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«que rarement, le confesseur n'a pas droit de demander si « le péché dont on s'accuse est un péché d'habitude; et « qu'on n'est pas obligé de lui répondre sur cela, parce

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qu'il n'a pas droit de donner à son pénitent la honte de déclarer ses rechutes fréquentes.

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Comment, mon père ! j'aimerais autant dire qu'un médecin n'a pas droit de demander à son malade s'il y a longtemps qu'il a la fièvre. Les péchés ne sont-ils pas tout différents selon ces différentes circonstances? et le dessein d'un véritable pénitent ne doit-il pas être d'exposer tout l'état de sa conscience à son confesseur, avec la même sincérité et la même ouverture de cœur que s'il parlait à Jésus-Christ, dont le prêtre tient la place? Or n'est-on pas bien éloigné de cette disposition quand on cache ses rechutes fréquentes, pour cacher la grandeur de son péché? Je vis le bon père embarrassé là-dessus de sorte qu'il pensa à éluder cette difficulté plutôt qu'à la résoudre, en m'apprenant une autre de leurs règles, qui établit seulement un nouveau désordre, sans justifier en aucune sorte cette décision du père Bauny, qui est, à mon sens, une de leurs plus pernicieuses maximes, et des plus propres à entretenir les vicieux dans leurs mauvaises habitudes. Je demeure d'accord, me dit-il, que l'habitude augmente la malice du péché, mais elle n'en change pas la nature : et c'est pourquoi on n'est pas obligé à s'en confesser, selon la règle de nos pères, qu'Escobar rapporte, in Princ., ex. 2, n. 39 : « Qu'on n'est obligé de confesser que les circons<tances qui changent l'espèce du péché, et non pas celles qui l'aggravent."

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C'est selon cette règle que notre père Granados dit, in 5 part., cont. 7, t. 9, d. 9, n. 22, que « si on a mangé « de la viande en carême, il suffit de s'accuser d'avoir

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« rompu le jeûne, sans dire si c'est en mangeant de la ■ viande, ou en faisant deux repas maigres. » Et, selon notre père Reginaldus, tr. 1, l. 6, c. 4, n. 114, « un devin qui s'est servi de l'art diabolique n'est pas obligé à dé<< clarer cette circonstance; mais il suffit de dire qu'il s'est « mêlé de deviner, sans exprimer si c'est par la chiromancie, ou par un pacte avec le démon. » Et Fagundez, de notre Société, p. 2, l. 4, c. 3, n. 17, dit aussi : « Le rapt « n'est pas une circonstance qu'on soit tenu de découvrir, quand la fille y a consenti. » Notre père Escobar rapporte tout cela au même lieu, n. 41, 61, 62, avec plusieurs autres décisions assez curieuses des circonstances qu'on n'est pas obligé de confesser. Vous pouvez les y voir vous-même. Voilà, lui dis-je, des artifices de dévotion bien accommodants.

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Tout cela néanmoins, dit-il, ne serait rien, si on n'avait de plus adouci la pénitence, qui est une des choses qui éloignait davantage de la confession. Mais maintenant les plus délicats ne la sauraient plus appréhender, après ce que nous avons soutenu dans nos thèses du collége de Clermont : « Que si le confesseur impose une pé« nitence convenable, convenientem, et qu'on ne veuille « pas néanmoins l'accepter, on peut se retirer en renon«çant à l'absolution et à la pénitence imposée. » Et Escobar dit encore, dans la Pratique de la pénitence, selon notre Société, tr. 7, ex. 4, n. 188: « Que si le pénitent « déclare qu'il veut remettre à l'autre monde à faire péni«tence, et souffrir en purgatoire toutes les peines qui <«<lui sont dues, alors le confesseur doit lui imposer une a pénitence bien légère, pour l'intégrité du sacrement, et « principalement s'il reconnaît qu'il n'en accepterait pas ■ une plus grande. » Je crois, lui dis-je, que, si cela était,

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on ne devrait plus appeler la confession le sacrement de pénitence. Vous avez tort, dit-il; car au moins on en donne toujours quelqu'une pour la forme. Mais, mon père, jugez-vous qu'un homme soit digne de recevoir l'absolution quand il ne veut rien faire de pénible pour expier ses offenses? et quand des personnes sont en cet état, ne devriez-vous pas plutôt leur retenir leurs péchés que de les leur remettre? Avez-vous l'idée véritable de l'étendue de votre ministère? et ne savez-vous pas que vous y exercez le pouvoir de lier et de délier? Croyez-vous qu'il soit permis de donner l'absolution indifféremment à tous ceux qui la demandent, sans reconnaître auparavant si JésusChrist délie dans le ciel ceux que vous déliez sur la terre? Eh quoi! dit le père, pensez-vous que nous ignorions que « le confesseur doit se rendre juge de la disposition de son « pénitent, tant parce qu'il est obligé de ne pas dispenser << les sacrements à ceux qui en sont indignes, Jésus-Christ << lui ayant ordonné d'être dispensateur fidèle, et de ne « pas donner les choses saintes aux chiens, que parce qu'il est juge, et que c'est le devoir d'un juge de juger justement, en déliant ceux qui en sont dignes, et liant ceux qui en sont indignes, et aussi parce qu'il ne doit pas absou« dre ceux que Jésus-Christ condamne? » De qui sont ces paroles-là, mon père? De notre père Filiutius, répliqua-til, t. 1, tr. 7, n. 354. Vous me surprenez, lui dis-je ; je les prenais pour être d'un des Pères de l'Église. Mais, mon père, ce passage doit bien étonner les confesseurs, et les rendre bien circonspects dans la dispensation de ce sacrement, pour reconnaître si le regret de leurs pénitents est suffisant, et si les promesses qu'ils donnent de ne plus pécher à l'avenir sont recevables. Cela n'est point du tout embarrassant, ditle père: Filiutius n'avait garde de laisser

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les confesseurs dans cette peine; et c'est pourquoi, ensuite de ces paroles, il leur donne cette méthode facile pour en sortir Le confesseur peut aisément se mettre en repos << touchant la disposition de son pénitent : car s'il ne donne << pas des signes suffisants de douleur, le confesseur n'a qu'à lui demander s'il ne déteste pas le péché dans son âme; et, s'il répond que oui, il est obligé de l'en croire. « Et il faut dire la même chose de la résolution pour l'avenir, à moins qu'il y eût quelque obligation de restituer, <«< ou de quitter quelque occasion prochaine. » Pour ce passage, mon père, je vois bien qu'il est de Filiutius. Vous vous trompez, dit le père: car il a pris tout cela mot à mot de Suarez, in 3 part., t. 4, disp. 32, sect. 2, n. 2. Mais, mon père, ce dernier passage de Filiutius détruit ce qu'il avait établi dans le premier; car les confesseurs n'auront plus le pouvoir de se rendre juges de la disposition de leurs pénitents, puisqu'ils sont obligés de les en croire sur leur parole, lors même qu'ils ne donnent aucun signe suffisant de douleur. Est-ce qu'il y a tant de certitude dans ces paroles qu'on donne, que ce seul signe soit convaincant? Je doute que l'expérience ait fait connaître à vos pères que tous ceux qui leur font ces promesses les tiennent, et je suis trompé s'ils n'éprouvent souvent le contraire. Cela n'importe, dit le père; on ne laisse pas d'obliger toujours les confesseurs à les croire : car le père Bauny, qui a traité cette question à fond dans sa Somme des péchés, c. 46, p. 1090, 1091 et 1092, conclut que « toutes les fois que ceux qui récidivent souvent, sans qu'on ⚫y voie aucun amendement, se présentent au confesseur, ⚫ et lui disent qu'ils ont regret du passé et bon dessein

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pour l'avenir, il les en doit croire sur ce qu'ils le disent,

• quoiqu'il soit à présumer telles résolutions ne passer pas

" le bout des lèvres. Et quoiqu'ils se portent ensuite avec plus de liberté et d'excès que jamais dans les mêmes fau

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tes, on peut néanmoins leur donner l'absolution selon <«< mon opinion. » Voilà, je m'assure, tous vos doutes bien résolus.

Mais, mon père, lui dis-je, je trouve que vous imposez une grande charge aux confesseurs, en les obligeant de croire le contraire de ce qu'ils voient. Vous n'entendez pas cela, dit-il; on veut dire par là qu'ils sont obligés d'agir et d'absoudre, comme s'ils croyaient que cette résolution fût ferme et constante, encore qu'ils ne le croient pas en effet. Et c'est ce que nos pères Suarez et Filiutius expliquent ensuite des passages de tantôt. Car, après avoir dit que le prêtre est obligé de croire son pénitent sur sa parole, »ils ajoutent qu'il n'est « pas nécessaire que le con«fesseur se persuade que la résolution de son pénitent s'exé« cutera, ni qu'il le juge même probablement; mais il suffit qu'il pense qu'il en a à l'heure même le dessein en général, quoiqu'il doive retomber en bien peu de temps. Et « c'est ce qu'enseignent tous nos auteurs, ita docent omnes « auctores. » Douterez-vous d'une chose que nos auteurs enseignent? Mais, mon père, que deviendra donc ce que le père Pétau a été obligé de reconnaître lui-même dans la préface de la Pén. publ., p. 4, que « les saints Pères, les

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docteurs et les conciles sont d'accord, comme d'une « vérité certaine, que la pénitence qui prépare à l'Eucha

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ristie doit être véritable, constante, courageuse, et non « pas lâche et endormie, ni sujette aux rechutes et aux reprises? » Ne voyez-vous pas, dit-il, que le père Pétau parle de l'ancienne Église? Mais cela est maintenant si peu de saison, pour user des termes de nos pères, que, selon le père Bauny, le contraire est seul véritable; c'est

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