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IMITATION DE CATULLE.

Vivamus, mea Lesbia, atque amemus.

V1

IVONS, ô ma tendre Lesbie,
Vivons pour nous aimer toujours,
Et méprisons les vains discours
De cette vieillesse ennemie

Qu'indignent nos jeunes amours.

Des feux dont l'horizon se dore

Si la splendeur s'éteint dans les ombres du soir,
Le matin ramène l'espoir

D'une clarté plus belle encore:

Mais quand la mort, qui nous poursuit, Dissipe de nos jours le pâle météore,

Nous tombons au sein d'une nuit

Que ne remplace aucune aurore.
Ah! puisque tel est notre sort,
Crains d'opposer des refus à ma flamme :
Donne-moi ta bouche, ô mon âme!

Et, dans un mutuel transport,

Oubliant l'univers sous ce feuillage sombre,
Unissons nos baisers avec un art si doux,
Que jamais les yeux des jaloux
N'en puissent deviner le nombre.

E. GÉRAUD.

IMITATION

DE LA VIII. ÉLÉGIE DE CATULLE,

A LUI-MÊME.

Miser Catulle, desinas ineptire.

CESSE de te livrer, Catulle, à ta folie.

Tes soins, tes tendres soins, sont perdus pour toujours. Autrefois pour toi seul se levaient les beaux jours, Quand aux rendez-vous de Lesbie

Tu volais précédé des folâtres Amours.

Comme elle était aimée! heureux sous son empire,
Ton cœur n'avait jamais brûlé de tant de feux!
Tu n'avais qu'à vouloir, elle comblait tes vœux.
Catulle, alors tu pouvais dire

Que, pour toi, tous les jours étaient vraiment heureux!

Maintenant elle change; elle te fuit, l'ingrate!
Tes vœux et tes soupirs ne sont plus écoutés :
Par des refus cruels, des mépris affectés,

Puisque son inconstance éclate,

Quitte aussi, sans regret, les fers qu'elle a quittés.

Rétablis dans ton cœur un calme désirable;
Ne poursuis plus les pas de celle qui te fuit:
Assez et trop long-temps sa beauté t'a séduit,
Et rendu ton sort misérable;

Vis heureux, à présent que le charme est détruit.

Adieu! perds tout espoir, & volage Lesbie!

De me voir, malgré toi, rechercher tes faveurs. Pour toi, dans ton dépit, tu verseras des pleurs ; Et le supplice de ta vie

Sera d'avoir perdu ton pouvoir sur les cœurs.

Quels jours, quels tristes jours vas-tu passer, cruelle!
Qui te consolera dans tes ennuis secrets?
Qui viendra, par pitié, soulager tes regrets?
Aux yeux de qui seras-tu belle?

Qui voudra partager tes transports indiscrets?

De qui presseras-tu les lèvres demi-closes ?
Quel objet désormais fixera ton amour?
Ce cruel abandon durera plus d'un jour.

Ingrate! à quels maux tu t'exposes !

Mais le cœur de Catulle est fermé sans retour.
RIGOLEY DE JUVIGNY.

A SOPHIE,

TRADUCTION DE L'ODE D'HORACE,

Ulla si juris tibi, etc.

S: le ciel t'avait punie

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De l'oubli de tes sermens
S'il te rendait moins jolie,
Quand tu trompes tes amans,
Je croirais ton doux langage,
J'aimerais ton doux lien :
Hélas! il te sied trop bien
D'être parjure et volage!
Viens-tu de trahir ta foi?
Tu n'en es que plus piquante,
Plus belle et plus séduisante;
Les cœurs volent après toi.
Par le mensonge embellie,
Ta bouche a plus de fraîcheur.
Après une perfidie,

Tes yeux ont plus de douceur.
Si, par l'ombre de ta mère,
Si, par tous les dieux du ciel,

Tu jures d'être sincère,

Les dieux restent sans colère,

A ce serment criminel.
Vénus en rit la première;
Et cet enfant si cruel
Qui, sur la pierre sanglante,
Aiguise la flèche ardente
Que sur nous tu vas lancer,
Rit du mal qu'il te voit faire,
Et t'instruit encore à plaire,
Pour te mieux récompenser.
Combien de voeux on t'adresse!

C'est pour toi que

la jeunesse

Semble croître et se former.
Combien d'encens on t'apporte!
Combien d'amans à ta porte
Jurent de ne plus t'aimer!
Le vieillard qui t'envisage,
Craint que son fils ne s'engage
En un piége si charmant;
Et l'épouse la plus belle
Croit son époux infidèle
S'il te regarde un moment.

LAHARPE.

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