Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

et sa justice, et tout le reste vous sera donné de surplus 1.

O Roi du ciel! qui ne s'estimerait heureux de vous servir, vous qui, jusque dans les déserts, avez de quoi nourrir ceux qui vous suivent? Partout où vous étendez votre main, fût-ce dans le désert le plus affreux et le plus destitué de tout secours, vous y répandez l'abondance; vous faites sortir l'eau des rochers, et vous tirez le miel de la pierre; vous pouvez, quand il vous plaît, remplir l'air d'oiseaux, et faire pleuvoir la manne du ciel pour nourrir vos enfants. O Père également aimable et puissant! je vous rends grâces de cette providence adorable, dont vous donnez de si éclatantes marques à ceux qui vous servent et qui espèrent en vous. Donnez-moi autant d'attachement à votre service, et autant de confiance en vos bontés, que doit en avoir un véritable enfant, afin de me rendre digne de vos soins paternels.

MERCREDI DE LA VI SEMAINE

APRÈS L'EPIPHANIE

Du Miracle de la tempête apaisée par Notre-Seigneur.

Comme au quatrième Dimanche après l'Épiphanie, p. 250.

[blocks in formation]

JEUDI DE LA VI SEMAINE

APRÈS L'EPIPHANIE

Le Fils de Dieu, marchant sur les eaux, est pris par ses Disciples pour un fantôme.

Le premier prélude sera de voir des yeux de l'esprit le Sauveur, que ses propres disciples ne reconnurent pas d'abord quand il vint à eux marchant sur les eaux; le second, de lui demander ses divines lumières, pour bien discerner son esprit de celui qui ne l'est pas, afin de ne pas nous égarer dans la vie spirituelle.

I. POINT.

Jésus, ayant contraint ses disciples de passer sur une barque à l'autre bord de la mer de Tibériade, demeura seul, afin de prier sur la montagne. Vers la quatrième veille de la nuit, il s'éleva un vent contraire, qui agitait furieusement la barque 1. Remarquons ici trois choses. La première est l'affection singulière que Notre-Seigneur a pour l'oraison; le soin qu'il prend, pour la faire en repos, de chercher des lieux écartés, de choisir le silence de la nuit, et de s'éloigner de ses disciples; la persévérance, enfin, avec laquelle il continue sa prière jusqu'au matin. Sans cet amour de l'oraison ô mon âme, tu ne deviendras jamais spirituelle; et tu n'aimeras jamais véritablement l'oraison que tu n'aimes la solitude et le recueillement. Communiquez-moi, ô mon Jésus, cet esprit de prière et

1 Matth. 14. 22. Marc. 6. 45. Joan. 6. 17.

de retraite, que vous m'enseignez aujourd'hui avec tant de bonté. Donnez-moi le courage de vaincre les ennemis qui m'y troublent si souvent ; et puisque vous avez prié pour les autres avec tant d'application et de ferveur, faites-moi la grâce que je prie avec ardeur pour mon propre salut, et pour la perfection de mon âme.

La seconde est la douleur que ressentirent les apôtres quand ils furent obligés de se séparer de leur Maître. S. Marc assure que le Sauveur les y força 1. Ils auraient été bien aises de demeurer avec lui; ils obéirent néanmoins, l'obéissance l'emporta sur leur inclination. C'est ainsi que je dois suivre la volonté du Seigneur préférablement à la mienne, dans les choses mêmes qui me semblent être de mon état et de ma perfection. Quittant alors Dieu pour Dieu, je ne saurais rien perdre.

La troisième est la tempête qui accueillit les apôtres pendant l'absence du Fils de Dieu. Il en était déjờ survenu une autre, lorsqu'il s'endormit dans la barque; et ce fut également, dans ces deux occasions, pour éprouver la foi de ses disciples. Non, non, aimable Sauveur, vous ne prétendez pas nous abandonner lorsque vous paraissez vous retirer de nous par la soustraction de vos grâces sensibles; ce n'est qu'une épreuve pleine de bonté que vous faites de notre fidélité : vous ne laissez pas de nous soutenir par une main invisible dans les dangers où vous permettez que nous nous trouvions; et vous nous apprenez par là, dans quelque extrémité que nous soyons, de ne jamais perdre l'espérance d'en sortir par votre grâce.

1 Marc. 6. 45.

II. POINT.

Jésus-Christ, tout éloigné qu'il était de ses chers disciples, ne laissa pas de voir l'extrême peine qu'ils avaient à ramer contre le vent : il en eut compassion. Telle était la tendresse qu'il avait pour eux, et qu'il a encore tous les jours pour ses serviteurs affligés. Il vint incontinent à eux, marchant sur les eaux mais eux, l'ayant aperçu, le prirent pour un esprit; et ceux à qui la tourmente n'avait fait jeter aucun cri ne ne purent s'empêcher, à la vue de ce spectacle, de s'écrier que c'était un fantôme. Que la faiblesse humaine est étrange! On surmonte quelquefois les plus grandes difficultés, et, un moment après, on est effrayé des plus légères. Cette bizarre inconstance nous fait bien voir, mon Dieu, ce que nous sommes de nous-mêmes, et que, dans les occasions où nous sommes courageux, notre courage vient de vous.

Que la vie spirituelle est sujette à des illusions bien dangereuses, quand on n'y marche pas sous les pures lumières de l'éternelle vérité! Les uns se figurent que les chimères de leur imagination sont de véritables révélations, que leurs passions sont des vertus, et leur amour charnel, un amour pur et tout spirituel. Les autres, au contraire, tiennent pour imagination les visions célestes, les vertus pour passions, et lès inspirations divines pour les mouvements de leur propre esprit. Ces deux extrémités sont également à craindre, ou de prendre un fantôme pour Jésus-Christ, ou Jésus-Christ pour un fantôme. Pour garder le milieu, suivez, ô mon âme, le conseil de saint Jean : Ne croyez pas à tous esprits; mais examinez auparavant s'ils sont de

Dieu 1. Demandez humblement au Seigneur le don que l'Apôtre appelle le discernement des esprits 2, et vous ne serez alors en danger ni de vous laisser séduire par le démon déguisé en ange de lumière, ni de rejeter l'ange de lumière comme si c'était l'esprit de ténèbres.

Il ne tient qu'à vous, ô mon divin Maître, pour nous préserver de ces funestes illusions, de nous faire sentir votre présence, comme vous le fites à vos apôtres effrayés, en leur disant: Rassurezvous, c'est moi; ne craignez point 3. Une parole de votre bouche, quand il vous plaît de la faire entendre à une âme, la guérit incontinent de ses frayeurs, et l'assure de la vérité de vos opérations en elle. Parlez-nous donc, Seigneur, de cette manière vive et intelligible qui ne laisse ni doute dans nos esprits, ni faiblesse dans nos volontés, afin que, vous connaissant tel que vous êtes, nous ne pensions plus qu'à vous aimer, qu'à vous servir, et qu'à mettre en vous toute notre confiance.

III. POINT.

Pierre, ayant entendu la voix de son Maître, s'écria: Seigneur, si c'est vous, commandez-moi d'aller sur les eaux au-devant de vous. Jésus lui dit: Venez. Alors Pierre, descendant de la barque, marchait sur l'eau; mais, voyant un grand vent, il fut saisi de crainte, et, comme il commençait à enfoncer, il s'écria: Seigneur, sauvez-moi. Aussitôt Jésus, lui tendant la main, le prit, et lui dit Homme de peu de foi, pourquoi avezvous douté 4?

1 I Joan. 4, 1.

2 I Cor. 12. 7.

3 Matth. 14. 27.
4 Matth. 14. 28, etc.

« ZurückWeiter »