque la mère voulait qu'une main étrangère recueillit son fils ou sa fille. Mais si c'était la mort que l'on recherchait pour le nouveau-né, il était abandonné dans les lieux déserts et escarpés, déposé dans la profondeur des forêts' ou dans le creux des arbres2, précipité dans un cloaque ou jeté dans les eaux d'un fleuve, tantôt enveloppé d'un papyrus enduit de bitume, tantôt couché au fond d'une corbeille de jonc ou faite d'un bois léger revêtu de bandelettes. L'exposition des nouveau-nés avait lieu à Athènes, dans un gymnase qu'on appelait Cynosarges. Un heureux hasard venait quelquefois au secours de l'enfant que ses parents avaient fait exposer avec l'intention manifeste de lui donner la mort. Condamné à devenir la proie des bêtes féroces et abandonné dans un lieu sauvage, OEdipe fut sauvé par des bergers : ce bonheur était aussi réservé au petit-fils du ròi Gargoris 4.

I

Et in alta nemora parvulum misit feris avidis. HoffmannLexicon, Lugd. Batav., 1698, in-fol.

2

Eustath., In Homer, Iliad. x. 3 Terent. Andr., IV,

v, 30.

4;

4 Histoire des Enfants trouvés, par M. Terme, etc., p.

423.

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Une circonstance ajoute encore, s'il est possible, à l'indignité d'une pareille action, c'est que les historiens la racontent avec la même indifférence que les parents en mettaient à l'accomplir. Le bon Plutarque ne condamne nulle. part l'exposition et semble l'autoriser quelquefois. « Ce qui fait, dit-il, que les pauvres ne nourrissent et n'élèvent pas quelquefois leurs enfants, c'est qu'ils craignent qu'étant nourris et élevés moins honnêtement qu'il n'appartient, ils ne deviennent lourdauds et mal appris; destitués de toutes parties requises à personne d'honneur, et cuident que pauvreté soit le dernier et le plus grand mal de l'homme, ils ne peuvent avoir le cœur de la laisser à leurs enfants, estimant que ce soit un très grand et fâcheux mal 1. »

jici jussit... Huic (Gargoris) quum ex filiæ stupro nepos provenisset, pudore flagitii, variis generibus exstingui parvulum voluit sed per omnes casus fortuna quadam servatus, ad postremum ad regnum tot periculorum miseratione pervenit. Primum omnium quamquam eum exponi jussisset, et post dies ad corpus expositi requirendum misisset, inventus. est vario ferarum lacte nutritus. Deinde relatum domum, tramite angusto, per quem armenta transmeare consueverant, projici jubet. » Justin, Hist. univ., extrait de Trogue-Pompée, t. II, lib. XIV, c. 4.

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Plutar., De l'Amour naturel des pères et des enfants, t..II, traduct. d'Amyot.

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