Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

« être réputés chrétiens, n'ayant pas été plongés dans « l'eau salutaire, mais en ayant seulement été arro« sés. En cela, je suis bien aise de laisser à chacun la « liberté de croire ce qu'il lui plaira, et d'agir con« formément à sa croyance. Pour nous, autant que « nous pouvons le concevoir selon notre peu de suf«< fisance, nous pensons que la grace de Dieu ne souffre point de diminution ni de déchet, et que, lorsque la foi de celui qui donne et de celui qui reçoit le batême est pleine et entière, il se fait aussi « une pleine et entière effusion de ses dons. Car le « bain salutaire ne lave pas les souillures de l'ame a de la même manière qu'un bain commun nettoie « celles du corps. Il ne faut pour cela ni cuve ni esa cabeau (1), ni étrilles d'or. Le tout s'opère par « les mérites de la foi, et, en cas de nécessité, elle « supplée à tout le reste. »

Troisième suite de la lettre de saint Ciprien à Magnus. Preuves de la validité du batême par aspersion.

256.

CL. « On ne doit donc pas trouver étrange qu'un << malade, qui n'est qu'arrosé d'eau, ne laisse pas de

(1) Pour s'asseoir dans le bain.

<<< recevoir la grace de Dieu, puisque l'Écriture sainte << nous dit par le prophète Ézéchiel (1):

«

« Je répandrai sur vous de l'eau pure, et vous serez purifiés de toutes vos souillures, et je vous délivre<< rai de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur << nouveau, et je mettrai un esprit nouveau au milieu « de vous.

[ocr errors]

<< Et dans les Nombres (2):

« L'homme pur aspergera l'impur le troisième et le septième jour; il le purifiera le septième jour; celui qui aura été purifié de la sorte nettoiera ses vêtemens, << se baignera dans l'eau, et sera pur au soir. Un homme qui sera impur et ne se purifiera pas, sera « retranché du milieu de l'assemblée : car il a rendu

[ocr errors]

impur le sanctuaire de l'Éternel; l'eau de purifica« tion n'a pas été aspergée sur lui, il est impur.

[ocr errors]

« Ces deux passages prouvent que l'aspersion de <«< l'eau tient lieu du bain salutaire; et que, lorsque «< ces choses se font dans l'Église, où la foi de celui qui batise et celle de celui qui est batisé sont en<< tières, tout va bien et peut être consommé et achevé <«< par la puissance de Dieu et par la vérité de la foi. « Et quant à ce que quelques-uns n'appellent pas chrétiens, mais cliniques (3), ceux qui, étant ma

[ocr errors]

(1) Ezechiel, XXXVI, 25 et 26.

(2) Nombres, XIX, 19 et 20. Il y a ici un contresens dans la version de la Vulgate et dans la traduction de M. Genoude. La version italique rapportée par saint Ciprien est d'accord avec la traduction faite sur l'hébreu par M. Cahen, que je suis ici, en y corrigeant cependant une faute assez grave.

(3) C'est-à-dire alités, selon sa signification en gree.

[ocr errors]
[ocr errors]

lades, ont reçu la grace de Jésus-Christ par l'eau sa<< lutaire et par une foi véritable, je ne sais où ils ont pris ce nom. Il faut sans doute qu'ils l'aient trouvé << dans Hippocrates (1) ou dans Soranus (2). Mais, << pour moi, je ne connais point d'autre clinique que « celui de l'Évangile (3); et encore vois-je que l'in« firmité de ce pauvre paralitique, par laquelle il « avait été si long-tems retenu au lit, ne l'empêcha « point de recevoir du ciel la vigueur d'un homme << en pleine santé : non-seulement la bonté de Notre « Seigneur le mit en état de quitter son lit, mais elle << lui donna même assez de force pour emporter ce « lit. Ainsi, selon que la foi me le fait sentir et comprendre, mon opinion est que quiconque aura « reçu dans l'Église la grace de Dieu (4), en vertu de « sa foi, doit être réputé un véritable chrétien. Ou, « si quelqu'un croit que ces cliniques n'ont rien a reçu parce qu'ils n'ont été qu'arrosés de l'eau sa« lutaire, qu'on ne les trompe donc point, et qu'ou « les rebatise lorsqu'ils reviennent en convalescence. « Mais, s'ils ne peuvent être rebatisés, parce qu'ils << ont déjà été sanctifiés par le batême ecclésiastique, « pourquoi les veut-on troubler dans leur foi et dans

[ocr errors]

«

(1) Surnommé avec raisou le prince des médecins. Voyez son article dans la Biographie universelle.

(2) Médecin d'Éphèse. Moreri en distingue deux de ce nom. La Biographie universelle les a omis tous deux. Il paraît que celui dont parle ici saint Ciprien vivait sous les empereurs Trajan et

Adrien.

(3) Évangile de saint Jean, V, 5.

(4) C'est-à-dire le batême.

XVIII.

18

<< la confiance qu'ils ont en la bonté de Notre Seigneur? Dira-t-on qu'à la vérité ils ont reçu la grace « de Dieu, mais qu'ils l'ont reçue en plus petite me« sure; et qu'ainsi ils peuvent bien passer pour chré<< tiens, mais qu'on ne les doit cependant pas égaler <«< aux autres? Cela serait inexact. Le Saint-Esprit « n'est point donné avec mesure; il est répandu tout << entier en celui qui croit. Car, si le jour se lève éga«<lement pour tous, et si le soleil verse également sa <«< lumière sur le monde entier, à plus forte raison « Jésus-Christ, qui est le jour et le soleil véritable, << distribue-t-il également dans son Église la lumière << de la vie éternelle. Nous voyons même dans « l'Exode (1) une image de cette égalité, lorsque la <«< manne tombait du ciel, et, figurant les choses fu<< tures, marquait l'aliment du pain céleste, et la <«< nourriture de Jésus-Christ, qui devait venir. Car <«< chacun en prenait une mesure (2) égale, sans différence de sexe ni d'âge : ce qui montrait que la grace de Jésus-Christ, laquelle devait venir ensuite, <«< est communiquée également à tous sans différence « de sexe ou d'âge, et répandue sur tout le peuple de « Dieu, sans acception de personnes.

<<< Il est vrai cependant que la grace spirituelle, également conférée à tous les fidèles dans le batême, " peut être ensuite diminuée ou augmentée dans le

[ocr errors]

(1) Exode, XVI, 14.

(2) Qui s'appelait gomor. C'étaient trois pintes et quelque chose de plus, selon M. Genoude, note sur le verset 18.

α

«

« cours de notre vie par notre conduite et nos actions; comme vous voyez dans l'Évangile (1) que « la semence du Seigneur est semée également par« tout, mais que, selon la différence des terres qui « la reçoivent, une partie est absorbée, et l'autre produit du fruit en abondance, et rend trente, << soixante ou cent pour un. Mais, puisque nous « voyons aussi que chacun y est appelé pour recevoir « le même denier (2), pourquoi voudra-t-on dimi<< nuer par une interprétation humaine ce que Dieu a distribue également? Si quelqu'un est surpris de ce «< que, parmi les malades qui sont batisés, il s'en << trouve qui sont encore tourmentés par les esprits <«< immondes, qu'il sache que la malice opiniâtre du « diable peut s'exercer jusqu'à l'eau salutaire du ba« tême, mais qu'au batême toute la force de ce poison « est éteinte (3). Et nous voyons un exemple de cela « dans le roi Pharaon (4), qui, ayant persisté long« tems dans sa perfidie, n'y prévalut que jusqu'à ce qu'il fût arrivé à l'eau. Car, quand il y fut venu, « il fut vaincu, et périt misérablement. Or, que la « mer où il fut englouti ait été la figure du batême (5),

α

[ocr errors]

(1) De saint Matthieu, chap. XIII.

(a) Id., chap. 20.

(3) Et qu'ainsi il faut que ce soit par leur faute, et pour avoir violé l'innocence du batême.

(4) Exode, XIV, 24.

(5) Le mot batême en grec signifie immersion; mais il s'agit ici du sacrement.

« ZurückWeiter »