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d'asile, et dont les fruits seront ma nourriture? O arbre divin, quelque haut que vous soyez, j'espère m'élever jusqu'à vous par les ailes de la contemplation, quand il vous plaira de me les donner, et quand l'Esprit-Saint daignera me seconder par son souffle. Soutenez mes faibles efforts, divin Esprit; élevezmoi au-dessus de moi-même, et portez-moi jusque sur cet arbre de vie, afin que j'y repose à la fraîcheur de son ombre, et que, croissant toujours de vertu en vertu, j'arrive enfin à l'heureux séjour où les saints jouissent du repos éternel.

LUNDI DE LA VI SEMAINE

APRÈS L'EPIPHANIE

Du glorieux Martyre de saint Jean-Baptiste.

Comme au second Dimanche de l'Avent, p. 52.

MARDI DE LA VI SEMAINE

APRÈS L'EPIPHANIE

Du Miracle que fit le Sauveur, de nourrir cinq mille personnes avec cinq pains.

Le premier prélude est de se représenter cette foule de peuple rangée en troupe sur l'herbe, et nourrie par la toute-puissante charité de JésusChrist; le second, de lui demander la grâce d'avoir part à ses faveurs, et de les mériter par un attachement plein de confiance à sa personne.

I. POINT.

Le principe de ce miracle est la charité compatissante du Fils de Dieu. Un grand peuple, attiré par les merveilles qu'il opérait, et par les charmes de sa divine éloquence, l'avait suivi jusque dans le désert, et, malgré la fatigue et la faim, ne pouvait se séparer de lui. Le Sauveur en eut pitié, comme une autre fois, quand il dit : Je porte compassion à ce peuple, parce qu'il y a déjà trois jours qu'il est avec moi, et qu'il n'a rien à manger, et je vois bien que si je renvoie ces gens-là sans manger, ils tomberont en défaillance sur le chemin, car quelques-uns d'entre eux sont venus de loin 1. Touché de ces mêmes sentiments, il n'est pas de l'avis de ses apôtres, qui voulaient qu'il les congédiât, afin qu'ils se dispersassent dans les villages d'alentour, pour y trouver de quoi vivre. Mais il leur répondit qu'il y avait d'autres voies pour les nournir, et que c'était à eux à leur procurer de la nourriture, soit en exerçant le pouvoir miraculeux qu'il leur avait conféré, soit en obtenant de lui-même un miracle par leurs prières et leur intercession 2.

Comprenons bien la différence infinie qu'il y a entre la compassion des hommes et celle que JésusChrist a de nos misères. Mon Dieu! que l'une est bornée, stérile et inefficace, et qu'il y faut peu compter! Que l'autre, au contraire, est immense dans ses vues, tendre dans ses mouvements, effective dans les moyens de nous soulager! Ne la voistu pas, o mon âme, dépeinte admirablement dans l'Evangile? Le Sauveur est touché des besoins de ce pauvre peuple; il se représente vivement à lui2 Matth. 14. 17, etc.

1 Marc. 8. 2, etc.

même les motifs les plus pressants d'y apporter du remède; il met ses apôtres en œuvre, pour en faire les instruments de sa miséricorde. C'est ainsi que vous en usez tous les jours en notre faveur, ô Père des miséricordes, ô Dieu de toute consolation, plus attentif sur tout ce qui nous regarde, plus sensible à tous les maux qui nous arrivent, plus empressé à nous secourir dans toutes nos nécessités, que ne le serait le père le plus tendre. Ah! qu'il est doux de se reposer en votre sein, et qu'on est bien assuré de ne manquer de rien, quand on s'abandonne à votre conduite? Quoi! aimable Seigneur, croirai-je beaucoup faire de vous suivre, et de demeurer quelques jours avec vous, qui avez daigné nous chercher, et habiter tant d'années parmi nous ? Quelle merveille qu'on vienne de loin pour être à votre suite, après que vous êtes vous-même descendu du plus haut des cieux pour converser avec les hommes, et pour vous rendre semblable à eux! Non, mon Sauveur, non, je ne veux jamais me séparer de vous; je déteste mille fois le péché, qui m'en a éloigné, et j'embrasse avec plaisir la pénitence qui doit m'en rapprocher: ne rejetez pas mes faibles efforts; soutenez-les par vos grâces, de peur que je ne vienne à manquer de forces au milieu de la carrière.

II. POINT.

Jésus ayant demandé à ses disciples combien ils avaient de pains, ils lui présentèrent aussitôt cinq pains d'orge, avec deux poissons; c'était là toute la provision de Jésus-Christ et de ses apôtres 1. Pour en faire la distribution avec ordre, il ordonna

1 Matth. 14. 18. Luc. 9.24.

qu'on fit asseoir sur l'herbe ce peuple, et qu'on le divisât par troupes de cinquante ensemble; après quoi il prit les pains, et leva les yeux au ciel, rendit grâces à son Père, et, les bénissant, il les multiplia, de sorte qu'à mesure qu'il les rompait, il s'en trouvait une plus grande abondance entre ses mains.

Apprenons, dans les cérémonies qu'observe le Fils de Dieu, la manière sainte et religieuse dont nous devons prendre nos repas. Levons-nous les yeux au ciel pour y reconnaître et pour y adorer le Père céleste, qui nous distribue la nourriture? La recevons-nous de sa main avec actions de grâces? Gardons-nous la sainte coutume de prier avant que de la prendre, pour y attirer la bénédiction du Seigneur? Songeons-nous qu'il est assis sur son trône, témoin de l'usage que nous faisons de ses biens? Cette vue servirait de frein à notre sensualité, elle en réprimerait les saillies, elle nous ferait garder à table la bienséance requise, et, d'une action terrestre et sensuelle, elle en ferait une action sainte. Tout ce qu'on mange ainsi étant pris, comme dit saint Paul, avec actions de grâces et dans l'esprit de piété, sera sanctifié par la parole de Dieu et par l'oraison 1.

Je vous remercie, mon Sauveur, des saintes instructions que vous me donnez. Toutes vos actions sont des modèles sur lesquels je dois régler les miennes. Si j'avais soin d'y jeter les yeux, j'apprendrais à devenir spirituel, et, en même temps que je prendrais la nourriture du corps, je ne négligerais pas celle de mon âme. Donnez-moi, ô mon

1 Tim. 4. 5.

Jésus, cet esprit intérieur dont vous êtes venu m'instruire en descendant du ciel; transformezmoi en un homme tout céleste, et donnez-moi plus de goût de votre divine parole, qui est une véritable manne, que des viandes grossières de l'Égypte, auxquelles jusqu'ici j'ai été trop attaché.

III. POINT.

Cette multiplication des pains dura jusqu'à ce que tous en furent rassasiés. Les petits et les grands le furent à proportion de leurs besoins, et tous trouvèrent une saveur aussi merveilleuse dans ce pain miraculeux que les Israélites en avaient autrefois expérimenté dans la manne qui leur tomba du ciel. Le repas enfin étant fini, les apôtres, selon l'ordre qu'ils reçurent de Notre-Seigneur de ramasser tout le pain qui était resté, en retrouvèrent de quoi remplir douze corbeilles 1.

Admirons, dans ce miracle du Fils de Dieu, la providence admirable du Père, qui donne à manger à ses serviteurs avec tant de libéralité, et par des moyens si surprenants. Lorsque les voies ordinaires viennent à manquer, ils n'ont rien à craindre dans leurs nécessités, pourvu qu'ils soient fidèles à goûter sa parole, et qu'ils ne perdent rien de la confiance qu'ils doivent avoir en lui. Est-il rien au monde de plus consolant pour eux que ce que le Sauveur leur dit dans la personne des apôtres : N'ayez nulle inquiétude sur ce qui regarde la nourriture et le vêtement. Laissez aux gentils et aux idolâtres ces sortes de soins; il suffit que votre Père céleste sache de quoi vous avez besoin; cherchez avant toutes choses le royaume de Dieu

1 Joan. 6. 13.

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