Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

ou de quelque saint, en se les appropriant et les récitant avec la même dévotion que si on les composait sur-le-champ.

Pour ce qui est des sens extérieurs, on ne peut guère donner de règle fort assurée ni fort générale. Car les uns se trouvent bien de tenir les yeux fermés; les autres les ouvrent, au contraire, pour regarder le ciel ou quelque image de dévotion qui est devant eux. Les uns ne sauraient souffrir le moindre bruit : les autres se plaisent à entendre le chant de l'Église. Les uns trouvent de la dévotion à se frapper souvent la poitrine, comme faisait saint Jérôme, à l'exemple du publicain les autres en trouvent davantage à faire de fréquentes génuflexions, comme saint Siméon Stylite, qui ne cessait, durant sa prière, de fléchir le genou et d'incliner la tête profondément. Il en est de même des autres postures du corps, comme d'étendre les bras en forme de croix, de se prosterner le visage contre terre, de se tenir debout sans changer de place, de se promener, de s'asseoir. En tout cela chacun doit choisir ce qui contribue le plus à sa dévotion, et l'aide davantage à avoir l'esprit tranquille; il faut seulement qu'il mesure sa ferveur à ses forces; et qu'il prenne garde à bien édifier le prochain quand il prie dans un lieu public; car alors il est obligé de se mettre en une posture où il n'y ait rien qui puisse choquer ni scandaliser personne.

§ V. De l'examen de l'Oraison et du fruit
qu'on en doit tirer.

Il est important après la méditation de voir comment elle s'est passée; et quoiqu'il soit à désirer que cet examen se fasse régulièrement à la fin de quelque exercice que ce soit, même après les prières vocales, telles que sont l'office divin, le chapelet et la messe; il est toutefois d'une plus grande importance de n'y pas manquer après l'Oraison mentale, qui est une action tout à fait spirituelle et qui au moins doit durer une heure.

Le premier article que l'on doit examiner est la manière dont on a gardé les règles qui s'observent avant l'Oraison: comme, par exemple, si l'on a eu soin de préparer le sujet de la méditation, si l'on s'est bien mis en la présence de Dieu, si l'on a eu soin de lui offrir sa prière avec toute la ferveur et la pureté d'intention qu'on devait. Que si l'on trouve qu'on ait failli en quelque point, il faut tâcher d'en avoir de la douleur, et faire un ferme propos de s'en corriger à l'avenir.

ner,

La seconde chose sur quoi il est bon de s'examiest si, dans le cours de l'Oraison, on a été attentif, ou si l'on a eu l'esprit distrait; si l'on a senti de la dévotion, ou si l'on s'est trouvé dans l'aridité; si l'on ne s'est amusé qu'à des spéculations curieuses et à de vains raisonnements plus propres à un homme d'étude qu'à un homme d'oraison, ousi l'on s'est attaché principalement à concevoir quantité de bons désirs et de saintes affections;

si l'on a eu, en parlant à Dieu, tout le respect et toute la confiance qu'il fallait, ou si l'on s'est présenté devant lui avec des dispositions contraires. Que si toutes choses ont succédé heureusement, l'on en rendra grâces au Seigneur; et on attribuera la gloire, non à sa propre diligence, mais à la miséricorde divine. Si, au contraire, tout a fort mal réussi, l'on en recherchera la cause, soit faiblesse, soit nonchalance, soit pesanteur, soit déréglement de passion; on en concevra un véritable regret, et on se proposera d'arracher, par le moyen de la mortification, jusqu'à la racine du mal.

Le troisième point de l'examen regarde les bons mouvements, les saintes inspirations, les lumières extraordinaires, les goûts et les consolations spirituelles, qu'il a plu à Dieu de nous donner durant l'Oraison. Il est surtout important de bien remarquer les effets que tout cela a produits, pour bien connaître quelle en est la cause, si c'est le bon ou le mauvais esprit, et pour acquérir par ces sortes de réflexions la science si nécessaire du discernement des esprits.

Enfin il faut bien peser les résolutions qu'on a faites, pour voir en quel temps et de quelle sorte on pourra les exécuter; en un mot, on doit apporter un soin tout particulier à examiner le fruit qu'on a recueilli de l'Oraison.

Les principaux fruits qu'on peut remporter de l'Oraison sont de réformer sa vie, d'avoir en horreur les fautes les plus légères, de fuir les occasions du mal, de modifier ses inclinations vicieuses, de

résister généreusement à la tentation, de se préparer à souffrir avec joie les plus grands travaux, de se résoudre à accomplir en toutes choses la volonté de Dieu, de tâcher ensuite à croître en toutes sortes de vertus, et d'imiter celles du Sauveur, surtout sa charité, son humilité, son obéissance, sa patience dans les travaux, et cet amour si ardent qu'il a toujours eu pour la croix, pour le mépris, pour la mortification de la chair. Outre cela l'on est obligé de travailler à acquérir la vertu dont on sent qu'on a le plus besoin dans sa profession; et, lorsqu'on fera l'examen de l'Oraison, on prendra garde si l'on en a profité, de la façon qu'on vient de dire.

Il est essentiel d'ajouter que tous ceux qui prétendent conserver l'esprit de dévotion doivent s'appliquer à faire chaque jour, de cœur ou de bouche, un grand nombre de ces oraisons qu'on nomme jaculatoires. C'est une pratique qui, au rapport de saint Augustin, était en usage parmi les Pères du désert 1. Comme elles se font presque en un moment, l'usage en est facile à tout le monde, et on les peut faire avec plus d'attention et de ferveur que les autres. C'est aussi ce qui leur donne tant d'efficacité auprès de Notre-Seigneur.

Enfin nous dirons que ceux qui désirent monter chaque jour par cette échelle mystérieuse de Jacob, que saint Augustin nomme l'échelle du paradis 2, et qui a pour échelons la lecture, la méditation,

1 Ep. 121 ad Probam, c. 10. 2 Gen. 28. 12

l'oraison et la contemplation; ceux-là apprendront ici comment on y peut monter avec le secours de la grâce, en laquelle ils doivent mettre leur principale confiance. Après cela il n'y a personne qui ne puisse espérer de parvenir à une étroite union avec Dieu, qui du haut de cette échelle nous tend les bras, et nous presse d'aller à lui, afin que montant sans cesse vers lui sur la terre par le fréquent usage de l'oraison, nous puissions plus tard entrer dans sa gloire et y participer pendant l'éternité.

« ZurückWeiter »