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gner, les larmes aux yeux, mon repentir pour le passé, quel effet aura-t-il, si vous n'usez vousmême du pouvoir souverain que vous avez sur mon coeur? Vous le voyez, ô mon Sauveur, ce cœur rebelle, ce cœur mal réglé, vous le voyez comme une mer agitée, qui ne saurait se calmer, agité de violentes passions qui, comme autant de vents, y forment de continuelles tempêtes. Dites à ces vents et à cette mer de se taire, imposez-leur un éternel silence, car votre parole peut tout; et c'est assez que vous la fassiez entendre à mon âme, pour vous en faire obéir.

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LUNDI DE LA IV SEMAINE

APRÈS L'ÉPIPHANIE

De la vocation des Apôtres.

Les préludes de cette méditation et des deux suivantes sont de se représenter le Fils de Dieu qui appelle les hommes à sa suite, et de lui demander la grâce d'être fidèle à sa vocation.

I. POINT.

Je considèrerai en premier lieu les qualités naturelles et les talents qu'avaient les apôtres pour un ministère aussi élevé qu'est l'apostolat. Le Sauveur ayant résolu de choisir douze apôtres, qui fussent les douze fondements de son Église, jeta les yeux, dit saint Paul, non sur des personnes illustres par leur savoir, ou par leur noblesse, ou par leurs charges, mais sur des gens méprisables

1 Apoc. 21. 14.

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par leur ignorance, leur grossièreté, la bassesse de leur naissance, et le vil métier auquel ils s'occupaient pour gagner leur vie 1.

Entrons, à la faveur des lumières célestes, dans la profondeur des desseins de la Providence; admirons-en la sagesse, et remarquons- y le doigt du Tout-Puissant. Il n'appartient qu'à lui d'assujettir les grands du monde par les pauvres, et de persuader les savants par les ignorants et par les simples; il lui faut des instruments de cette nature pour faire éclater son pouvoir, afin que nul homme mortel ne se glorifie devant lui.

Oui, Seigneur, à vous seul est due toute la gloire de l'établissement de la religion. Qu'elle est divine cette religion, si miraculeusement annoncée, persuadée, établie par de simples pêcheurs! Quelle grâce vous m'avez faite, de m'y avoir appelé ! Quelle consolation de savoir que pour être de vos amis, et des premiers de votre royaume, je n'ai besoin ni de titres, ni de richesses, ni de science! que vous prenez plaisir de converser avec les simples! que c'est à eux que vous révélez les secrets cachés aux sages du siècle; et qu'il ne faut qu'être humble pour avoir part à vos bontés et à vos récompenses!

II. POINT.

Après avoir considéré les qualités naturelles de ceux que le Sauveur a choisis pour ses apôtres, j'examinerai quelles étaient leurs mœurs, et quelles furent les dispositions morales qu'ils apportèrent à l'apostolat. Les uns en eurent d'heureuses, comme saint André, élevé dans l'école de Jean-Baptiste,

1 I Cor. 1. 26.

où il avait puisé, 1o un sincère désir de se perfectionner, ainsi qu'il le témoigna en suivant JésusChrist aussitôt que son maître le lui eut montré, et lui eut fait connaître que c'était l'Agneau de Dieu 1; 2o un zèle ardent et une sainte impatience de faire part de son bonheur à son frère, en l'amenant incontinent au Sauveur. D'autres furent appelés dans des dispositions qui, pour n'être pas égales à celles de saint André, ne laissaient pas d'être bonnes; car c'étaient des gens de bien, tels que furent Pierre, Jean et Jacques, appliqués au travail, et unis ensemble par les liens de la charité. Il y en eut enfin qui avaient des dispositions tout à fait opposées au ministère apostolique; des hommes engagés dans les affaires du monde, et même dans les habitudes vicieuses; de ce nombre furent saint Matthieu et saint Paul, que le Sauveur ne laisse pas d'honorer d'une si sainte vocation, pour animer les plus grands pécheurs, et empêcher l'enflure des justes, en faisant voir aux uns et aux autres que cette grâce incomparable est l'effet d'une pure miséricorde.

Apprenons aujourd'hui, de cette conduite adorable de Jésus-Christ, à chercher les causes de notre élection dans le cœur du Père des miséricordes, et non pas dans les œuvres de nos mains. Quoique nous soyons chrétiens, religieux, prêtres, reconnaissons que ce choix de préférence que le Seigneur a fait de nous est l'effet de sa divine bonté et le fruit des mérites de Jésus-Christ, en considération duquel, comme dit saint Paul, il a plu au Seigneur de nous appeler par une vocation sainte, non à cause de nos œuvres, mais parce que de

1 Joan. 1. 42.

toute éternité il l'avait ainsi résolu par sa pure miséricorde 1.

Ah! je conçois maintenant, ô mon Sauveur, à qui je suis redevable de mon heureuse vocation. C'est uniquement à vos miséricordes; c'est que vous m'avez regardé, divin Jésus, d'un œil favorable. Que le Ciel vous bénisse à jamais d'un amour si pur et si prévenant. Que les anges; dont nous devons être un jour les compagnons dans la gloire, le soient déjà de notre reconnaissance, et chantent sans cesse avec nous les merveilles de votre grâce.

III. POINT.

Les apôtres furent appelés différemment. Les uns furent engagés peu à peu à la suite de Jésus-Christ, comme André et Pierre; d'autres le furent en un instant, avec cette différence entre eux que le Sauveur attira doucement les enfants de Zébédée, en les invitant à devenir pêcheurs des hommes, et qu'il usa de commandement envers saint Matthieu.

Providence de mon Dieu, que vous êtes admirable dans la diversité des moyens que vous mettez en usage pour nous engager à votre service! Quelle charmante condescendance de vous accommoder à nos dispositions! Quelle bonté toute-puissante dans le choix des grâces que vous voyez les plus propres soit à gagner nos cœurs avec douceur, soit à les emporter avec empire, unissant, dans l'une et dans l'autre de ces manières, le pouvoir absolu que vous avez sur nous avec celui que vous nous conservez toujours de vous obéir avec une pleine et parfaite liberté !

Telle fut l'obéissance des apôtres à la vocation du

1 II Tim. 1. 9.

Sauveur, Comme elle fut sans violence et sans nécessité, aussi fut-elle sans excuses, sans délai, sans restriction. Ils quittèrent tout, dit l'évangéliste, pour le suivre à l'heure même. Ils ne se contentèrent pas d'exécuter ce qui leur était ordonné; ils le firent avec affection; leur obéissance alla mème jusqu'à la parfaite soumission de leur esprit et de leur volonté, qui en est le plus haut degré; et, fermant les yeux à toutes les lueurs de la fausse prudence, qui ne leur fournissait que trop de raisons apparentes de ne pas obéir, ils ne les ouvrirent qu'à la céleste lumière qui éclatait sur le visage du Fils de Dieu, en même temps que sa grâce les éclairait au dedans, et leur touchait efficacement le cœur.

N'est-ce pas ce que j'ai moi-même heureusement expérimenté, Seigneur, lorsque vous m'avez fait la faveur de m'appeler à vous? Si j'ai eu le bonheur de vous suivre, c'est que vous m'avez attiré par vos charmes; vous avez soumis mon esprit, vous avez gagné mon cœur, et je ne dois me glorifier, dans mon obéissance, que des attraits toutpuissants d'un Maître dont il m'a été si doux de faire les volontés.

Quand cette obéissance à la voix de Jésus-Christ aurait été plus difficile, les biens infinis qui y étaient attachés auraient dû la rendre bien aisée. Quel bonheur à ces heureux disciples d'être choisis pour être ses apôtres, les ministres de son saint Évangile, les dispensateurs de sa parole, ses coopérateurs au salut du monde! Quelle gloire à eux d'être élevés aux premières places de son royaume, et, au grand jour auquel on décidera de la destinée de tous les hommes, d'être eux-mêmes assis sur des

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