Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

fraîcheur des voûtes, les ténèbres du sanctuaire, les ailes obscures, les chapelles comme des grottes, les passages secrets, les portes abaissées; tout retrace les labyrinthes des bois dans l'église gothique; tout en fait sentir la religieuse horreur, les mystères et la divinité.

La tour ou les deux tours hautaines, plantées à l'entrée de l'édifice, en surmontant les ormes et les ifs du cimetière, font un effet merveilleux dans le ciel. Tantôt le jour naissant illumine leurs têtes jumelles; tantôt elles paroissent coiffées d'un bonnet de nuages, ou grossies dans une atmosphère vaporeuse; les oiseaux eux-mêmes semblent s'y méprendre, et les adopter pour les arbres de leurs forêts; de petites corneilles noires voltigent autour de leurs faîtes, et se perchent sur leurs galeries. Mais tout-à-coup des rumeurs confuses s'échappent de la cîme de ces tours, et en chassent les oiseaux effrayés. L'architecte chrétien, non content de bâtir des forêts, a voulu, pour ainsi dire, en bâtir les murmures; et au moyen de l'orgue et du bronze suspendu, il a attaché au temple gothique, jusqu'au bruit des vents et des tonnerres, qui roule dans la profondeur des bois. Les siècles évoqués par ces bruits religieux, font sortir leurs antiques

voix du sein des pierres, et soupirent dans tous les coins de la vaste basilique. Le sanctuaire mugit comme l'antre de l'ancienne sibylle; et tandis que d'énormes airains se balancent avec fracas sur votre tête, les souterrains de la mort, se taisent profondément sous vos pieds.

DU CHRISTIANISME,

OU

BEAUTÉ S

DE

LA RELIGION CHRÉTIENNE.

TROISIÈME PARTIE.

BEAUX-ARTS ET LITTÉRATURE.

LIVRE I I.

PHILOSOPHIE.

CHAPITRE PREMIER.

Astronomie et Mathématiques. CONSIDÉRONS maintenant les effets du christianisme dans la littérature en général. Elle se renferme toute dans ces trois classes: philosophie, histoire, éloquence.

Par philosophie, nous entendons ici l'étude de toute espèce de sciences.

On verra qu'en défendant la religion, nous n'attaquons pas la sagesse; nous sommes bien loin de confondre la morgue sophistique avec les saines connoissances de l'esprit et du cœur. La vraie philosophie est l'innocence de la vieillesse des peuples, lorsqu'ils ont cessé d'avoir des vertus par instinct, et qu'ils n'en ont plus que par raison cette seconde innocence est moins sûre que la première; mais lorsqu'on y peut atteindre, elle est plus sublime.

De quel côté qu'on envisage le culte évangélique, on voit qu'il agrandit la pensée, et qu'il est propre à l'expansion des sentimens. Dans les sciences, ses dogmes ne s'opposent à aucune vérité naturelle, sa doctrine ne défend aucune étude. Chez les anciens un philosophe rencontroit toujours quelque divinité sur sa route; il étoit, sous peine de mort ou d'exil, condamné par les prêtres d'Apollon ou de Jupiter, à être absurde toute sa vie. Mais comme le Dieu des chrétiens ne s'est pas logé à l'étroit dans un soleil, il a laissé tous les astres en proie aux recherches des savans : il a jeté le monde devant eux, comme une pâture pour leurs vaines disputes (1). Le physicien peut peser l'air dans

(1) Eccles. V, III, v. 2,

son tube, sans craindre d'offenser Junon; ce n'est pas des élémens de son corps, mais des vertus de son ame, que le souverain juge lui demandera compte un jour.

Nous savons qu'on ne manquera pas de rappeler quelques bulles du saint Siége ou quelques décrets de la Sorbonne, qui condamnent telle ou telle découverte philosophique; mais aussi, combien ne pourroit-on pas citer d'arrêts de la cour de Rome en faveur de ces mêmes découvertes? Qu'est-ce donc à dire, sinon que les prêtres, qui sont hommes comme nous, se sont montrés plus ou moins éclairés, selon le cours naturel des siècles? Il suffit que le christianisme lui-même ne prononce rien contre les sciences, pour que nous soyons fondés à soutenir notre première assertion.

Au reste, remarquons bien que l'église a, dans tous les temps, protégé les arts, quoiqu'elle ait découragé quelquefois les études abstraites en cela elle a montré sa sagesse accoutumée. Les hommes ont beau se tourmenter, ils n'entendront jamais rien à la nature, parce que ce ne sont pas eux qui ont dit à la mer : Vous viendrez jusqueslà vous ne passerez pas plus loin, et vous briserez ici l'orgueil de vos flots (1),

(1) Joh.

« ZurückWeiter »