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Saint Saturnin ayant établi son siège épiscopal à Toulouse, l'an 250 (1), y avait formé, avant de souffrir le martire, plusieurs disciples qui, étant imbus de sa doctrine, allèrent la répandre en d'autres lieus, et y fonder des églises. L'histoire ne nous les fait pas connaître tous. Mais on croit que saint Honorat, son successeur immédiat dans le siège de Toulouse, saint Papoul, qui donna son nom à l'église qu'il établit, saint Honeste, prêtre de Nimes, apôtre de la Navarre, et le bienheureux Céraste, premier fondateur de l'église d'Eause, furent tous disciples de saint Saturnin. Cette dernière église était autrefois métropole du pays que l'on a depuis nommé la Gascogne; mais le siège en a été tranféré dans la suite à Auch. On prétend même que saint Saturnin, soit après s'être arrêté à Toulouse, soit auparavant, avait établi diverses églises en Espagne. Ses disciples (2) formèrent des élèves, dont Dieu se servit pour étendre le christianisme en d'autres parties des Gaules. On met de ce nombre particulièrement saint Firmin, qui, après avoir été instruit par saint Honeste, et ordonné évêque, alla prêcher l'Évangile en Albigeois, en Auvergne, en Anjou, d'où

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passa à Beauvais, et de Beauvais à Amiens, dont il est considéré comme le premier évêque. Il y a bien de l'apparence (3) que l'église d'Albi, qui fut fondée

(1) Mém. pour servir à l'Hist, ecclés., par Tillemont, III, 292, 302, 303:

(2) Id., p. 303, 304.

(3) Gallia christiana nova, t. I, p. 3. ̧

au moins dès la fin de ce siècle, eut pour fondateur quelque élève de saint Saturnin ou de ses disciples (1).

Suite de l'histoire du progrès du christianisme dans les Gaules.

ССІХ. Се

257.

CCIX. Ce que l'on vient de voir s'être fait par le ministère de saint Saturnin et de ses disciples, en faveur de la propagation de la foi dans les provinces voisines de Toulouse, les autres missionaires et leurs disciples le firent de leur côté en d'autres endroits. C'est ce que Grégoire de Tours (2) reconnaît en particulier au sujet de l'église de Bourges, dont il rapporte la fondation à un élève des apôtres de notre foi. Quoiqu'il dise ailleurs (3) que le premier évêque de cette église reçut sa mission des disciples. des apôtres mêmes, cela ne doit pas tirer à conséquence. C'est une manière de parler qui à la vérité a été trop souvent prise à la lettre, mais qui ne signifie autre chose dans la plupart des écrivains que recevoir sa mission de Romne qui est le siège apostolique. Dès

(1) Histoire litéraire de France, t. I, partie I, p. 307. (2) Édition de ses œuvres, en 1699. De Hist. Franc., a 29. (3) Glor. confess., c. 20, p. 961.

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l'empire de Valérien et Gallien (1), peu après le milieu de ce siècle, peut-être même cette année 257, qui fut celle où l'édit de Valérien, non éxécuté par Postume, fit venir beaucoup de chrétiens dans les Gaules, il y avait une église à Gabales, en Gévaudan, gouvernée par saint Privat. Celui-ci pouvait être disciple de saint Austremoine (2), évêque des Auvergnats. Saint Austremoine en forma sans doute bien d'autres, et c'est de lui que le Puy en Vélai (3), qui est une ancienne église dans le voisinage d'Auvergne, put recevoir son premier évêque. De même les autres églises de l'autre partie de l'Aquitaine, eurent, selon toute apparence, leurs premiers évêques de la main de saint Martial, évêque des Limousins. On croit en effet que saint Ausonę, premier évêque d'Angoulême, fut l'un de ses disciples (4). Rien n'einpêche que les fondateurs des églises de Bordeaux, de Saintes, de Poitiers, de Périgueux, et peut-être d'Agen, n'aient eu le même avantage. Il est au moins vrai que ces églises étaient trop célèbres dans le commencement du quatrième siècle, pour n'avoir pas été établies dans le siècle précédent (5). Une basilique sous l'invocation de saint Denis, à Bordeaux, fondée par Amélius (6), semblerait faire

(1) Hist. Franc., l. 1, n. 30, 32.

(2) Tome XVI de ces annales, p. 439.

(3) Gallia christiana nova, I, 688.

(4) Mém. pour servir à l'Hist. ecclés. par Tillemont. IV, 477(5) La France litéraire, t. I, partie I, p. 308.

(6) Tome XIV de ces Annales, p. 444.

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croire qu'un disciple de saint Denis, peut-être Amélius lui-même, avait fondé l'église de Bordeaux. On a cru que Léontius, qui vivait l'an 541, était le successeur immédiat d'Amélius (1); mais cette croyance n'est fondée que sur les vers que j'ai rapportés (2), dans lesquels Fortunat parle de la basilique de SaintDenis à Bordeaux. J'ai donné ces vers d'après les deux meilleures éditions et les plus récentes des œuvres du poète latin. Ils sont rapportés différemment dans l'ouvrage que je cite içi. Voici son texte :

Qui cupis egregii structorem noscere templi,
Tam pia non patiar vota latere tibi.
Longiùs hinc olim sacra cum delubra fuissent,
Et plebs ob spatium sæpè timeret iler;
Exiguam dederat hic præsul Amelius, arcem,
Christicolam populum nec capiente loco.
Quo vite claudente diem, pro lege graduque
Venit ad haeredem hoc opus hicque locus.
Fundatamque piam dehinc papa Leontius aulam,
Obtulit et Domino splendida dona suo.
Quam venerandus habet propriam Dionysius ædem,
Nomine sub cujus sanctificata nitet!

Ceux qui peuvent ignorer que le mot dehinc peut n'avoir qu'une sillabe en vers, s'en convaincront par les exemples suivans, tirés de l'Énéide de Virgile:

(1) Gallia christiana nova, II.

(2) Tome XVI, p. 443.

Eurum ad se, Zephyrumque vocat: dehinc talia fatur. AEneidos I, vers. 131.

Oscula libavit nata: dehinc talia fatur.

Ibid., 256.

Desuper ostentat: dehinc summa cacumina linquunt.

AEneidos VI, vers.

678.

Telorumque memor : cælum dehinc questibus implet. AEneidos IX, 480.

La traduction s'éloignerait un peu de celle que j'ai donnée (1), surtout à cause du septième vers, dont la fin est tout-à-fait différente. Voici la traduction de ce nouveau texte :

« Vous qui désirez connaître celui qui a fait con«struire ce temple magnifique, je ne veux pas vous <«< laisser ignorer les détails de cette pieuse fondation. <«< Autrefois loin de là se trouvait une petite chapelle; <«< mais comme le peuple ne la fréquentait pas, à <«< cause de la longueur du chemin, l'évêque Amélius « donna un petit édifice aux chrétiens trop nombreux « pour pouvoir y être contenus. Après sa mort, ce « monument et le lieu où il se trouvait passèrent, « selon la loi, à l'héritier de ses nobles fonctions. L'évêque Léontius fonda ensuite une sainte église, « et offrit de riches présens à son seigneur le véné«rable Denis, sous le nom duquel a été sanctifié le temple qui lui appartient aujourd'hui. »

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