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trônes, pour juger les douze tribus d'Israël 1 ! Mais qui suis-je, ô mon Dieu, pour avoir part à un sort si glorieux? Puis-je compter pour quelque chose de vous avoir suivi, et d'avoir tout quitté pour votre amour, trouvant dans votre service et dans mon renoncement de si précieux avantages?

MARDI DE LA IVe SEMAINE

APRÈS L'ÉPIPHANIE

De la vocation générale des hommes.

I. POINT.

Le démon ne fut pas plutôt devenu, par son péché, l'ennemi de son Créateur, et n'eut pas plutôt perdu le droit à l'éternelle félicité pour laquelle il avait été créé, que, levant l'étendard de la rébellion, il entreprit de ruiner dans le monde l'empire du souverain Maître, et de retirer les hommes de l'obéissance qu'ils lui doivent, afin d'en faire les compagnons de son malheur, après les avoir faits. participants de sa révolte. Ce prince des ténèbres, comme il est appelé dans l'Écriture, n'a cessé depuis ce temps-là de nous faire la guerre, tantôt en lion pour nous effrayer et nous abattre, tantôt en serpent pour nous séduire. Le principal moyen dont il s'est servi pour nous corrompre, c'est de nous inspirer ces trois fatales convoitises que saint Jean appelle la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux, l'orgueil de la vie 2: trois sources empoisonnées, dont la première produit la gour

1 Matth. 19. 28.

2 I Joan. 2. 16.

mandise et l'impudicité; la seconde est la mère de l'avarice et de l'ambition; la troisième est la superbe elle-même, et la racine de plusieurs autres vices. Ce sont là comme les trois chaines par lesquelles il entraîne au précipice un si grand nombre d'hommes après les avoir engagés à son service. Ce sont ceux que saint Paul, les larmes aux yeux, appelle les ennemis de la Croix, qui n'ont point d'autre divinité que leur ventre; qui mettent leur gloire en ce qui devrait les faire rougir, et dont les desseins n'aboutissent qu'à la damnation 1.

Entrons dans ces justes sentiments du saint apôtre; pleurons sur tant d'insensés qui, se laissant prendre les uns à l'appât d'une indigne volupté, les autres à l'éclat trompeur ou des richesses périssables ou d'une gloire vaine et frivole, s'enrôlent sous l'étendard du prince du monde, dont ils ne peuvent attendre que de faux biens et des maux véritables. Ne serions-nous point nous-mêmes du nombre de ces aveugles? Jugeons- en par l'amour ou par l'aversion que nous sentons pour les dangereux objets qui flattent notre convoitise.

Ah! mon Dieu, je n'en suis que trop épris, et je n'ai que trop sujet de craindre qu'au lieu de suivre le royal étendard de votre Fils, je ne sois malheureusement engagé sous celui du démon. L'aurais-je cru, qu'en me laissant aller au gré de mes passions, qu'en faisant ma propre volonté, qu'en m'abandonnant aux inclinations de la nature, je prisse insensiblement des engagements si funestes? et que, pensant agir en maître de moi-même, je devinsse l'esclave du plus grand ennemi de mon salut? Avant que mes liens soient tout à fait formés, rompez-les, 1 Phil. 3. 18, 19.

Seigneur, par la force toute-puissante de votre grâce; ne permettez pas que j'entre plus avant dans une si honteuse servitude, et dans les voies sédui'santes qui n'aboutiraient qu'à ma perte éternelle.

II. POINT.

Le Fils de Dieu, étant venu au monde pour rétablir le royaume de son Père, et pour y détruire celui du prince des ténèbres, a levé un second étendard, sous lequel il rassemble ses fidèles sujets. Les moyens dont se sert ce Roi légitime pour engager les hommes sont les trois choses directement opposées à celles qu'emploie l'usurpateur pour corrompre leur fidélité. Si quelqu'un veut venir après moi, leur dit-il, qu'il renonce à soi-même, qu'il porte sa croix, et me suive 1: comme s'il disait : Le démon propose des plaisirs, j'en ordonne la privation; il promet des richesses, j'en veux le détachement; il étale des pompes et la fausse gloire du monde, j'entends qu'on les foule aux pieds. Tout cela est compris dans ce renoncement auquel il oblige ceux qui veulent être ses soldats dans la guerre spirituelle qu'il entreprend, et qui ont le courage de le suivre et de combattre avec lui sous l'étendard de la croix.

Ai-je bien compris jusqu'ici tout le sens de cet oracle de mon Sauveur, et à quelles conditions il prétend que je le suive? Ai-je bien conçu qu'on ne peut être à lui sans cesser d'être à soi-même? que cette sainte abnégation est le caractère essentiel d'un chrétien? que je la lui ai promise au baptême, et que je ne suis serviteur de Jésus-Christ qu'autant que je renonce aux pompes et aux plaisirs du siècle?

1 Matth. 16. 24.

Si l'attache à ces objets est le moyen capital qu'emploie Satan pour ruiner en moi le règne du Sauveur et m'entraîner à ma perte, n'est-il pas évident que de m'en détacher, c'est le vrai moyen de me maintenir dans l'obéissance et d'assurer mon salut? Il faut bien te convaincre, ô mon âme, de cette importante vérité, la repasser souvent dans ta mémoire, et surtout la pratiquer tous les jours de ta vie, en fuyant ce que le monde poursuit avec empressement, et embrassant avec courage ce qu'il fuit avec horreur.

C'est pour nous enseigner cette grande leçon que vous êtes descendu du ciel en terre, ô mon divin Maître. Vous nous l'avez tracée dans toute notre conduite, cette abnégation si nécessaire; et vous avez marché devant nous dans le chemin de la croix, afin de nous le frayer et de nous en adoucir les peines. Si je faisais difficulté d'y entrer après vous, je serais aussi ingrat à vos bontés qu'ennemi de mon propre bonheur. La résolution en est prise, j'y entre avec plaisir, pour avoir l'honneur de vous suivre. Quand je devrais y souffrir les pertes, la pauvreté, les maladies, les disgrâces, les mépris, les douleurs, je les regarderai comme vos livrées, et je les embrasserai avec toute l'affection de mon cœur. Mais, s'il m'arrive dans la suite, ce qui n'est que trop ordinaire à la faiblesse de ma nature, de sentir mon cœur ébranlé, Seigneur, soutenez mon courage, et daignez vous souvenir que, pour me vaincre constamment, j'ai besoin d'une grâce continuelle.

III. POINT.

Pour achever de nous déterminer au choix que nous avons à faire de l'un de ces deux maîtres (car,

selon la parole du Fils de Dieu, on ne peut être en même temps au service de tous les deux), il faut considérer, quand nous serons à la mort, quel est celui auquel nous voudrions nous être attachés pendant la vie. En vérité, quel parti serons-nous ravis d'avoir pris alors celui de Jésus-Christ, en portant sa croix, en mortifiant nos passions, en renonçant à notre propre volonté; ou celui du démon, en jouissant des plaisirs, des richesses, des grandeurs du siècle, en suivant la pente et les inclinations de la nature? Mon Dieu, y a-t-il à douter sur le parti qu'en ce grand moment je voudrai avoir embrassé? Pourquoi donc ne m'y pas résoudre aujourd'hui, que le choix est entre mes mains? Suisje sage d'attendre un jour auquel il ne me restera peut-être plus que d'inutiles regrets de ne l'avoir pas fait ?

Mais si, me flattant d'être encore éloigné de la mort, cet éloignement prétendu me rend cette importante vérité moins sensible, je n'ai qu'à comparer maintenant les différentes situations où l'on se trouve pendant la vie dans le service de ces deux maîtres. Il est vrai que les promesses du démon sont éclatantes: mais ont-elles autant de solidité qu'elles ont d'éclat? Si elles étaient véritables, elles feraient des heureux; et, si cela était, les méchants s'écrieraient-ils, dans les enfers, qu'ils ont marché par des routes difficiles, et qu'ils se sont lassés dans la voie de l'iniquité 1? Le Sauveur, au contraire, propose des croix, un fardeau, un joug à porter mais les croix qu'il nous présente ont tant d'onction, son fardeau se trouve si léger, et son

1 Sap. 5. 7.

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