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servir; parlez, ordonnez, faites-moi connaître vos divines volontés, mon cœur est tout prêt à vous obéir. C'est là l'effet de votre grâce; et comme c'est d'elle que je tiens cette résolution, c'est à ellemême de la rendre constante.

Il y a enfin des âmes que Dieu élève encore à un degré plus éminent de perfection; et ce sont celles qui, touchées d'un désir plus ardent d'imiter parfaitement le Sauveur, aiment mieux être pauvres, affligées et méprisées comme lui, que d'être remplies de biens, d'honneurs et de consolations, comme l'ont été beaucoup d'autres, qui n'ont pas laissé de se sanctifier; de sorte que, sans rien perdre du parfait abandon au bon plaisir de Dieu, le penchant de leur cœur pour Jésus crucifié les porte à se revêtir des livrées dont il s'est revêtu lui-même pour leur amour. Peut-on, en effet, vous aimer, ô mon Jésus, sans aimer ce que vos bontés pour moi vous ont fait embrasser? Disons donc avec l'Apôtre saint Paul A Dieu ne plaise que je mette ma gloire ailleurs que dans la Croix de Jésus-Christ 1. Mais afin que l'affection de mon cœur réponde aux paroles de ma bouche, inspirez-moi ces généreux sentiments, ô mon Sauveur; gravez-les dans mon âme, pour en faire à l'avenir les règles de ma conduite.

JEUDI DE LA IVe SEMAINE

APRÈS L'ÉPIPHANIE

Comme au second Dimanche après l'Épiphanie, p. 196.

1 Galat. 6. 14.

VENDREDI DE LA IV SEMAINE

APRÈS L'ÉPIPHANIE

Des négociants chassés du Temple.

Le premier prélude sera de nous représenter le Sauveur, plein de zèle pour la gloire de son Père, chassant du temple ceux qui le profanaient par leur négoce; le second, de lui demander une étincelle de ce feu dont il était embrasé.

I. POINT.

Le Sauveur trouvant à l'entrée du temple des gens qui en faisaient une espèce de marché, fit un fouet avec des cordes, et les chassa1, pratiquant à la lettre cette parole que le Psalmiste lui met à la bouche : Le zèle de votre maison m'a consumé 2. Le zèle, en effet, égal en lui à l'amour infini qu'il avait pour son Père, le rendait si sensible aux intérêts de sa gloire et à la sainteté de sa maison, qu'il en était occupé jour et nuit, et qu'il en était en quelque manière consumé comme d'un feu dévorant. Ce feu sacré le pénétrait si vivement, qu'il semblait être aussi transformé en lui qu'un métal enflammé, qui paraît être un feu lui-même.

Admirons, ô mon âme, cette divine transformation de Jésus, doux, tranquille, modéré, en un homme tout de feu, indigné, plein d'une sainte hardiesse, le fouet à la main, chassant les négociants, renversant les tables des changeurs, sans craindre la furie d'une multitude qui, selon toutes

1 Marc. 11. 15, etc.

2 Ps. 68. 10.

les apparences, devait se jeter sur lui, et se venger de cette insulte. C'est là le caractère de l'amour de Dieu. Il bannit la crainte d'un cœur qui en est saintement possédé; il est si fort, que la mort même ne l'étonne point. Ah! tant de respects humains qui ébranlent mes plus fortes résolutions; tant d'indignes frayeurs qui me saisissent à la vue des moindres difficultés que je rencontre dans le chemin de la vertu, et qui m'arrêtent au milieu de la carrière, sont des marques bien certaines du peu de zèle que j'ai pour Dieu.

C'est à vous de l'allumer dans mon cœur ce zèle ardent et généreux, aimable Rédempteur. C'est ce beau feu que vous êtes venu apporter au monde, et dont vous souhaitez si fort que nos âmes soient embrasées. A qui tient-il, Seigneur, que vous n'accomplissiez vos désirs en faveur de la mienne? Vous y trouvez des obstacles: seraient-ils invincibles à votre toute-puissante bonté? Il y a en moi, je le confesse, un grand amour du siècle, de l'attache aux biens de la terre, des passions peu mortifiées. Voilà les objets de votre zèle; bannissez-les, chassez-les de mon cœur, c'est le temple de votre SaintEsprit; arrêtez-en la profanation, afin qu'à l'avenir il soit parfaitement sanctifié.

II. POINT.

Les Juifs demandent un signe au Sauveur, pour justifier par cette action d'éclat l'autorité qu'il s'attribuait ; et il leur en donne deux, celui de sa mort, et celui de sa résurrection. Ce sont les mêmes qu'il leur avait donnés une autre fois, en se comparant avec Jonas, qui fut précipité dans la mer pour sauver le vaisseau, et qui, ayant été englouti par une

baleine, en sortit plein de vie trois jours après. Détruisez ce temple, leur dit-il, et je le rebâtirai dans trois jours 1.

O la consolante merveille! qu'un Dieu fait homme ait bien voulu permettre à ses ennemis de détruire par les fouets, par les épines et les clous, le temple de son corps, où réside substantiellement la plénitude de la Divinité! qu'il ait permis cette étonnante destruction, pour racheter les âmes, et pour en faire les temples vivants du Saint-Esprit! que ce même Homme - Dieu, par un prodige inouï de sa toute-puissance, ait triomphé de la mort, et se soit rendu la vie! Voilà, mon âme, la preuve incontestable de la divinité de Jésus-Christ, la base et le fondement de la religion que tu professes.

O mon Sauveur, nous vous avons des obligations bien tendres, d'avoir fait ces deux signes, et d'avoir opéré ces deux miracles de votre ineffable charité et de votre infinie puissance : le premier en mourant, pour nous donner la vie; le second', en ressuscitant, pour nous faire sortir du tombeau de nos péchés. Soutenez par vos grâces les effets de ces aimables prodiges, en empêchant que je ne tombe à l'avenir dans des offenses capables de me faire perdre la vie de la grâce, et m'en relevant incontinent si j'ai le malheur d'y tomber; afin que les démons, jaloux de votre gloire et de mon salut, n'aient pas lieu de se glorifier d'avoir rendu inutiles en moi les admirables inventions de votre

amour.

III. POINT.

Notre-Seigneur chassa encore une fois les marchands du temple, mais avec plus de douceur,

1 Joan. 2. 19.

sans prendre en main le fouet, se contentant de leur dire: N'est-il pas écrit: Ma maison sera appelée la maison de prière: et cependant vous en faites une retraite de voleurs 1? Ces deux manières d'agir si différentes, dont l'une était propre de l'ancienne loi, qui était une loi de rigueur; l'autre, de la nouvelle, qui est une loi de grâce: ces deux manières, dis-je, marquent deux voies dont Dieu se sert pour purifier nos âmes : l'une, en les châtiant; l'autre, en leur faisant des reproches amoureux, et les comblant même quelquefois de ses bienfaits.

Si nous avons l'honneur d'être ministres de Jésus-Christ dans la conduite des âmes, apprenons de lui ce zèle discret, ce tempérament de douceur et de sévérité, qui porte efficacement les âmes à la vertu. Mais, soit que nous soyons chargés ou non de ce sacré ministère, rentrons en nous-mêmes, repassons sur les œuvres du Seigneur en nous; nous reconnaîtrons avec le Prophète royal qu'elles se réduisent toutes à la vérité et au jugement 2 : à la vérité, qui nous a si souvent éclairés de ses lumières, et favorisés de ses rayons, pour nous attirer aux exercices de la vie intérieure; au jugement, qui nous a pénétrés d'une salutaire frayeur, et nous a fait une sainte violence, pour chasser de nos cœurs les affections terrestres, qui les empêchaient de devenir des maîtres d'oraison.

Ah! si le mien n'est encore ni assez pur ni assez tranquille pour être un lieu de prière, il n'a pas tenu à vous, Seigneur. Tantôt vous lui avez fait sentir les caresses de votre amour, pour lui donner

1 Marc. 11. 17.

2 Ps. 110. 7.

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