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« même qu'il déclare qu'en ce point il l'imiterait. >>

Note du traducteur Leroi sur le passage de saint Ciprien. Elle manque dans l'édition latine.

<< Saint Augustin rapporte dans deux endroits le << passage de saint Ciprien objecté par le sieur Charlas, >> que je crois devoir faire connaître ici.

Antoine Charlas, prêtre, était né à Conserans. Il fut pendant plusieurs années supérieur du séminaire de Pamiers, sous l'épiscopat de M. Caulet. Après la mort de ce prélat, arrivée le 7 août 1680, il alla à Rome, où il se fixa. Il y composa divers ouvrages. 1. Tractatus de libertatibus ecclesiæ gallicanæ, à Liége, 1684, in-4°. Son but était seulement d'attaquer différens abus qu'il croyait avoir été introduits par les jurisconsultes français, et par les magistrats de ce royaume, sous prétexte de conserver les libertés de l'église gallicane. Mais M. Casoni, depuis cardinal, l'engagea à étendre la matière, et à traiter aussi des droits et des prérogatives du pape, que l'on prétendait violés dans les quatre célèbres articles du clergé de France, de l'an 1682. Il y a de cet ouvrage une édition bien plus ample, imprimée à Rome en 1720, en 3 volumes in-40. 2. Causa Regalia penitùs explicata adversùs dissertationem Natalis Alexandri de jure Regalia, à Liége, 1685 in-4°. 3. Dissertatio de Probabilitate. 4. Oratiuncula de vocandis ad episcopatum. 5. De primatú summi pontificis, in-8°. 6. De la puissance de l'Église, contre le père Maimbourg. Charlas mourut à Rome le 7

!

avril 1698 (1). C'est contre un passage de son premier ouvrage que combat ici le traducteur Leroi en faveur de saint Ciprien.

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« Le premier endroit (de saint Augustin) est aut << second livre, sur le batême, contre les Donatistes, chapitre III, num. 4, tome IX, p. 97; puis il ajoute tout de suite: nunc se, si audent, superbæ a et tumidæ cervices hæreticorum adversùs sanc« tam humilitatem hujus sermonis extollant! Ainsi <«<le saint docteur trouve occasion d'admirer la pro« fonde humilité de saint Ciprien, dans le passage << même dont Charlas abuse pour lui attribuer des pensées pleines d'orgueil. Le second endroit est << dans le même ouvrage, livre III, chapitre III, « num, 5, page 110, où saint Augustin donne cette interprétation aux mêmes paroles du saint martir: Opinor utique in his quæstionibus quæ nondùm eliquatissima perspectione discussæ sunt: c'est-à«< dire qu'un évêque ne peut pas être jugé par un << autre évêque sur des questions obscures, douteuses, << non encore bien éclaircies; d'où il suit que le pape << Étienne ne pouvait obliger saint Ciprien, sous peine «< d'anathème, à embrasser son sentiment sur la question encore obscure de la rebatisation, ce qui « est très vrai. Voilà tout ce que veut dire le saint «< martir, selon saint Augustin, qui était beaucoup « mieux instruit de ses sentimens et de ses disposi« tions, que notre auteur moderne. J'ajouterai que,

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(1) Dictionnaire de Moréri. Paris, 1759, art. Charlas.

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« quand saint Augustin ne nous aurait pas donné « cette interprétation, nous trouverions abondam<«<ment dans les ouvrages de saint Ciprien de quoi «le justifier contre l'accusation calomnieuse de << Charlas. Car outre que ce saint fait paraitre par« tout un caractère admirable de douceur et d'humilité, il inculque sans cesse que, dans l'Église, tout « se rapporte à l'unité, tout se décide par l'unité, « et que, par conséquent, l'unité est toujours en « droit de corriger et de juger un évêque qui alté<«< rerait la saine doctrine. Il n'est pas permis d'in« vectiver contre les saints que l'Église respecte le << plus, et de porter la témérité jusqu'à attribuer << des sentimens d'une présomption insupportable à << un homme tel qu'était saint Ciprien, que Dieu, ce « semble, a voulu principalement sanctifier par la « voie de l'humilité. >>

Quelle est en effet la conduite de saint Ciprien? il a le malheur de se trouver en opposition avec l'évêque de Rome. Il pouvait se conduire comme Étienne, et combattre seul contre un adversaire qu'il aurait pu ne pas craindre. Au lieu de suivre l'exemple qui lui était donné, il assemble quatre-vingt-six évêques à Carthage et leur dit (1), « Ce qui reste à <«<faire, c'est que chacun de nous dise son avis sur «< ce point, ne condamnant et n'excommuniant per « sonne à ce sujet, quand même il aurait une autre opinion. Car aucun de nous ne se constitue évêque

(1) Voyez ci-dessus, tome XVIII, p. 333.

« des évêques, et ne prétend contraindre tirannique<< ment ses collègues à obéir, puisque tout évêque est « libre de faire ce qui lui plaît, et ne peut pas plus « être jugé par un autre, que juger les autres; mais << nous attendons tous le jugement de Notre Seigneur «< Jésus-Christ qui seul a le pouvoir de nous établir << au gouvernement de son Église, et de juger notre

«< conduite. »

On voit que saint Ciprien veut dire seulement qu'il ne s'établit point évêque des évêques d'Afrique, qu'il ne menace point d'excommunier ceux qui préféreront l'opinion de l'évêque de Rome à la sienne, et qu'il laisse une entière liberté à tous les membres du Concile d'énoncer leur sentiment. Il n'y a certainement aucun orgueil dans cette conduite; il n'y a que de l'humilité, comme le dit saint Augustin, et une indépendance complète laissée à tous les membres du

concile.

Livre neuvième, chapitre six, de Bossuet.

CCXLII. Je reviens à l'ouvrage de Bossuet, qui, après avoir prouvé par l'exemple de saint Ciprien qu'il y a des occasions où les saints eux-mêmes ne se sont pas crus obligés de déférer aveuglément à l'opinion du pape, ajoute :

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« son opinion, ont-ils regardé comme indifférente la question de la rebatisation? »

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<< Le compilateur de la doctrine des Donatistes (1) << trouve un autre moyen d'éluder la difficulté: il << soutient que saint Ciprien, saint Firmilien et tous « les autres évêques qui embrassèrent son opinion, << étaient convaincus que le pape Étienne n'avait pas << prétendu juger définitivement cette question, et << qu'au reste ces saints la regardaient comine indif« férente.

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« Il ajoute : Voilà tout ce qu'ont voulu dire << saint Ciprien, saint Firmilien et les autres évêques << qui leur étaient attachés. Hélénus (2), Denis (3) et Augustin assurent que le pape Étienne n'avait rien « prononcé sur la question de foi, mais seulement « sur de simples questions de fait, qui concernaient << la discipline observée diversement chez les différens peuples or ce pape ayant pu se tromper sur ces << sortes de matières, on pouvait conséquemment lui « désobéir sans crime, jusqu'à la décision du concile « de Nicée.

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« Je m'étonne que des gens habiles avancent de pareilles absurdités. Quoi, vous prétendez que << saint Ciprien, saint Firmilien, et tous les évêques « de leur parti, regardaient cette question comme << INDIFFÉRENTE; eux qui se servent des expressions

(1) Libellus de Doctrina Lovanensium, p. 56.

(2) Evêque de Tarse.

(3) Évêque d'Alexandrie.

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