J'en crois son cœur et ses derniers adieux.... Prêt à voler aux pieds de mon amante, Il est donc fait et prononcé par toi Éléonore aujourd'hui si perfide!.... De tant de soins voilà donc le retour! Car ne crois pas que jamais je t'oublie : Tu veux encor m'arracher ton pardon: L'Amour, plus saint, plus fort que la nature, Aurait bravé leur injuste pouvoir; De la constance il m'eût fait un devoir. LES ADIEUX. SÉJOUR triste, asile champêtre, En vous quittant mon cœur soupire.... IL LE DÉPART. L est temps, mon Éléonore, De mettre un terme à nos erreurs; Il disparaît l'âge si doux, L'âge brillant de la folie! Lorsque tout change autour de nous, Crois que j'aurai cessé de vivre. DES AMOURS DE BERTIN. Antoine Bertin naquit le 10 octobre 1752, à l'ile Bourbon, comme Parny. On l'envoya en France en 1761. Il n'avait que seize ans lorsqu'il remporta en troisième le prix d'honneur au collège du Plessis. Son premier recueil de poésies parut en 1773; ses Amours, en 1782. Moins tendre, et peut-être moins naturel que Parny, son compatriote, et son rival de gloire dans le genre érotique, Bertin, doué d'une imagination brillante, dut son succès à des peintures vives, à des descriptions riches, variées, pétillantes de pensées et d'images gracieuses. Ces deux jeunes rivaux furent toujours amis; le même lieu les avait vus naître, les mêmes affections les rassemblaient. Jamais la plus petite jalousie d'auteurs ne vint altérer leur liaison intime (1). Bertin était entré au service du roi : il était capitaine de cavalerie et chevalier de Saint-Louis. A la fin de 1789, il passa à Saint-Domingue, dans l'espoir d'y obtenir la main d'une jeune créole qu'il avait vue à Paris, et qui l'avait devancé en Amérique. La célébration du mariage devait avoir lieu au commencement de juin 1790. La surveille de ce jour, Bertin tomba dangereusement (1) Voyez, au tome VIII (Épîtres familières et badinesĮ, V'épitre de Parny à Bertin, et celle de Bertin à Parny. malade; il demanda que son mariage se fit dans sa chambre; mais à peine eut-il prononcé le oui solennel, qu'il s'évanouit. Cet évanouissement fut très-long; on le crut mort; on éloigna sa jeune épouse; au bout de quarante-huit heures ses yeux se rouvrirent; mais ses idées ne revinrent pas; son état tenait de l'imbécillité, et cet état ne changea point jusqu'au dix-septèime jour de sa maladie, qui fut celui de sa mort. A EUCHARIS. nom qui pare mes écrits Ah! ne soyez point alarmée : C'est vous que je nomme Eucharis, |