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» ravageurs de provinces que l'on a nommés » conquérans, qui, poussés par la seule gloire du commandement, ont exterminé > tant d'innocens..... Depuis ce temps, » l'ambition s'est jouée, sans aucune borne, » de la vie des hommes; ils en sont venus » à ce point de s'entretuer sans se haïr : le » comble de la gloire, ct le plus beau de » tous les arts, a été de se tuer les uns » les autres (1) ».

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Il est difficile de s'empêcher d'adorer une religion qui met une telle différence entre la morale d'un Bossuet et d'un Tacite.

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L'historien romain, après avoir raconté que Thrasille avoit prédit l'empire à Tibère, ajoute : D'après ces faits, et quelques » autres, je ne sais si les choses de la vie » sont.... ássujetties aux loix d'une im» muable nécessité, ou si elles ne dépendent »que du hasard (2) ».

Suivent les opinions des philosophes que Tacite rapporte gravement, donnant assez à entendre qu'il croit aux prédictions des astrologues....

La raison, la saine morale et l'éloquence nous semblent encore du côté du prêtre chrétien.

(1) Disc. sur l'Hist. Univ. part. (2) An. lib. 6.

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« Ce long enchaînement des causes parti »culières qui font et défont les Empires, » dépend des ordres secrets de la divine » Providence. Dieu tient, du plus haut des » Cieux, les rênes de tous les Royaumes; » il a tous les cœurs en sa main. Tantôt il >> retient les passions, tantôt il leur lâche » la bride, et par-là il remue tout le genre » humain..... Il connoît la sagesse hu » maine, toujours courte par quelqu'en» droit; il l'éclaire, il étend ses vues, et » puis il l'abandonne à ses ignorances. Il l'aveugle, il la précipite, il la confond » par elle-même : elle s'enveloppe, elle » s'embarrasse dans ses propres subtilités, » et ses précautions lui sont un piége... » C'est lui (Dieu) qui prépare ces effets dans » les causes les plus éloignées, et qui frappe » ces grands coups dont le contre-coup porte » si loin. .... Mais que les hommes ne s'y » trompent pas Dieu redresse, quand il lui plaît, le sens égaré; et celui qui insultoit à l'aveuglement des autres, tombé » lui-même dans des ténèbres plus épaisses, »sans qu'il faille souvent autre chose pour » lui renverser le sens, que de longues >> prospérités ».

...

Que l'éloquence de l'antiquité est peu de chose auprès de cette éloquence chrétienne!

DU CHRISTIANISME,

OU

BEAUTÉ S

DE

LA RELIGION CHRÉTIENNE.

TROISIÈME

TROISIEME PARTIE.

BEAUX-ARTS ET LITTÉRATURE.

LIVRE I V.

É LOQUENCE.

CHAPITRE PREMIER.

Du Christianisme dans l'éloquence. LE christianisme fournit tant de preuves de son excellence, que lorsqu'on croit n'avoir plus qu'un sujet à traiter, soudain il s'en présente un autre sous votre plume. Nous parlions des philosophes, et voilà que les

orateurs viennent nous demander si nous les oublions; nous raisonnions sur le christianisme dans les sciences et dans l'histoire, et le christianisme nous appeloit pour faire voir au monde les plus grands effets de l'éloquence connus. Les modernes doivent à la religion catholique cet art du discours, qui, en manquant à notre littérature, eût donné au génie antique une supériorité décidée sur le nôtre. C'est ici un des grands triomphes de notre culte; et, quoi qu'on puisse dire à la louange de Cicéron et de Démosthène, Massillon et Bossuet peuvent, sans crainte, leur être comparés.

Les anciens n'ont connu que l'éloquence judiciaire et politique : l'éloquence morale, c'est-à-dire, l'éloquence de tout temps, de tout gouvernement, de tout pays, n'a paru sur la terre qu'avec la loi évangélique. Cicéron défend un client, Démosthène combat un adversaire, ou tâche de rallumer l'amour de la patrie chez un peuple dégénéré : l'un et l'autre ne savent que remuer les passions, et fondent toutes leurs espérances de succès sur le trouble qu'ils jettent dans les cœurs. L'éloquence de la chaire a cherché les siens dans une région plus élevée. C'est en combattant les mouvemens de l'ame, qu'elle prétend séduire; c'est en appaisant toutes les passions, qu'elle s'en veut faire

écouter. Dieu et la charité, voilà son texte, toujours le même, toujours inépuisable. Il ne lui faut ni les cabales d'un parti, ni des émotions populaires, ni de grandes circonstances, pour briller. Dans la paix la plus profonde, sur le cercueil du citoyen le plus obscur, elle trouvera ses mouvemens les plus sublimes; elle saura intéresser pour une vertu ignorée; elle fera couler des larmes pour un homme dont on n'a jamais entendu parler. Incapable de crainte et d'injustice, elle donne des leçons aux rois, mais sans les insulter; elle console le pauvre, mais sans flatter ses vices. La politique et toutes les choses de la terre ne lui sont point inconnues; mais ces choses, qui faisoient les premiers motifs de l'éloquence antique, ne sont pour elle que des raisons secondaires; elle les voit des hauteurs où elle domine, comme un aigle apperçoit du sommet de la montagne, les objets abaissés de la plaine.

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Ce qui distingue sur-tout l'éloquence chrétienne de l'éloquence des Grecs et des Romains, « c'est cette tristesse évangélique qui » en est l'ame », comme parle la Bruyère, cette majestueuse mélancoliedont elle se nourrit. On lit une fois, deux fois les Verrines, et les Catilinaires de Cicéron, l'Oraison pour la Couronne, et les Philippiques de Démosthène; mais on médite toute sa vie, on feuillette

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