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la Vulgate (1). Mais ce commentateur, d'ailleurs très habile, copie ici une faute grossière, si l'on en croit les Juifs modernes, en prenant une ville pour un homme. La traduction littérale de l'hébreu, suivant eux, est (2):

« Le sceptre ne sera point enlevé à Jéhouda (Juda), « ni le législateur d'entre ses piés (sa postérité), jusqu'à ce qu'il arrive à Schilo, et que les peuples << s'assemblent autour de lui. »>

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Saint Jérôme et dom Calmet ne sont pas les seuls qui aient ainsi compris cette expression Schilo, Siloh ou Silo; car l'écriture hébraïque, où les points fixent aujourd'hui la valeur des lettres, lui donne différentes valeurs selon qu'ils y sont placés. Il n'est

pas de mot sur lequel on ait autant écrit, et qui ait autant servi à construire des édifices théologiques à perte de vue. Onkelos ou plutôt Onklousse et les talmudistes ont prétendu qu'il s'agissait du Messie, parce que les lettres hébraïques, qui forment le mot Schilo, prises numériquement, composent le nombre trois cent cinquante-huit (3). Il faut être talmudiste pour comprendre la force de cet argument, que le Juif moderne, interprète de la Bible, n'approuve nullement. Il croit que la Genèse annonce ici le passage de la monarchie sous le fils de Salomon, Roboam, qui, l'an 962 avant notre ère, fut réduit aux

(1) Ipse erit expectatio gentium.

(2) La Bible, traduite par Cahen. Paris, 1831, I, 175. (3) Note de M. Cahen.

tribus de Juda et de Benjamin, Jéroboam lui ayant enlevé les autres tribus (1). Or, Jéroboam était fils de Nabath, de la tribu d'Éphraïm, et descendant de Josué (2).

En effet, Silo, ville de la tribu d'Éphraïm, dont il serait question selon l'interprète juif, était située sur une montagne au nord de Béthel, et devint célèbre par la suite de plusieurs événemens importans dont elle fut le théâtre. Ce fut là que l'arche sainte fut déposée et que s'opéra le partage des terres entre les diverses tribus (3), l'an 1604 avant notre ère (4): aussi ce fut, à tous égards, un lieu révéré. La présence de l'arche et du tabernacle y fit célébrer annuellement des fêtes religieuses, auxquelles, dans plusieurs circonstances, tout Israël était convoqué. L'une et l'autre y restèrent jusqu'à ce que les Philistins se fussent emparés de la ville (5), l'an 111 2 avant notre ère, sous le grand-prêtre Héli. Saül la reprit ensuite, et sans doute les anciennes fêtes y furent de nouveau célébrées. Il est donc vraisemblable qu'Israël y était rassemblé lorsque Jéroboam se révolta et prit pour sa capitale Sichem qui en était peu éloignée.

(1) Voyez l'abrégé de l'histoire sainte dans l'Art de vérifier les dates avant Jésus-Christ.

(2) Dictionnaire de la Bible, art. Nabath.

(3) Livre de Josué, chap. XVIII, 1, 2, 3, etc.

(4) Selon la chronologie de l'Art de vérifier les dates avant Jésus-Christ.

(5) Dictionnaire géographique de la Bible, par Barbier du Bocage. Paris, 1834, art. Silo.

pas

Les Juifs modernes, en détruisant ainsi l'argument de dom Calmet, font faire à Jacob une prédiction si claire et si précise qu'ils feraient croire que le sage a été ajouté par Esdras postérieurement aux faits annoncés. L'explication donnée par d'anciens talmudistes et admise par saint Jérôme est donc préférable; le savant Rosenmüller la prouve très bien (1), et nos modernes interprètes la reçoivent

(1) Scholia in vetus Testamentum. Pars prima. Lipsiæ, 1821, p. 698. Ni Rosenmüller, ni aucun autre interprète, n'ont considéré ce passage sous un point de vue très simple et qui m'a paru facile à concevoir. Moïse, en fesant parler Jacob, devait naturellement faire allusion aux événemens, tels qu'ils se passaient au tems où il écrivait. Or, alors le commandement passa de lui à Josué, qui était de la tribu d'Éphraïm. C'est donc au commandement de Josué qu'il fait ici allusion, lorqu'il dit (XLVIII, 20) qu'Éphraïm, quoique le plus jeune, précédera Manassé. Cette opinion mériterait d'être examinée dans un mémoire particulier. Je la recommande à l'examen des savans. Elle est propre à démontrer aux incrédules l'authenticité du texte de Moïse, qui parlerait ici un langage qu'on ne peut attribuer qu'à lui.

Au lieu de faire ici de longues recherches, soit grammaticales, soit historiques et critiques, sur le véritable sens de ce verset important, je me contenterai d'exposer les différentes interpréta tions que l'on trouve dans les plus anciennes traductions, et desquelles on ne se douterait guère si l'on ne lisait que la Vulgate, où ce verset est rendu ainsi : Non auferetur sceptrum de Judd, et dux de femore ejus, donec veniat qui mittendus est, et ipse erit expectatio gentium. Au lieu des mots qui mittendus cst, on en a donné plusieurs en lisant différemment l'hébreu. Je saisis avec plaisir cette occasion pour faire observer combien il est nécessaire à celui qui veut faire une étude sérieuse de l'Ancien Testament, de connaître non-seulement le latin et le grec, mais encore l'hébreu, avec les autres dialectes sémitiques. Si, malgré cela, il lui reste encore quelques passages obscurs, il pourra du moins saisir le point qui a donné lieu aux diverses interprétations et saura

sans difficulté (1). Il n'entre pas dans mon plan de placer ici la suite des raisonnemens de dom Calmet, et je reviens à saint Ciprien.

Traité de la Patience, par saint Ciprien.

256.

CLII. Il était sans doute pénible pour saint Ciprien d'avoir une discussion assez vive avec le chef visible

de l'Église, l'évêque de Rome Étienne. C'est ce qui

choisir celle qui lui paraîtra le plus vraisemblable. Voici les six leçons du mot Schilo.

שלה 56 ; שלו *4 et שילו 36 ou שלה 26 ou שילה 16

Schiloh ou Schloh ou Schilov et Schlov; Schelloh

.אשר-לו * pour שלה 6 ou

ou Schalloh pour

Scher-lov.

Les première, deuxième, troisième et quatrième sont les différentes formes du même mot dont la signification est incertaine. Les cinquième, sixième et conséquemment septième, dont les cinquième et sixième sont la contraction, signifient « à qui il est dû, » et cette significatiou a été adoptée par les Septante dont je préfère la traduction faite sur l'ancien texte hébreu conservé dans le temple, au texte arrangé et falsifié par Akiba, après l'incendie du temple de Jérusalem, où l'ancien texte fut brûlé. La falsification est prou. vée par l'altération évidente des calculs chronologiques. Flavius Joseph et Eusèbe ont préféré avec raison celui des Septante, conforme à celui de Manéthon. On n'a pas imprimé ici les points voïelles qu'il sera facile de suppléer.

(1) Voyez la longue note de M. Genoude sur le chap. XLIX, verset 10, de la Genèse.

lui fit composer le Traité suivant, annoncé (art. CXLII) dans sa lettre à Jubaïanus.

Utilité de la patience (1).

Ayant le projet de parler de la patience et d'en « développer les avantages, par où puis-je commen« cer plus à propos, mes très chers frères, que par « observer que vous avez besoin de patience pour « m'écouter? Vous n'en pouvez donc même entendre parler, sans en avoir. Car nous ne pouvons profiter « de ce qu'on nous dit, sans l'écouter patiemment. « Aussi de tous les moyens que notre religion nous fournit pour acquérir les biens qui nous sont pro« mis, je n'en vois point de meilleur ni de plus utile que la patience. Les philosophes font profession << de cette vertu aussi bien que nous; mais leur pa<< tience est aussi fausse que leur sagesse. Car, com« ment pourraient être patiens ceux qui ne connais<< sent ni la sagesse ni la patience de Dieu? C'est ce qui lui fait dire de ceux qui se croient sages (2): « Je détruirai la sagesse des sages; j'obscurcirai « l'intelligence de ceux qui se croient habiles.

α

<< Le bienheureux apôtre saint Paul, rempli du << Saint-Esprit et envoyé pour appeler et convertir

(1) De bono patientiæ. C'est le neuvième dans l'édition de Rigault. Celles d'Oxford et d'Amsterdam le placent après la lettre à Jubaïanus et conséquemment en 255, suivant leur calcul. J'ai prouvé qu'il était défectueux, et j'ai préféré celui de Baluze. (2) Isaïe, XXIX, 14.

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