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Considérons les traits de la fervente charité dans celle du disciple envers son Maître, et la sagesse admirable du Maître dans la conduite qu'il garde avec son disciple. La première propriété du parfait amour envers Notre-Seigneur est de donner de hautes connaissances de ce Dieu - Homme, de ses grandeurs infinies, qui sont renfermées en ce mot : C'est moi. Saint Pierre, éclairé d'une lumière céleste, en est si pénétré, qu'il s'écrie: Si c'est vous; c'est-à-dire Puisque c'est vous, Seigneur, me voici tout prêt à exécuter vos ordres. C'est la seconde propriété, d'inspirer à l'âme un ardent désir que Dieu lui commande quelque chose de difficile pour son service. C'est ce qui fait dire au fervent apôtre Si c'est vous, commandez. La troisième est de porter cette même âme à l'intime union avec son Sauveur, auquel elle dit incessamment, avec saint Pierre Ordonnez-moi, ô mon bien-aimé, d'aller à vous, fallût-il marcher sur les eaux. Voilà la quatrième propriété de l'amour parfait, de rendre celui qui en est possédé capable d'entreprendre des choses qui paraissent impossibles à la nature ; non pas appuyé sur ses propres forces, mais sur celles de son Seigneur car la charité, toute fervente qu'elle est, ne laisse pas d'être prudente et discrète, c'est la cinquième propriété du véritable amour de Dieu. D'où vient que saint Pierre, au milieu des transports de son amour, qui lui faisait désirer d'aller à Jésus sur les eaux, ne descend de la barque pour marcher qu'après en avoir reçu l'ordre du Sauveur, et qu'après avoir entendu ce mot de sa bouche: Venez. O mon Jésus! quand est-ce que vous m'embraserez ainsi de votre amour? Quand est-ce que vous m'animerez de ce beau feu

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également sage et ardent, que vous réglez par votre sagesse en même temps que vous l'allumez par vos bontés ?

Admirons, ô mon âme, la conduite toute divine du divin Maître envers son disciple. Il ne le reprend pas, comme en d'autres occasions, de sa trop grande vivacité, parce qu'elle était accompagnée de soumission, d'humilité, et de défiance de luimême, qui sont les marques certaines de la véritable ferveur il permet cependant qu'il soit saisi de quelque crainte, pour empêcher les sentiments de présomption de s'élever en lui; et, le prenant incontinent par la main, il lui fait sentir efficacement que de lui-même il ne peut rien, et que ce pouvoir miraculeux de marcher sur les eaux ne lui vient que de Celui qui en est le Créateur.

Je serais bien insensé, Seigneur, si je présumais de moi-même après tant d'expériences de ma faiblesse. Mille fois je serais abîmé dans les eaux des tribulations, si vous ne m'aviez soutenu. Oui, dans les moments que j'étais près d'y être enseveli, vous m'avez rendu supérieur à mes maux, et victorieux de la tempête. Votre secours m'était sensible, vous teniez ma main droite, et vous me faisiez marcher sur les flots pour me faire arriver heureusement au port d'une douce et d'une ferme tranquillité. Grâces immortelles vous en soient rendues, aimable et tout-puissant Protecteur; continuez-moi toujours vos bontés; je marcherai hardiment sur les scorpions et sur les basilics, je foulerai aux pieds les lions et les dragons 1.

1 Ps. 90. 13.

VENDREDI DE LA VIo SEMAINE

APRÈS L'ÉPIPHANIE

Saint Pierre publie la Divinité de Jésus-Christ.

Les préludes sont : 1o de me représenter NotreSeigneur au milieu de ses disciples; 2o de lui demander qu'il nous instruise comme eux des grandeurs de sa divinité.

I. POINT.

Jésus interrogea ses disciples, et leur ditQue disent les hommes? Qui disent-ils qu'est le Fils de l'homme? Quelques-uns le prennent, répondirent-ils, pour Jean-Baptiste, d'autres pour Élie, ou pour Jérémie, ou pour quelqu'un des prophètes 1.

Considérons, d'une part, la condescendance et la bonté de Notre-Seigneur, qui s'appelle le Fils de l'homme, et qui par là conduit insensiblement ses apôtres à la connaissance de sa divine filiation : connaissance, comme il le dit lui-même, en laquelle consiste la vie éternelle. Mais voyons et plaignons d'autre part l'ignorance et l'aveuglement de la plupart des hommes. Le commun du monde ne connaissait rien du Sauveur que ce qui lui frappait les yeux en sa présence. L'idée la plus haute qu'on avait de lui est que c'était un Jean-Baptiste, un prophète, un homme miraculeux; et tous, dans leur esprit, le dépouillaient de la divinité.

Combien y en a-t-il encore aujourd'hui dans le 1 Matth. 16. 13. Marc. 2. 27.

monde qui le méconnaissent, ô mon àme! Combien d'impies le traitent aussi insolemment que s'il n'était pas Dieu, en abusant de sa miséricorde, et en se moquant de sa justice! Combien de personnes, même spirituelles, n'ont de lui que des connaissances très-bornées, et qui répondent peu à la grandeur de son être et à la perfection infinie de sa personne! Les uns ne se le figurent que comme un Jean-Baptiste ou un Élie, et veulent que son esprit ne soit que celui de la pénitence et de la sévérité. Les autres ne se le représentent que comme un Jérémie, dont l'esprit est de s'attendrir sur les misères du peuple. Il y en a enfin qui en font chacun un prophète à leur façon, et qui, mesurant son esprit à leur esprit particulier, raccourcissent l'étendue de sa grâce, et la réduisent aux seules voies de sainteté qu'ils ont prises.

Ah! que c'est mal vous connaître, ô mon Jésus! et que c'est pitoyablement abuser des âmes que de leur donner de si étranges impressions de votre esprit, qui, selon le Sage, est unique, mais qui en vaut plusieurs, parce qu'il enseigne mille manières différentes de servir Dieu, qui ont toutes pour principe le même esprit de charité! O Sagesse éternelle, source de tous les esprits qui animent différemment tant de saints de différents états! donnez-moi celui qui vous agrée davantage, et donnez à chaque juste celui qui est le plus convenable pour vous glorifier dans son état. Préservez mon entendement de toutes sortes d'erreurs, afin que je vous connaisse tel que vous êtes, et que je ne rende pas à une vaine idole de mon imagination l'honneur qui n'est dû qu'à vous seul.

II. POINT.

Jésus leur dit : Et vous autres, qui dites-vous que je suis? Vous êtes, répondit Pierre, le Fils du Dieu vivant 1. Le Sauveur, ayant su ce que le commun des hommes disait de lui, voulut encore savoir ce qu'en pensaient ses disciples eux-mêmes, instruits dans son école, et témoins de tous les miracles qu'il opérait. Tant d'âmes que Notre-Seigneur a démêlées de la foule, et qu'il a, par sa grâce, attirées à sa suite pour leur faire entendre sa parole et les élever à une sublime sainteté, peuvent penser que le Sauveur leur fait cette question, qu'il fit aux apôtres: Et vous, qui dites-vous que je suis? En vérité, qu'en dis-tu, ô mon âme? Quelle idée as-tu de Jésus-Christ? Que penses-tu de sa bonté, de sa sagesse, de sa toute-puissance? Quel jugement fais-tu de son humilité, de sa mortification, de son obéissance, et de tant d'autres vertus qu'il a pratiquées pour t'en inspirer de l'estime et de l'amour? Sais-tu bien que c'est le Christ, Fils du Dieu vivant, qui t'a donné de si saintes leçons par son exemple?

Ce fut là la confession de saint Pierre. Sans attendre que les autres apôtres répondent, il prend la parole pour eux. Tout ardent d'amour pour son Maître, il publie qu'il n'est pas seulement le Fils adoptif, mais naturel, du Dieu vivant, qui a engendré de toute éternité ún Dieu comme lui; qu'il est le Messie promis aux Israélites, le Désiré des nations, le Saint des saints, l'oint du Seigneur. Saint Pierre, éclairé de la lumière du ciel, vit toutes ces choses, et les comprit toutes dans sa glorieuse confession de foi.

1 Matth. 16. 15.

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