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cret qu'on apprend dans l'école de votre Fils, et qu'une heureuse expérience rend très-sensible.

40 Bienheureux sont ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu'ils seront rassasiés. La faim et la soif dont parle le Fils de Dieu est une certaine avidité spirituelle de recevoir tout ce qui peut nourrir l'âme, pour lui donner devant Dieu les accroissements de grandeur auxquels la Providence l'a destinée. C'est une ferveur qui fait aspirer aux plus hautes vertus, courir aux eaux de la grâce et au lait des célestes consolations, désirer ardemment la réception des sacrements, et surtout de celui où est réellement contenu le Sauveur, que saint Paul nomme notre justice 1. Toutes ces sortes de nourritures sont fades au goût des hommes charnels pour les trouver agréables, il faut vivre selon l'esprit, à l'exemple de Notre-Seigneur, qui, fatigué d'une longue course, et ayant besoin de manger, disait à ses disciples: Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père 2. Je voudrais bien n'en avoir point d'autre, ô mon Jésus; je voudrais que toutes les douceurs de la terre me fussent insipides, et que rien au monde ne me parût doux, que de vous aimer ici-bas et que de vous posséder dans le ciel. C'est là, Seigneur, où les âmes qui se sont sevrées volontairement des plaisirs terrestres, seront pleinement rassasiées.

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5o Bienheureux sont les miséricordieux, parce qu'ils recevront miséricorde. Cette miséricorde est l'effet d'une sainte compassion, qui rend un cœur sensible au mal du prochain, et qui le porte à faire du bien, par le principe d'une charité

1 I Cor. 4. 30,

2 Joan. 4, 34.

désintéressée. Tel a été votre cœur adorable, ô mon Jésus, pénétré de tendresse et de compassion pour nous, jusqu'à vous charger de nos misères pour nous en délivrer; inspirez-nous les sentiments de charité envers les autres; amollissez la dureté de nos cœurs. C'est une mauvaise qualité, que nous avons retenue du siècle, et que nous venons perdre auprès de vous, afin qu'ayant exercé la miséricorde envers nos frères, nous méritions de recevoir la miséricorde du Père céleste.

60 Bienheureux sont ceux qui ont le cœur net, car ils verront Dieu. La parfaite pureté de cœur n'est autre chose que la parfaite charité, qui, selon saint Paul, doit partir d'un cœur pur, d'une bonne conscience, et d'une foi sans déguisement1. Cette admirable vertu, que le monde connaît encore moins que toutes les autres, exclut toutes les souillures du cœur, demande une conscience tendre, pénétrée d'une crainte chaste et filiale, et ajoute à cela une simplicité et une candeur aimable, éloignée de dissimulation et d'artifice. Voilà les traits singuliers de l'Agneau sans tache, que ses ennemis les plus envenimés n'ont pu convaincre de la moindre faute, qui est le modèle de tous les prédestinés, et dont il faut retracer sur nous le caractère, si nous avons envie de jouir éternellement avec lui de la vue de son Père. Car, qui est-ce, dit le Saint-Esprit par la bouche de David, qui montera sur la montagne du Seigneur, et qui habitera dans son sanctuaire? Ce sera celui qui aura les mains innocentes et le cœur pur, qui n'a point reçu son âme en vain, 'et qui n'a trompé personne par de faux serments 2.

1 I Tim. 1. 5.

2 Ps. 23. 3, etc.

7° Bienheureux sont les pacifiques, parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu. Ce sont ceux qui travaillent à entretenir la paix partout, premiè- · rement en eux-mêmes, en assujettissant la chair à l'esprit, les passions à la raison, et la raison au souverain Être; secondement avec des autres, en accomplissant à la lettre l'avis de l'Apôtre: Tant que vous pourrez, soyez en paix avec tout le monde 1, tàchant même de réconcilier les ennemis, et de réunir les cœurs les plus divisés, par les liens d'une sainte paix. C'est ce don si précieux qu'est venu apporter sur la terre le Roi pacifique, réconciliant les hommes avec son Père, et cimentant leur paix par son sang précieux. Entrons dans ces sentiments de charité que nous montre et que nous inspire le Fils naturel de Dieu, pour mériter l'éminente qualité d'enfants adoptifs.

8 Bienheureux sont ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume de Dieu est à eux. Pour avoir part à cette béatitude, il ne suffit pas d'être persécuté. De quelque côté que vienne la persécution, soit de la part du démon, soit de celle des mondains, qui sont ses instruments pour maltraiter les justes, il faut souffrir cette persécution pour la justice, et la souffrir nonseulement avec patience, mais avec joie, à l'exemple des Apôtres, qui se réjouissaient d'avoir été trouvés dignes de souffrir des outrages pour le nom de Jésus-Christ 2. C'est ce qu'ils avaient appris de vous, o mon divin Maître, lorsque, pour les animer à cette héroïque patience, vous leur disiez avec cette tendre bonté qui vous était si ordinaire: Le

1 Rom. 12. 18.

2 Act. 5. 41.

serviteur n'est pas meilleur que le maître. Si l'on m'a persécuté, l'on vous persécutera de même 2. Voilà l'heureux sort que j'ambitionne, ô mon Sauveur, Toute la grâce que je demande au monde, c'est d'en user avec moi comme il a fait envers vous; ses persécutions me sont plus douces et plus avantageuses que ses caresses, qui sont séduisantes et capables de m'enlever le royaume que votre Père n'accorde qu'aux serviteurs fidèles, qui ont eu part aux opprobres et aux mauvais traitements que vous avez soufferts.

MARDI DE LA V SEMAINE
APRÈS L'ÉPIPHANIE

De la seconde partie du Sermon de Notre-Seigneur à ses Apôtres.

Contenant les trois fonctions qu'eux et leurs successeurs doivent particulièrement exercer, qui sont de purifier, d'éclairer, de perfectionner.

I. POINT.

Vous êtes le sel de la terre 3, disait Notre-Seigneur à ses disciples, pour leur faire entendre que, comme le sel empêche la corruption des viandes, et leur donne même de la saveur, c'est le devoir essentiel d'un homme apostolique d'empêcher que les âmes ne se corrompent par le vice, et de les rendre agréables au Seigneur. Il le doit faire par ses paroles, mais surtout par ses exemples: car si au lieu

1 Matth. 10. 24. 2 Joan. 15. 20.

3 Matth. 5. 13.

d'édifier par ses actions de piété, il aidait à les pervertir par une vie scandaleuse, il ne serait bon qu'à être lui-même rejeté de Dieu, comme un mets insipide, et qu'à devenir un objet de mépris à ceux dont il devrait être respecté.

Quand je ne serais pas le sel de la terre en qualité d'apôtre, ne le dois-je pas être en qualité de supérieur, de magistrat, de père de famille? Le seul nom de chrétien ne m'impose-t-il pas cette obligation, et en même temps celle de contribuer par mes paroles et par mes œuvres au salut de mon prochain ? Avec quelle fidélité m'en suis-je acquitté? Hélas! au lieu d'instruire, d'exhorter, d'édifier, combien d'âmes ai-je laissées périr par mon peu de zèle, et combien en ai-je perdu par mes scandales? Ah! que je suis indigne du ministère, de la dignité, du caractère dont je remplis si mal les devoirs, et dont je profane la sainteté ! Je le reconnais, Seigneur, je mérite d'être foulé aux pieds des hommes, et d'être même exposé aux mépris des démons.

Mais vous, ô mon Jésus, qui êtes le sel par excellence, et qui pouvez non-seulement préserver les âmes de la corruption du péché, mais les en guérir quand elles l'ont contractée, guérissez la mienne de toute corruption, rendez-lui sa première pureté, communiquez-lui les propriétés de ce sel évangélique, qui, l'ayant purifiée, lui donne la vertu de purifier les autres.

II. POINT.

Vous êtes la lumière du monde 1. C'est une fonction toute céleste des hommes apostoliques, que d'éclairer le monde par leurs instructions. Le Pro

1 Matth. 5. 14.

T. I.

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