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est au chêne, la source au fleuve; quelle mission plus sainte et plus noble que celle de la femme chrétienne en général! Si l'enfant est à la famille ce que le fruit est à l'arbre, connaissez-vous une mission plus décisive que celle de la mère en particulier? Elle se résume en un seul mot, mais ce mot est tout ce qu'il y a de plus sublime : Donner à la société des citoyens utiles, à l'Église des disciples fidèles et des saints au ciel. Près de cette tâche, que tout doit paraître petit à la femme sensée! Tel est pourtant l'affaiblissement de la raison en Europe, qu'un certain nombre de femmes en sont venues à regarder cette fonction comme un emploi vulgaire, indigne de les occuper tout entières. Elles nous permettront de combattre ce préjugé, non moins funeste que ridicule, avec les paroles de l'illustre philosophe que nous venons de citer. Écrivant à sa fille, mademoiselle Constance de Maistre, il s'exprime ainsi :

<«< Tu me demandes done, ma chère enfant, après avoir lu mon sermon sur la science des femmes, d'où vient qu'elles sont condamnées à la médiocrité? Tu me demandes en cela la raison d'une chose qui n'existe pas et que je n'ai jamais dite. Les femmes ne sont nullement condamnées à la médiocrité; elles peuvent même prétendre au sublime, mais au sublime féminin. Chaque être doit se tenir à sa place, et ne pas affecter d'autres per

fections que celles qui lui appartiennent. Je possède ici un chien nommé Biribi qui fait notre joie ; si la fantaisie lui prenait de se faire seller et brider pour me porter à la campagne, je serais aussi peu content de lui que je le serais du cheval anglais de ton frère, s'il imaginait de sauter sur mes genoux ou de prendre le café avec moi. L'erreur de certaines femmes est d'imaginer que, pour être distinguées, elles doivent l'être à la manière des hommes. Il n'y a rien de plus faux. C'est le chien et le cheval. Permis aux poëtes de dire :

Le donne son venute in eccellenza

Di ciascun arte ove hanno posta cura.

<< J'ai fait voir ce que cela vaut. Si une belle dame m'avait demandé il y a vingt ans : « Ne <«< croyez-vous pas, monsieur, qu'une dame pour<< rait être un grand général comme un homme? » je n'aurais pas manqué de lui répondre : « Sans << doute, madame, si vous commandiez une ar<< mée, l'ennemi se jetterait à vos genoux, comme j'y suis moi-même; personne n'oserait tirer, et << vous entreriez dans la capitale ennemie au son <<< des violons et des tambourins. » Si elle m'avait dit : « Qui m'empêche d'en savoir en astronomie << autant que Newton? » je lui aurais répondu tout aussi sincèrement : « Rien du tout, ma divine

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«< beauté. Prenez le télescope, les astres tiendront «‹ à grand honneur d'être lorgnés par vos beaux <«< yeux, et ils s'empresseront de vous dire tous « leurs secrets. » Voilà comment on parle aux femmes, en vers et en prose. Mais celle qui prend cela pour argent comptant est bien sotte.

<< Comme tu te trompes, mon cher enfant, en me parlant du mérite un peu vulgaire de faire des enfants! Faire des enfants, ce n'est que de la peine; mais le grand honneur est de faire des hommes, et c'est ce que les femmes font mieux que nous. Crois-tu que j'aurais beaucoup d'obligations à ta mère, si elle avait composé un roman, au lieu de faire ton frère? Mais, faire ton frère, ce n'est pas le mettre au monde et le poser dans un berceau; c'est en faire un brave jeune homme qui croit en Dieu et n'a pas peur du canon. Le mérite de la femme est de régler sa maison, de rendre son mari heureux, de le consoler, de l'encourager, et d'élever ses enfants, c'est-à-dire, de faire des hommes voilà le grand accouchement qui n'a pas été maudit comme l'autre.

« Au reste, ma chère enfant, il ne faut rien exagérer je crois que les femmes, en général, ne doivent point se livrer à des connaissances qui contrarient leurs devoirs; mais je suis fort éloigné de croire qu'elles doivent être parfaitement ignorantes. Je ne veux pas qu'elles croient que Pékin

est en France, ni qu'Alexandre le Grand demanda en mariage une fille de Louis XIV. La belle lit. térature, les grands moralistes, les grands orateurs, etc., suffisent pour donner aux femmes toute la culture dont elles ont besoin...

y

« Voltaire a dit, à ce que tu me dis (car pour moi je n'en sais rien : je ne l'ai jamais tout lu, et il y a trente ans que je n'en ai pas lu une ligne), que les femmes sont capables de faire tout ce que font les hommes, etc.; c'est un compliment fait à quelque jolie femme, ou bien c'est une des cent mille et mille sottises qu'il a dites dans sa vie. La vérité est précisément le contraire : Les femmes n'ont fait aucun chef-d'œuvre dans aucun genre. Elles n'ont fait ni l'Iliade, ni l'Énéide, ni la Jérusalem délivrée, ni le Panthéon, ni l'église de Saint-Pierre, ni le Livre des principes, ni le Discours sur l'histoire universelle. Elles n'ont inventé ni l'algèbre, ni les télescopes, ni les lunettes achromatiques, ni la pompe à feu, ni le métier à bas, etc.; mais elles font quelque chose de plus grand que tout cela c'est sur leurs genoux que se forme ce qu'il y a de plus excellent dans le monde : un honnête homme et une honnête femme... En un mot, la femme ne peut être supérieure que comme femme; mais dès qu'elle veut émuler l'homme, ce n'est qu'un singe.

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:

presque autant

que Biribi, qui a cependant une réputation immense à Saint-Pétersbourg'. >>

La mère connaît maintenant sa mission et le chef-d'œuvre qu'elle doit faire.

VIII

GRANDEUR DE CETTE MISSION DANS LES TEMPS ACTUELS.

Le caractère de notre époque double la valeur de ces sages conseils. Notre siècle est pressé; avant l'âge, l'enfant veut être homme. Les carrières publiques lui sont ouvertes à une époque de la vie où nos pères étaient, pour longtemps encore, assis sur les bancs de l'école. De plus, l'âge de la majorité et de l'émancipation est légalement avancé. Tout cela restreint l'empire absolu de la mère sur son fils aux courtes années qui séparent le berceau du collége. Si toujours il fut nécessaire de mettre à profit ces rapides instants où les impressions deviennent ineffaçables, que doit faire aujourd'hui la mère chrétienne en voyant, d'une part, son action si limitée, et, d'autre part, en considérant dans l'avenir les innombrables causes qui tendent à détruire son ouvrage? Il en est deux surtout qui doivent lui être signalées : la

1 Lettres et Opuscules inédits, etc., t. I.

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