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du dégoût des sales plaisirs de la terre; tantôt vous l'avez effrayé par le bruit menaçant de votre justice, pour imposer silence aux passions tumultueuses qui en troublaient le calme. Ne vous rebutez pas, ô mon Sauveur; vous viendrez à bout de vos desseins sur moi. Grâce à vos bontés et à vos rigueurs, également pleines de miséricorde, je m'aperçois déjà que mon cœur se dégage de ses bas attachements; votre voix toute-puissante commence à s'y faire entendre: cela me fait espérer que vous allez le purifier tout à fait, et y établir la tranquillité nécessaire à l'oraison, qui doit être ici-bas ma continuelle occupation, pour me rendre capable de chanter à jamais vos louanges dans le temple de votre gloire.

SAMEDI DE LA IVe SEMAINE

APRÈS L'ÉPIPHANIE

Répétition de la méditation précédente.

Ve DIMANCHE APRÈS L'ÉPIPHANIE

De la parabole de l'ivraie.

On se représentera au premier prélude le Sauveur instruisant le peuple; et au second on lui demandera la grâce de profiter de ces saintes instructions.

I. POINT.

Leroyaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé de bon grain dans son champ :

mais pendant que tout le monde dormait, son ennemi vint, qui sema l'ivraie parmi le blé 1.

Selon l'explication que le Fils de Dieu nous a donnée de cette parabole, c'est lui-même qui sème le bon grain; le champ où il sème, est le monde ; le bon grain, sont les justes qu'il a engendrés sur la croix, sur lesquels il fait tomber la pluie de son sang précieux, et qu'il a destinés à la possession de son royaume céleste. L'ennemi qui sème l'ivraie est le démon, qui fait un mélange contagieux des méchants et des gens de bien, pour corrompre la vertu de ceux-ci par la malice de ceux-là. Cette ivraie est aussi la figure des suggestions malignes qu'il inspire aux personnes de piété, afin de les pervertir; et, pour jeter cette mauvaise semence dans leurs cœurs, il prend le temps qu'on est tombé, par la paresse, dans un profond assoupissement.

Faisons un peu de réflexion sur nous, ô mon âme, et voyons lequel des deux nous voulons être, ou froment ou ivraie : c'est-à-dire, quel parti nous nous aimons mieux embrasser, ou celui de JésusChrist, qui est le véritable époux de nos âmes, qui ne demande qu'à les sauver, et qu'à les transporter avec lui dans le grenier du Père céleste, ou celui du démon, qui en est le capital ennemi, qui ne cherche qu'à les perdre, et qu'à les entraîner dans les enfers, pour les y rendre éternellement malheureuses avec lui.

O mon doux Jésus, peut-on balancer sur un choix si facile à faire? Ah! je veux être uniquement à vous, et ne suivre en toutes choses que vos saintes

1 Matth. 13. 24.

inspirations. Ne permettez pas que j'écoute ce que le démon me suggère contre les intérêts de votre gloire et de mon salut. Ne vous endormez pas, aimable Seigneur; faites que votre providence veille sans cesse sur moi, de peur que ce funeste ennemi de votre honneur et de mon bien ne gâte celui que vous avez commencé d'opérer en moi. Mais faites aussi que je veille moi-même avec une attention continuelle sur mon extérieur, afin que je ne sois jamais surpris, et que je sois toujours en état de me défendre.

II. POINT.

Les serviteurs du père de famille lui vinrent dire: Seigneur, n'avez-vous pas semé de bon grain dans votre champ? d'où vient donc qu'il est plein d'ivraie? Il leur répondit: C'est un effet de la malice de mon ennemii.

Les hommes apostoliques, représentés par les zélés serviteurs du père de famille, voyant le grand nombre des méchants, et les maux presque infinis que l'erreur et le vice causent dans le monde, en ont le cœur pénétré d'une si vive douleur, que, tout affligés, ils disent à Dieu D'où vient, Seigneur, que n'ayant semé sur la terre que de bon grain, vous avez permis qu'il s'y mêlât tant d'ivraie? Pourquoi voit-on parmi les justes tant de pécheurs? Comment laissez-vous venir dans votre Église, qui est un jardin fermé 2, tant d'épines parmi les lis? Comment souffrez-vous jusque dans les cloîtres et dans les communautés les plus régulières, parmi une infinité de saints, un si grand nombre de lâches, indignes de leur état et de leur profession? Adorons la Providence, ô mon âme, qui souffre 1 Matth. 13. 27, 28.

2 Cant. 4. 12.

ce monstrueux mélange, et qui ne le souffrirait pas, si elle n'en savait tirer sa gloire et celle des élus; et, sans vouloir, par une curiosité criminelle, sonder ses desseins impénétrables, disons-lui avec humilité, comme le Prophète Vous êtes juste, Seigneur, et vos jugements sont équitables 1. Mais apprenons en même temps à craindre les surprises du tentateur, et la malice de ceux dont il se sert comme d'instruments pour nous porter au mal. Défions-nous aussi de nous-mêmes et de notre amour-propre. C'est un ennemi d'autant plus dangereux, qu'il est toujours au milieu de nous, épiant toutes les occasions de semer l'ivraie dans notre cœur, et d'y étouffer l'amour de Dieu.

O mon Jésus! c'est là le plus redoutable ennemi de mon âme; c'est lui qui a gâté tant de fois la divine semence que vous y avez jetée, et qui a empêché l'effet des bons désirs et des ferventes résolutions que j'avais conçus de vous servir. Inspirez-moi, Seigneur, une sainte haine de moi-même, un courage mâle et constant, pour m'opposer sans relâche aux inclinations de la nature; un soin continuel pour en réprimer les mouvements, et pour ne suivre que ceux de votre grâce; afin que l'homme ennemi ne vienne pas à détruire et à rendre inutiles en moi les desseins de vos bontés.'

III. POINT.

Les serviteurs dirent à leur maître : Voulezvous que nous allions arracher l'ivraie? Non, répondit-il, de peur qu'en voulant arracher l'ivraie, vous n'arrachiez aussi le grain. Laissez croître l'un et l'autre jusqu'à la moisson 2.

Considérons dans la demande des serviteurs le 1 Ps. 118. 137. 2 Matth. 13. 28, etc.

zèle indiscret et précipité, que nous devons éviter; et dans la réponse du père de famille, l'infinie bonté de Dieu pour les hommes. Il s'est montré si sévère à l'égard des anges, qu'aussitôt que Lucifer eut semé l'ivraie et la division dans le ciel, il l'en arracha, avec tous les complices de sa désobéissance, en les condamnant au feu éternel; et néanmoins il traite les hommes avec tant de charité, qu'il supporte leur ingratitude, et leur donne tout le temps qu'il faut pour en faire une vraie pénitence. Son intention est de changer l'ivraie en froment, et de sauver le pécheur, en détruisant le péché.

Quelle patience et quelle miséricorde, ô mon âme! L'as-tu jamais bien conçue, l'ineffable bonté du Seigneur? Il ne tenait qu'à lui de te perdre dans le temps que tu l'offensais par tes péchés; les démons pressaient qu'on leur permît de t'arracher du champ de l'Église, et de te jeter au feu. Il a suspendu sa colère, il a arrêté leur violence, et t'a donné tout le loisir de devenir, par une salutaire pénitence, digne d'être éternellement associée au froment des élus.

O admirable Père, je vous rends et vous rendrai à jamais mes actions de grâces, de m'avoir si miséricordieusement distingué de tant d'autres à qui vous n'avez pas fait la même faveur. J'ai mérité cent fois d'être abandonné à ces impitoyables moissonneurs, qui voulaient couper le fil de ma vie, et me précipiter dans les feux éternels: vous m'avez toujours défendu, vous avez été mon asile et mon protecteur; et d'ivraie, que j'ai été par mon iniquité, vous ferez de moi, comme j'espère, un grain qui aura le bonheur un jour d'être mis dans le Ciel, et d'y être conservé éternellement.

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