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II. POINT.

C'est beaucoup, que Dieu ait aimé le monde, et surtout un monde si peu digne d'être aimé; mais qu'il l'ait aimé jusqu'à donner pour lui son propre Fils, c'est l'effet d'une bonté toute divine et que nulle intelligence créée n'est capable de comprendre.

L'amour que Dieu te porte, ô mon âme, ne consiste pas en de simples paroles, c'est un amour effectif; et comme il est souverainement parfait, il va jusqu'à lui faire donner ce qu'il a de plus précieux, qui est son Fils unique, égal en tout à lui, et Dieu comme lui-même.

O Père éternel, je vous rends et je vous rendrai tous les jours de ma vie de très-humbles actions de grâces, de nous avoir aimés jusqu'à cet excès que de nous donner votre propre Fils; de l'avoir envoyé au monde, dont vous saviez qu'il devait être méconnu, rebuté et méprisé. Ah! ne permettez pas, Seigneur, que je sois de ce malheureux monde, de ce monde insensible à vos divines bontés! Agréez les désirs d'une vile créature qui voudrait vous aimer autant que vous l'avez aimée. Vous m'avez prodigué ce que vous avez de plus précieux au moins vous offrirai-je ce que j'ai de plus cher: c'est mon propre cœur; il est mon unique, je vous le consacre absolument et sans réserve. N'y souffrez jamais, Seigneur, d'affection que pour

vous.

III. POINT.

Ce qui a porté notre Dieu à nous donner son Fils unique, c'est le dessein plein de bonté qu'il a eu de nous sauver, de nous délivrer de la servitude

du démon, de nous fermer l'enfer, de nous ouvrir le ciel, de nous communiquer sa grâce, et de nous faire entrer dans la possession de son royaume.

As-tu jamais fait réflexion, ô mon âme, aux biens immenses que le Père des miséricordes a voulu faire aux hommes par le moyen de l'Incarnation de son Fils? Sais-tu bien que ce cher Fils, en se revêtant de la nature humaine, a prétendu les rendre participants de sa nature divine; en se chargeant de leurs misères, leur faire part de sa félicité, les empêcher de périr, et leur acquérir le droit de vivre éternellement 1, en menant parmi eux une vie mortelle? Mais à quelles dispositions a-t-il attaché ces faveurs inestimables? A la vraie foi de ce mystère d'amour. Oui, celui qui croit fermement que le Verbe éternel s'est incarné, qui entre en esprit dans ces divines alliances, qui s'unit de cœur à lui, et qui met toute sa confiance en sa toute-puissante médiation, recueillera abondamment les fruits de son Incarnation.

Mon Dieu, que vos desseins sont adorables, et qu'ils sont dignes de votre infinie bonté ! Quelle obligation je vous ai, divin Réparateur de notre nature, d'avoir eu pitié de nos malheurs, d'être descendu vous-même du ciel pour rompre nos fers, pour nous mettre en liberté, nous donner la vie de la grâce, et nous mettre en main de si doux et si faciles moyens de mériter celle de la gloire! Nous n'aurions rien de tout cela sans vous, aimable Réparateur; c'est à vous que nous en serons éternellement redevables; c'est par vous que nous viennent toutes les bénédictions du ciel, et c'est en vous

1 Joan. 3. 16.

et par vous que je les espère. J'ai pour garant de mon espérance votre divine vérité, qui m'assure qu'ayant cette foi vive, je ne périrai jamais, mais que j'aurai la vie éternelle 1. Augmentez en moi, Seigneur, cette foi, et me donnez la grâce d'en faire la règle de ma conduite.

LE II DIMANCHE DE L'AVENT

Du glorieux martyre de saint Jean-Baptiste.

Le premier prélude sera de considérer saint Jean, dans la cour d'Hérode et dans la prison, toujours le même, incapable de se laisser ni éblouir par la majesté du prince, ni effrayer par l'arrêt de mort qu'il prononce contre lui. Le second sera de demander à Dieu la grâce d'imiter le saint Précurseur dans l'une et dans l'autre fortune, pour être partout inviolablement attachés à nos devoirs.

I. POINT.

Saint Jean était en grande estime auprès d'Hérode, puisque ce prince, comme dit saint Marc, sachant que c'était un homme juste et saint, l'honorait et l'écoutait volontiers, et se gouvernait en beaucoup de choses selon son avis 2. D'ailleurs il connaissait l'humeur sanguinaire d'Hérodias, qui ne cherchait qu'à le perdre, pour se délivrer d'un censeur incommode. Voilà deux considérations bien capables d'arrêter tout autre zèle que celui de ce nouvel Élie la crainte de perdre les bonnes grâces

:

1 Joan. 3.16.

2 Marc. 6. 20.

du monarque, et d'irriter une femme puissante et emportée. Un homme dont le zèle aurait été moins parfait aurait cherché des tempéraments pour accorder la conscience avec la fortune, pour accommoder ses devoirs à ses intérêts; mais JeanBaptiste, qui n'est à la cour que pour en corriger les désordres, reprend hardiment le péché public qui en fait le scandale, sans appréhender d'encourir ni l'indignation du prince, ni la fureur d'Hérodias.

Tels sont, ô mon âme, les vrais ministres de Jésus-Christ. Comme ils n'ont point d'autre intérêt que celui de sa gloire, pourvu qu'ils la procurent, ils croient n'avoir rien à perdre; et, à l'exemple de l'apôtre saint Paul, la perte de leur repos, de leur réputation, et même de leur vie, leur paraît un gain, qu'on ne saurait trop estimer dans le service d'un Maître qui sait rendre avec usure ce qu'on a le courage de prodiguer pour lui.

Donnez-moi, ô mon Sauveur, cette vigueur apostolique dans la prédication de votre Évangile, cette fermeté d'âme qui me soutienne dans les conjonctures dangereuses où m'engage l'emploi que vous m'avez confié; cette constance héroïque du saint Précurseur, par laquelle il montra bien qu'il n'était pas un roseau que le moindre vent fait plier, mais une colonne de fer et un mur d'airain à l'épreuve des plus rudes secousses. Souvenez-vous que de moi-même je ne suis que faiblesse; et puisque vous m'obligez de parler, et de m'opposer aux ennemis de votre saint nom, revêtez-moi de la vertu d'en haut, qui me rende capable d'en triompher.

II. POINT.

Malgré la vénération qu'avait Hérode pour la vertu de saint Jean, il ne laisse pas de le faire ar

rêter, de le jeter en prison et de le faire mourir. Il le fit avec répugnance: l'évangéliste dit qu'il en fut attristé 1; il le fit néanmoins. La chaleur du vin, la passion pour Hérodias, la complaisance pour une danseuse, la légèreté d'un serment, l'emportèrent sur la considération qu'il avait pour le saint homme, et lui firent prononcer malgré lui l'arrêt de sa mort.

Voilà l'affreux abîme où le démon précipita ce malheureux prince, l'ayant enivré par l'amour des plaisirs. O l'étrange tyrannie d'une sale passion, quand on s'en est laissé dominer! déplorable servitude du cœur humain captivé par l'impudicité! De quels crimes ne devient-il pas capable quand celuici s'en est une fois rendu le maître? Mais ce n'est pas cette seule passion, ô mon âme, dont les suites soient si funestes. Il n'en est aucune, dès qu'elle est violente, qui ne porte à des excès terribles. Ce que l'amour ne fait pas, la haine, l'injustice, la vengeance, l'envie, ne le font que trop souvent.

Délivrez-moi de ces tyrans, ô mon divin Maître! ne leur permettez jamais l'entrée de mon cœur. C'est à vous qu'appartient ce cœur, c'est votre possession, c'est là que vous avez daigné vous dresser un trône n'y souffrez pas d'usurpateur, il y va de votre gloire. Pour moi, ô mon Dieu, qui vous l'ai consacré depuis longtemps, aidé par votre grâce, je suis résolu de vous en conserver l'empire, et de ne cesser jamais ni de veiller ni de combattre que je n'aie abattu vos ennemis à vos pieds.

III. POINT.

Je considèrerai la conduite de la Providence sur

1 Marc. 6. 26.

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