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<«<d'hui le trésor public, trésor de Saturne; et il s'a<< donna à l'agriculture, ce qui fait qu'on le représente <«<sous la figure d'un vieillard qui tient une faulx à la « main. Pendant qu'il fut en Italie, il se retira chez <«< Janus qui a donné son nom au Janicule et au mois « de janvier. On le peint avec deux visages parce qu'il << semble regarder en même tems l'année qui com<< mence et celle qui finit. Pour les Maures, ils ado« rent leurs rois sans contredit, et ne s'en cachent «< point. C'est ce qui cause la diversité des religions, « parce que chaque nation adore ceux que leurs pères « ont adorés. Alexandre-le-Grand, dans un discours << assez long, qu'il adresse à sa mère, lui raconte qu'il a fait découvrir par force à un prêtre ce mis« tère des Dieux (1). Et véritablement, s'il est né « des Dieux, pourquoi n'en naît-il pas encore aujour<< d'hui? c'est peut-être que Jupiter est trop âgé, ou « que Junon n'est plus capable d'avoir des enfans. << Comment croyez-vous que ces dieux-là puissent

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quelque chose pour les Romains, n'ayant rien pu << contr'eux pour la défense de leurs peuples? Car, « pour les dieux des Romains; nous savons quels ils

le premier représenter, sur des pièces d'airain, l'image d'une brebis ou d'un bœuf. Il ne fit en cela que suivre l'exemple des Grecs et surtout des Athéniens, chez lesquels Thésée, suivant Plutarque, avait frappé de la monnaie avec la marque d'un bœuf. Voyez la Vie de Thésée, par Plutarque. J'ai parlé fort au long de la monnaie des Grecs dans ma traduction d'Hipparque. Paris, 1819, p. 85.

(1) Sur la folie qu'Alexandre avait de se croire un Dieu, voyez l'Examen critique des historiens d'Alexandre., par M. de SainteCroix. Paris, 1804, p. 366.

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« étaient d'abord: Romulus: qui fut fait Dieu sur un « faux serment de Proculus (1); Picus, Tibérinus, << Pilumnus, Consus, ce dieu de la fourberie, que << Romulus voulut être adoré comme le dieu des «< conseils, après que, par une perfidie honteuse, «< il eut enlevé les Sabines. Tatius trouva dans un cloaque une idole qu'il adora sous le nom de la « déesse Cloacine. Hostilius bâtit un temple à la << Crainte et à la Pâleur. Un autre consacra la « Fièvre (2), et fit des divinités d'Acca et de Flora, <«< ces deux fameuses courtisanes. Et pour montrer « que les Romains inventent des noms qu'ils déifient, « c'est qu'il y a parmi eux le dieu Viduus qui sépare « le corps de l'ame, et qui le rend comme veuf (signification du mot latin viduus). Mais, comme un «< dieu malencontreux, ils le mettent hors de la ville, « et par là le condamnent plutôt qu'ils ne l'adorent.

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(1) C'est Plutarque, dans la Vie de Romulus, qui rapporte qu'après que ce prince eut été assassiné par les sénateurs, l'un d'eux, appelé Julius Proculus, apaisa le peuple en jurant par ce qu'il y avait de plus sacré que Romulus lui était apparu plus grand et plus beau qu'il ne l'avait jamais vu, et couvert d'armes plus brillantes que le feu. Sur cette assertion, Romulus fut invoqué et adoré sous le nom de Quirinus.

(2) Une inscription, rapportée par Gruter, donne à la fièvre les noms de divine, de sainte et de grande. La voici :

FEBRI DIVE, FEbri sanctæ, FeBRI MAGNE, CAMILLA AMATA, PRO FILIO MALE AFFECTO.

« Camilla Amata offre ses vœux pour son fils malade, à la divine Fièvre, à la sainte Fièvre, à la grande Fièvre. »

Voyez le Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques, par Sabbathier. Paris, 1774, XVII, 279, art, Fièvre.

XVIII.

4

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« Ils ont aussi Scansus (1), Forculus (2), Limenti«nus (3), Cardea (4) et Orbana (5). Voilà les dieux « de Rome.

« Pour les étrangers qu'ils adorent, c'est le Mars « de Thrace, le Jupiter de Crète, la Junon d'Argos « ou de Samos ou de Carthage, la Diane taurique, « la mère des dieux, avec les dieux d'Égipte qui sont plutôt des monstres que des divinités, et qui n'eus<< sent pas manqué d'employer leur puissance, s'ils << en avaient quelqu'une, pour conserver les peuples <«< qui les adoraient depuis tant de siècles. Les Ro<< mains adorent encore les Pénates vaincus qu'Énée « fugitif apporta en Italie. Ils rendent un culte à Vé«nus-la-Chauve, qu'ils déshonorent par là plus que ne « fait Homère en la représentant blessée.

<< Pour les empires, c'est plutôt l'effet du hazard «< qui les leur a donnés, que la récompense du mé« rite. Mais de plus, ne savons-nous pas que les As<< siriens, les Mèdes, les Perses, les Grecs et les Égiptiens, ont possédé l'empire du monde avant

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<< les Romains? Et, si l'on remonte même à leur origine, n'est-elle pas honteuse? C'est une troupe de « voleurs et de scélérats qui s'assemblent, et dont le << nombre s'augmente par l'impunité. Leur roi Romu«<lus monte sur le trône par un parricide. Ensuite ils

(1) De scandere, grimper, ou ab ascensibus, des montagnes. (2) A foribus, des portes.

(3) A limine, du seuil des portes.

(4) A cardinibus, des gonds.

(5) Ab orbitatibus, des pertes de parens.

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pillent, saccagent, trompent. Pour peupler leur ville, ils ravissent des filles, violent les droits de l'hospitalité, et font la guerre à leurs beaux-pères. « C'est ainsi qu'ils se servent d'un lien de paix (1) « pour rompre la paix.

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« La première dignité, parmi eux, c'est le consulat. « La naissance en est à peu près semblable à celle de << leur empire; car Brutus l'acheta par le meurtre de « ses enfans, si bien que l'on peut dire que cette dignité n'a tiré sa grandeur que de celle de son crime. « Ce n'est donc pas la religion, ce ne sont pas les auspices ni les augures qui ont porté l'empire roa main où il est, mais la révolution des choses du « monde. Car Régulus a observé les

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augures, et n'en a pas moins été fait prisonnier (2). Mancinus leur «< a obéi, et n'en a pas moins été contraint de se « rendre et de subir des conditions infâmes (3). Les poussins de Paulus mangeaient fort bien à la ba<< taille de Cannes, et cependant il y fut tué (4). César méprisa les augures et les auspices qui lui défen« daient de passer en Afrique avant l'hiver, et ne « laissa pas de faire une heureuse navigation et de << vaincre. On dirait même que cette audace hâta sa a victoire. »

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(1) Du mariage.

(2) Par les Carthaginois, l'an 250 avant notre ère.

(3) L'an 138 avant notre ère, le consul Caïus Hostilius Mancinus, enfermé par les Numantins dans des défilés d'où il ne pouvait sortir, n'obtint la paix qu'à des conditions déshonorantes. Son armée passa sous le joug.

(4) Le 5 septembre de l'an 216 avant notre ère.

Première suite du Traité de la vanité des idoles. Prestiges qui abusaient les Anciens.

253.

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CVI. « Voici la raison de tous ces prestiges qui << abusent le peuple : il y a des esprits malins et vagabonds qui ont leur beauté native par les souil<«<lures du monde. Ces malheureux après avoir perdu, « leurs avantages naturels et s'être plongés dans les « vices, tâchent, pour se consoler, d'y précipiter les « autres. Les poëtes connaissent ces mauvais génies, <<< et Socrates se vantait d'en avoir un qui le gouver« nait à sa fantaisie. Ce sont eux qui opèrent ce que « les magiciens font d'admirable, et qui donnent de « l'efficacité à leurs enchantemens. Cependant Hos«< tanès (1), le premier d'entr'eux, dit qu'on ne peut « voir la figure du vrai Dieu, et que les anges sont toujours auprès de son trône. Platon est du même

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(1) Pline, livre XXX, chap. 2, affirme que l'inventeur de la magie en Perse était Zoroastre, qui vivait six mille ans avant Platon. Mais il ajoute qu'Osthanès, l'Hostanès de saint Ciprien, un de ceux qui accompagnèrent le roi de Perse, Xerxès, dans la guerre qu'il fit à la Grèce, fut le premier qui traita de cet art. Tatien et Diogènes Laerce en parleut aussi. Il ne faut pas le confondre avec un second Osthanès, aussi magicien, que Pline dit avoir acompagné Alexandre-le-Grand.

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