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mais ne permettez jamais, aimable Père, ni que péché règne en nous dans le temps, ni que votre colère nous accable dans l'éternité.

Ainsi soit-il.

Cette parole est comme un abrégé de toutes les demandes que nous venons de faire; et, comme elle est une courte expression de nos vœux, il faut la prononcer avec une vive affection en la présence du Seigneur, qui exauce le désir des pauvres, et qui ne rejettera pas des prières que son cher Fils nous met à la bouche, et qui n'ont pour objet que sa gloire et notre salut. Nous espérons fortement qu'il nous accordera nos demandes, parce qu'elles. sont conformes à sa sainte volonté 1, dit l'Apôtre bien-aimé.

VENDREDI DE LA V SEMAINE
APRÈS L'ÉPIPHANIE

De la Mission des Apôtres et des Disciples, que le Fils de Dieu envoie prêcher dans la Judée.

Le premier prélude sera à peu près le même que dans les précédentes méditations. On s'y représentera le Fils de Dieu au milieu de ses disciples, auxquels il donne la mission. Le second sera de lui demander la grâce de profiter nous-mêmes des instructions qu'il leur fait.

I. POINT.

La nécessité d'ouvriers évangéliques.

Le Sauveur étant sur le point d'envoyer ses disciples prêcher, leur dit ces paroles: La moisson

1 I Joan. 3. 22.

est grande; il y a peu d'ouvriers pour la faire : priez donc le Maître de la moisson qu'il en envoie1. Il faut admirer ici la charité du Sauveur, et son zèle ardent du salut des hommes. La multitude de ceux qui ont besoin d'être instruits, et l'ignorance profonde où il les voit, le touchent de compassion; et la tendresse qu'il a pour eux le presse de leur procurer une prompte assistance. Pour animer les disciples à la leur donner, il leur dit que la moisson est abondante, et qu'il y a peu de moissonneurs; il les exhorte de prier le Maître de la moisson d'en susciter 2; et, comme lui-même est le Maître de la moisson, sans attendre qu'ils l'en prient, il les députe à cet important ministère.

Quelle gloire à de pauvres ouvriers tels qu'étaient les disciples, d'être choisis du Seigneur pour un emploi si éminent, et d'être associés à JésusChrist pour être ses coopérateurs au salut éternel des âmes! Quelle présomption serait-ce à moi de m'ingérer à cette œuvre sublime sans en avoir reçu la mission! Mais, dès que je l'ai reçue par l'esprit de Dieu et par sa vocation sainte, quelle lâcheté de ne m'y pas employer de toutes mes forces! Seraitce un abus plus tolérable de m'y occuper par des vues humaines, par des motifs d'intérêt ou d'ambition, de rendre ainsi mon travail infructueux, et de frustrer le Maître de la moisson du fruit qu'il en attend!

O mon Sauveur, qu'il y a peu d'ouvriers dans votre champ, d'ouvriers animés de votre esprit, qui ne cherchent dans les exercices de la vie apostolique que le bien des âmes et la gloire de leur

1 Luc. 10. 2.

2 Luc. 10. 2.

Créateur! Je vous rends mille actions de grâces de vous en être choisi, dans tous les siècles, un certain nombre d'assez fidèles pour ne suivre que les impressions de votre zèle; de les avoir envoyés jusque dans les épaisses forêts de l'infidélité, pour y faire germer la semence de votre saint Évangile. Multipliez-les, Seigneur, je vous en supplie, selon l'ordre que vous en avez donné; multipliez-les, ces ouvriers sages, généreux, désintéressés, et d'une vie exemplaire. Si vous daignez me choisir moimême pour un emploi si saint et si relevé, me voici; appliquez-moi à ce saint ministère; car, si vous daignez me faire cet honneur, que j'estime plus que toutes les dignités de la terre, je n'ai garde de refuser aucun travail pour votre service.

II. POINT.

Les qualités des ouvriers évangéliques.

Quelles sont les qualités que Notre-Seigneur demande dans ses ouvriers évangéliques? Il veut : 1o Qu'ils ne soient pas seuls. Il les envoie deux à deux, pour leur donner lieu d'exercer entre eux la charité fraternelle, de s'entr'aider mutuellement dans leurs travaux, et de se servir l'un à l'autre d'ange gardien dans les occasions fàcheuses qu'ils peuvent rencontrer. 2o Qu'ils soient humbles, et qu'ils ne se laissent pas éblouir par l'éclat du pouvoir miraculeux, qu'il ne leur communique qu'afin d'autoriser leur zèle et la vérité de la religion qu'ils annoncent. C'est pour cela qu'après leur avoir dit Rendez la santé aux malades, ressuscitez les morts, guérissez les lépreux, chassez les démons, il leur ajoute; Ce que vous avez reçu

gratuitement, rendez-le gratuitement 1: leur faisant entendre par là que le don d'opérer des miracles n'étant pas le prix de leur mérite, ils n'en doivent tirer nulle salaire que la seule gloire de Dieu. Ce fut pour cela que quelques-uns d'entre eux, étant un jour fort contents de ce que les démons leur obéissaient, il réprima leur vanité par cette parole: J'ai vu Satan tomber du ciel comme un éclair 2; comme s'il leur eût dit: Apprenez à être sages des démons mêmes qui vous obéissent, et dont la ruine a été causée par leur orgueil. 3o Qu'ils unissent en eux la prudence du serpent avec la simplicité de la colombe. 40 Qu'ils soient parfaitement dégagés de toutes les choses de la terre et des vains égards du siècle, qui feraient des obstacles à leur zèle.

Quand je ne serais pas choisi pour annoncer aux autres la loi évangélique, je ne dois pas laisser d'en admirer la perfection, qui exige de si éminentes qualités dans ses prédicateurs. Mais si je suis honoré d'un choix si illustre, je dois bien réfléchir sur moi-même, et voir, en présence du Seigneur, si j'ai la charité fraternelle, l'humilité, le détachement, la pauvreté, le désintéressement d'un apôtre, la patience d'une brebis, la simplicité de la colombe unie à la prudence du serpent.

Que de vertus vous attendez de moi, Seigneur, et que vous en trouvez peu! Content des honneurs attachés à la vie apostolique, j'en fuis les travaux, les peines, les incommodités; j'en charge les autres, sans vouloir partager avec eux le poids du ministère; j'enseigne l'humilité, et je suis superbe; le

1 Matth. 10. 8.

2 Luc. 10. 18.

dégagement des choses du monde, et je voudrais ne manquer de rien; la patience des brebis, et j'ai la férocité des loups. Tantôt lâche et mou, tantôt rigide et toujours indiscret dans l'exercice de mon zèle, j'attire les âmes d'une main, et je les repousse de l'autre. Voilà ce que je suis, divin Sauveur, voilà celui que vous avez destiné pour être successeur de vos apôtres. Ou effacez de mon front cet auguste caractère, ou rendez-moi capable de le remplir par la pratique des vertus que vous avez tracées dans votre saint Évangile. Faites de moi un dispensateur fidèle, et ne permettez pas que je déshonore plus longtemps une si haute dignité.

III. POINT.

La matière des instructions que doivent faire les ouvriers évangéliques.

Allez, dit le Fils de Dieu à ses disciples, et préchez que le royaume de Dieu est proche 1. Ils partirent aussitôt, et prêchèrent la pénitence. C'est là ce que le Sauveur ordonne de prêcher aux peuples: 1o La nécessité de la pénitence, sans laquelle ils n'auront jamais la rémission de leurs péchés, selon ce que lui-même dit ailleurs : Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous 2. 20 Les récompenses que Dieu prépare dans le ciel à ceux qui s'acquittent fidèlement de ce devoir. 3o La facilité qu'ont les vrais pénitents de gagner une couronne immortelle, qu'ils touchent presque de la main, car le royaume de Dieu est proche 3; il ne tient qu'à nous de le conquérir, avec l'aide de la grâce, qui nous est libéralement offerte: il ne

1 Luc. 10. 9.

2 Luc. 13. 3.

3 Luc. 21. 31.

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