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INTRODUCTION.

Précis historique sur la langue hébraïque.

CHAPITRE PREMIER.

DES LANGUES SÉMITIQUES EN GÉNÉRAL.

1. La langue hébraïque, dont nous nous occupons proprement, est dans une étroite affinité avec plusieurs autres dialectes qui forment avec elle une souche commune. Ordinairement on comprend ces langues sous la dénomination collective de langues orientales ou sémitiques. La dénomination de langues orientales est déjà en usage du temps des Pères de l'Eglise, et elle se trouve nommément dans Jérôme. Cependant cette désignation embrasse trop, et surtout de nos jours, où nous connaissons beaucoup de langues qui se parlent dans l'orient, sans appartenir à la souche hébraïque. C'est pourquoi on a commencé, dans ces derniers temps, de donner à ces dernières le nom de langues sémitiques, parce que la plupart des peuples qui les parlaicnt descendent de Sem (Gen. X, 21 et suivans). Quoique ce nom soit assez commode et assez juste, nous ne devons pourtant pas oublier qu'il

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est aussi d'un côté trop étendu et de l'autre trop restreint, car les Phéniciens et les Canaanéens parlaient un dialecte sémitique, tout en descendant de Cham (Gen. X, 6, 15, etc.), tandis que les descendans d'Elam, fils premier-né de Sem (v. 21 et 22) n'avaient point une langue en affinité avec la langue hébraïque.

2. Les points par lesquels les langues sémitiques diffèrent essentiellement des langues occidentales, sont à peu près les suivans. On rencontre dans ces langues un grand nombre de sons gutturaux, que nous ne pouvons pas imiter, lors même que leur prononciation particulière s'est conservée jusqu'à nous. La racine de la plupart des mots est dissyllabe, et se trouve dans le verbe. Le pronom personnel, quand il se présente dans les cas obliques, ou quand il sert de pronom possessif, se raccourcit en un suffixe, lequel s'attache au verbe, au nom et aux particules. Le verbe n'a que deux formes de temps. Le rapport du génitif est exprimé par une modification particulière du nom régissant, qui est connu sous le nom d'état construit (ou regiminis). En outre, la grande simplicité de leur syntaxe forme un caractère de ces langues, principalement de l'hébreu; elles se contentent ordinairement de faire suivre une phrase d'une autre phrase, sans les rendre dépendantes ou subordonnées.

Pour ce qui concerne l'écriture, les langues sémitiques ont ceci de particulier, qu'elles s'écrivent, à l'exception de l'éthiopien, de droite à gauche, et qu'elles ne regardent comme lettres que les consonnes, tandis que

les signes des voyelles sont placés comme une espèce de signes auxiliaires au-dessus, au-dedans et au-dessous des lettres. L'alphabet des différens genres d'écritures sémitiques, peut être aussi à l'exception de l'éthiopien, tire son origine des anciens caractères que nous connaissons sous le nom d'anciens caractères phéniciens.

3. Parmi les différens dialectes sémitiques, celui qui se parlait au nord et à l'est du pays des Hébreux, est le dialecte araméen, dont l'étymologie est, Aram, nom qui a désigné un fils de Sem (Gen. X, 21, 22), et plus tard toute la Syrie. La dénomination de langue araméenne pour désigner ce dialecte se trouve déjà dans l'Ancien Testament, 2 Rois XVIII, 26 (Es. XXXVI, 11), où les officiers d'Ezéchias prétendent connaître, l'Araméen.

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De toutes les langues sémitiques, la langue araméenne est la plus rude, la plus pauvre et la moins développée. Une preuve qu'elle était parlée dans la Mésopotamie

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que Laban donne au monument que Jacob avait érigé, nom qui est tout-à-fait pris de la langue araméenne; et ce qui prouve qu'elle était aussi en usage à Babylone, lorsque l'empire babylonien florissait, c'est surtout le livre du prophète Daniel, notamment chapitre II, 4.

De cette langue araméenne, il ne nous est point resté de monumens qui aient été composés par des Syriens ou des Babyloniens indigènes. Tout ce que nous possédons se trouve dans la Bible et dans les écrits juifs

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(chaldéen), ou appartient à l'époque chrétienne postérieure (syriaque).

Ainsi donc, pour nous et nos observations, l'araméen se subdivise en chaldéen et en syriaque.

4. La dénomination de langue chaldéenne a été donnée au dialecte araméen parlé à Babylone, parce que c'étaient les Chaldéens qui avaient le pouvoir à Babylonne et que la dynastie de Nébucadnézar était une dynastie chaldéenne. Mais ce nom est inexact, car le chaldéen proprement dit, c'est-à-dire la langue propre des Chaldéens, dont il est fait mention, Dan. I, ¥4, sous le nom de ", langue des Chaldéens, était, comme on peut aisément le voir par les noms propres chaldéo-babyloniens (D), LYNUD?), etc.), une langue tout-à-fait étrangère à la souche sémitique; de sorte qu'au lieu de désigner par chaldéen le dialecte en question, on devrait l'appeler le dialecte babylonien.

De ce dialecte chaldéen ou babylonien, nous ne possédons point de monumens nationaux ; tout ce qui nous reste de cette langue se trouve dans la Bible (Jérém. X, 11; Dan. II, 4-VII, 28; Esdr. IV, 8 — VI, 18; VII, 12-26), dans les traductions et paraphrases juives, dites Targums (77, c'est-à-dire traductions), dans les écrits des rabbins et dans des liturgies juives.

Il est difficile de déterminer à quel point l'hébreu peut avoir influé sur le babylonien ou le prétendu chaldéen, et jusqu'à quel point le dialecte de Babylone s'est conservé pur dans les monumens dont nous ve

nons de parler. C'est le chaldéen de la Bible qui se rapproche le plus de l'hébreu (1).

5. La langue syriaque ou araméenne proprement dite, n'est connue de nous que depuis l'ère chrétienne, où une littérature ecclésiastique et chrétienne commença à se former dans une version du Nouveau Testament [connue sous le nom de Peschito (2)], faite vers la fin du 2me siècle, et bientôt suivie. d'une version de l'Ancien Testament. Cette littérature prit un certain essor principalement depuis Ephrem, célèbre père de l'Eglise syrienne, et théologien du 4me siècle. Après l'invasion des Arabes mahométans (depuis le 7me siècle) le syriaque commença à faire place à l'arabe, et déjà au 13me siècle il avait disparu comme langue vivante. Mais il s'est conservé comme langue ecclésiastique presque dans toutes les sectes chrétiennes de l'orient. Ce sont les Maronites du Liban qui s'occupent le plus de l'étude du syriaque, et qui s'en servent comme langue savante et écrite.

(4) Pour l'étude des chapitres chaldéens de la Bible, nous recommandons la grammaire de WINER, dont une traduction en français a paru sous le titre de Grammaire chaldaïque, tant pour le chaldéen de la Bible que pour celui des Targoumim, par G. B. WINER, traduite de l'allemand par FALLET; Genève, Abr. Cherbuliez, libraire; 1836.

(2) XD'UD, qui veut dire la simple, laquelle rend le sens littéral, opposé aux traductions paraphrastiques et aux commentaires allégoriques de cette époque. La racine DVD a le même sens dans le Talmud et chez les rabbins.

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