Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

<«< le bienheureux apôtre saint Paul le déclare lorsqu'il dit (1) :

[ocr errors]

<< Vous ne devez pas ignorer, mes frères, que nos « pères ont tous été sous la nuée; qu'ils ont tous passé « la mer Rouge, et qu'ils ont tous été batisés sous la «< conduite de Moïse, dans la nuée et dans la mer. « Et il ajoute (2) :

« Toutes ces choses ont été des figures de ce qui << nous regarde.

« Cela se fait même encore aujourd'hui. Car le « diable est fouetté, brûlé et tourmenté par la voix « des exorcistes et par la puissance divine. Et quoi<< qu'il mente souvent lorsqu'il dit qu'il sort et qu'il << va quitter les hommes qui appartiennent à Dieu, << comme Pharaon disait qu'il allait laisser partir les <«< Israélites, et qu'il n'en fesait rien, cependant

lorsqu'on en vient à l'eau salutaire et à la sanctifi«< cation du batême, nous devons savoir et tenir <«< pour assuré que le diable y est suffoqué, et que « l'homme, qui y est consacré à Dieu, en est entière« ment délivré par sa miséricorde. Car si les serpens « et les scorpions, qui sont forts sur la terre, ne peu<< vent conserver leur force et leur venin lorsqu'on << les jette dans l'eau, il ne faut pas douter que les << malins esprits, qui sont appelés des serpens et des scorpions, et que le Seigneur nous a cependant « donné le pouvoir de fouler aux piés, ne peuvent

[ocr errors]
[ocr errors]

(1) Première épître aux Corinthiens, X, 1 et 2.

(2) Id., verset 6.

« non plus demeurer davantage dans le corps d'un « homme qui a été batisé et sanctifié, et en qui le Saint-Esprit commence à faire sa demeure. »>

Fin de la lettre de saint Ciprien à Magnus. Le batême chasse l'esprit immonde. Définition des gentils. Explication d'un passage de la Genèse. 256.

le

CLI. « Enfin nous voyons même par expérience que « ceux que l'on a été obligé de batiser pendant leur « maladie, sont délivrés de l'esprit immonde qui les « tourmentait auparavant, mènent dans l'Église une « vie exemplaire, et augmentent de jour en jour par moyen de la foi, la grace qu'ils ont reçue. Il << arrive souvent au contraire que ceux qui ont été << batisés en bonne santé, s'ils viennent ensuite à pé«< cher, sont tourmentés par l'esprit immonde qui <«< rentre en eux, ce qui montre clairement que le diable est chassé dans le batême par la foi de celui qui le reçoit, et lorsque cette foi vient à manquer, « il retourne si ce n'est que quelques-uns trouvent <<< raisonnable de croire que ceux qui sont souillés « d'une eau profane hors de l'Église parmi des enne«< mis et des antéchrists, soient véritablement batisés, << tandis que ceux qui sont batisés dans l'Église re« çoivent moins de grace qu'eux; et qu'ils aient tant

[ocr errors]
[ocr errors]

« de respect pour les hérétiques, qu'ils pensent ne devoir point demander à ceux qui les quittent s'ils << ont été lavés ou arrosés, s'ils sont cliniques ou

[ocr errors]

péripatéticiens (1), pendant qu'ils diminuent parmi << nous la vertu et le mérite de la foi, et qu'ils déro«gent à la majesté et à la sainteté du batême de l'Évangile.

[ocr errors]

« Voilà, mon très cher fils, ce que je puis répondre << à votre lettre selon ma faiblesse. Je vous ai déclaré <«< mon sentiment, mais je ne prétends pas qu'il doive «< servir de règle à personne, ni empêcher par là les << autres évêques d'en user comme il leur plaira, sauf « à eux à rendre compte de leur conduite à Notre Seigneur, suivant ce que le bienheureux apôtre << dit dans son épître aux Romains (2) :

"

<< Chacun de nous rendra compte à Dieu pour « soi-même. Ne nous jugeons donc plus les uns les

<<< autres.

« Je souhaite, mon très cher fils, que vous vous portiez toujours bien. »

La décision que porte ici saint Ciprien en faveur des alités qui reçoivent le batême par aspersion, parce que c'est leur foi qui, comme il l'observe très bien, constitue le sacrement, est contraire à celle

(1) Alités ou promeneurs, c'est-à-dire s'ils ont reçu le batême couchés et malades, ou sains et debout. C'est une raillerie que saint Ciprien fait sur la secte de ces philosophes appelés péripatéticiens, parce qu'ils étudiaient debout et en se promenant.

(2) XIV, 12 et 13.

dans laquelle il condamne le batême donné par les hérétiques, puisque ceux qui reçoivent ce batême doivent aussi avoir la foi. Mais nous reviendrons sur ce sujet après avoir donné l'explication de ce mot gentils que j'ai cru devoir substituer à celui de païens, comme traduisant mieux le mot gentiles.

Les gentils (gentiles ou ethnici) répondent à ce que les Hébreux appelaient goiim (1); ils étaient ceux qui n'avaient reçu ni la foi ni la loi du Seigneur. Tout ce qui n'était pas Juif ni circoncis, était compris sous ce nom de goiïm. La porte de la vie et de la justification n'était ouverte aux nations que par la foi et par la profession de la religion des Juifs, avant JésusChrist. Ils appelaient prosélites ceux qui se convertissaient et qui embrassaient le judaïsme. Depuis la prédication de l'Évangile, la vraie religion n'a plus été bornée à une seule nation et à un seul pays, comme cela avait été sous la loi de Moïse; Dieu, qui avait promis par ses prophètes d'appeler les gentils à sa foi, a exécuté ses promesses avec une surabondance de graces: en sorte que l'Église chrétienne n'est presque remplie que de gentils convertis; et les Juifs, trop fiers de leurs prérogatives, ont été, pour la plupart, abandonnés à leur sens réprouvé, et ont méconnu Jésus-Christ, leur messie et leur libérateur, après lequel ils soupiraient depuis tant de siècles. Dans saint Paul (2), les gentils sont ordinairement

(1), Goiim, en grec Eva.

(2) Épître aux Romains, I, 14, 16; II, 9, 10; III, 9; X, 12.

compris sous le nom de Grecs. Judæus et Græcus distinguent les Juifs et les gentils. Saint Luc s'exprime de même dans les Actes (1).

Saint Paul est appelé communément l'apôtre des gentils (2) ou des Grecs, parce qu'il était principalement envoyé vers des peuples idolâtres, pour leur prêcher Jésus-Christ, au lieu que saint Pierre et les autres apôtres prêchaient plus ordinairement aux Juifs, d'où vient qu'on leur donne le nom d'apotres de la circoncision. Saint Paul dit lui-même (3): « J'ai <«< reconnu que le ministère de la prédication de l'Evangile aux incirconcis m'avait été confié, «< comme à saint Pierre celui de la prédication aux <<< circoncis. >>

On a prétendu que la vocation des gentils avait été annoncée d'une manière très précise dans les anciens prophètes, et voici sur quel fondement. « Ja<«< cob (4), » si l'on en croit dom Calmet (5), «< avait « prédit que les nations espéreraient au Messie, et << que celui qui devait être envoyé, le Siloh, serait « l'attente des gentils. » Il parle conformément à la traduction de saint Jérôme et au sens que nous donne

Première épître aux Corinthiens, I, 22, 24. Épître aux Galates, III, 28.

(1) VI, 1; XI, 20; XVIII, 4, etc.

(2) Première épître à Timothée, II, 7. Positus sum ego prædicator et apostolus et doctor gentium.

(3) Épître aux Galates, II, 7. Creditum est mihi Evangelium præputii, sicut et Petro circumcisionis.

(4) Genèse, XLIX, 10.

(5) Dictionnaire de la Bible, par dom Calmet, art. Gentil.

1

« ZurückWeiter »