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Puisses-tu n'en goûter jamais que la douceur !
Maintenant, loin de moi, mollement assoupie,
Exempte des tourmens qui déchirent mon sein,
Tu dors! Que ton sommeil soit, ô ma tendre amie,
Aussi rafraîchissant que l'air pur du matin!
Sur ta couche parfumée

Repose paisiblement,

Comme, au printemps, la goutte de rosée
Repose en paix sur le lis odorant,
Quand', au lever de l'aurore,
Zéphir, qui sommeille encore,
Retient son souffle inconstant.
Vous, dont l'imposture innocente,
Quand la nuit a fermé mes yeux,
Vient parfois égarer mon âme nonchalante
Au milieu des ris et des jeux,
Songes légers, quittez les cieux:

De vos douces erreurs bercez ma jeune amante.
De l'âge d'or, à ses yeux enchantés,
Offrez par-tout les riantes images:
Le cristal des flots argentés,

Et l'azur d'un ciel sans nuage,

Et les lilas touffus, autour d'elle agités,
Balançant sur son front la fraîcheur et l'ombrage.
Dans le silence des bois,
Que son oreille attentive
De Philomèle plaintive
Entende gémir la voix.

L'âme exempte de tendresse
A la douleur peut s'ouvrir;
Et quelquefois la tristesse
Est voisine du plaisir.

Egarez-la sous un toit de verdure,

Loin des regards d'un indiscret Amour.
Là, que sans voile, et n'ayant pour parure
Que ses attraits, au sein d'une onde pure
Elle trouve un rempart coutre les feux du jour.
Que des plaisirs l'essaim fidèle

La prenne pour Vénus au bain;

Que l'un d'eux folâtre autour d'elle,
Comme le papillon badin

Près de la rose jeune et belle

Qui vient de s'ouvrir au matin;

Qu'un autre, du bout de son aile,
Pour l'embaumer des plus douces odeurs,
Complaisamment vienne agiter les fleurs
Que produit la saison nouvelle.

Plus loin, au fond de ces beaux lieux,
A l'abri d'un feuillage sombre,

Peignez l'Amour couché nonchalamment à l'ombre, Évitant la chaleur des cieux.

Mais craignez d'alarmer la timide innocence! Peignez l'Amour sans arc, sans carquois et sans traits, Paré seulement des attraits

Dont s'embellit l'heureuse enfance.

Songes rians, doux imposteurs,

Alors achevez votre ouvrage.

Dans un coin du tableau, prêtez à mon image
Tout le charme de vos couleurs.

A mes regards donnez des traits de flamme,
A ma voix un son plus flatteur :

Les yeux sont le miroir de l'âme,

L'oreille est le chemin du cœur.

Que mes soupirs, mon trouble, et même mon silence,
Empruntent, pour parler, la langue de l'Amour;
Sur mon front éloquent exprimez tour-à-tour
Le désir, le respect, la crainte, l'espérance,
Le désespoir.... Je veux, à ses genoux,
Tantôt timide, et tantôt téméraire,
Par mes larcins allumer son courroux,
Par mes sermens apaiser sa colère.
Non, tu ne peux me haïr!
Dors en paix, ô toi que j'aime !
Des rêves de la nuit même

Le réveil peut s'embellir.

L'ART DE PLAIRE.

A THAÏS.

Tu dis: « Pour fixer un amant,

« Non, je n'ai point assez de charmes. » Et tu pleures en le disant!

Cesse de craindre, aimable enfant;
Ta beauté même est dans tes larmes.
J'aime ton souris gracieux,
L'éclat de tes lèvres de rose,
Ton front où la pudeur repose,
Et le bleu tendre de tes yeux.
J'aime ta voix douce et sonore,
Ton pied mignon, et ton teint frais
Comme la fleur qui vient d'éclore;
Mais, crois-moi, j'aime mieux encore
Ta belle âme que tes attraits.
Hélas! le plus léger nuage
Du jour fait pâlir la clarté.

Le frêle éclat de la beauté

S'enfuit comme une ombre volage,
Et ne laisse après son passage
Que le regret d'avoir été.

Si l'amour ne le vivifie,

Le plus joli visage est mort;
C'est le marbre informe qui dort

En attendant l'art et la vie.

Deux mots forment l'art de charmer; L'amour les dicte à la nature.

« Belles, dit-il, pour enflammer, » L'âme en sait plus que la figure: » Le secret de plaire est d'aimer. »

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DIS-MO

IS-MOI, léger amant de Flore,
Zéphir, jaloux de mon bonheur,
Vis-tu rien de plus enchanteur
Que le jeune objet que j'adore?

Où trouver un œil plus charmant,
Une langueur aussi touchante,
Une taille plus élégante,

Un son de voix plus séduisant?

Flore a-t-elle dans sa corbeille

Des fleurs plus fraîches que son teint?

Quelle rose est aussi vermeille

Que le bouton de son beau sein?

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