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se présentent pour entrer dans leur secte, sans les éprouver : il ajoute néanmoins qu'on peut encore se relâcher à l'égard de ceux-ci, si cela contribue à en faire rentrer plusieurs dans le sein de l'Église (1).

On voit que saint Basile ne fait aucune mention du Concile général de Nicée, tenu cinquante et un ans avant que cette lettre ait été écrite, quoique, selon le docteur de l'église gallicane, ce Concile eût décidé la question, ainsi que l'a cru aussi saint Jérôme. Aussi Bossuet invite-t-il les Savans (art. CCXLIV) à éclaircir la question, et son traducteur Leroi lui répond ainsi dans une note (2).

L'illustre auteur invite les Savans à éclaircir ce << qu'il vient de dire au sujet de saint Firmilien et de << saint Basile : je ne présume point que cette invitą<«<tion me regarde. Néanmoins puisque j'ai déjà dit <«< un mot (art. CCXLIV) sur ce qui concerne saint « Firmilien, et qu'il me paraît aisé de justifier saint Basile; je vais entreprendre de le faire en peu de << mots. Les révérends pères bénédictins, éditeurs des << ouvrages de saint Basile, disent que ce saint était, « au fond, du sentiment de saint Ciprien et de saint. << Firmilien, quoiqu'il eût en partie corrigé leur er<< reur. Nous découvrirons au juste ce qui en est, si. << nous fesons une discussion exacte du premier canon << de sa lettre à Amphiloque. Le saint y distingue

(1) Ici finit la note du traducteur français, p. 738.

(2) Défense de la déclaration du clergé de France. Amsterdam, 1745. III, 19.

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« l'HÉRÉSIE du SCHISME: il dit que l'on rebatise les « HÉRÉTIQUES, et non les SCHISMATIQUES. Les HÉRÉ« TIQUES qu'on rebatise sont les Manichéens, les Va«lentiniens, les Marcionites, les Pépuzéniens ou Mon<< tanistes, etc. Les SCHISMATIQUES qu'on ne rebatise a pas sont les Cathares ou Novatiens, les Encratites; « les Aquariens (hydroparastates), etc. Le saint ajoute qu'il faut suivre sur ce point la coutume du pays, c'est-à-dire que les évêques doivent examiner lesquelles de ces sectes pervertissent la forme du ba«< tême. Car il est très remarquable que ce saint ne << met au nombre des HÉRÉTIQUES que ceux qui en << effet avaient perverti la forme du batême, au lieu qu'il nomme simplement SCHISMATIQUES ceux qui, .quoiqu'ils eussent des dogmes particuliers con<< traires à ceux de l'Église, avaient pourtant, conservé << sans altération la forme du batême; mais comme «< ces sectes varient selon les circonstances des tems « et des lieus, et que telle secte pervertissait dans un pays la forme du batême, qui ne la pervertis<< sait pas dans un autre, saint Basile a raison de << dire qu'il faut s'en tenir à la coutume: on prouve « par le saint docteur même, les variations de ces « hérétiques. Car ce saint, après avoir rejeté lebatême « des Montanistes donné au nom du Père, du Fils et « de Montan ou dePriscilla, ajoute tout de suite qu'il «< s'en rapporte à la coutume; pourquoi? sinon parce qu'il savait que les Montanistes n'avaient pas per<< verti partout la forme du batême? Ce saint était << trop convaincu de la nécessité du batême chrétien,

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<< pour croire qu'une coutume, quelque ancienne « qu'elle eût été, pût empêcher de réitérer le batême <«< donné au nom de Priscilla. Je trouve encore que «< ce saint qui, dans sa première épître canonique, « met les Encratites au nombre des SCHISMATIQUES qu'on ne doit pas rebatiser, dit, dans sa seconde (1), « qu'il faut les rebatiser il y avait apparemment « deux sortes d'Encratites, les uns qui pervertissaient << la forme du batême, les autres qui suivaient la forme «usitée dans l'Église. Cela prouve que certains héré

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tiques, quoiqu'ils portassent le nom d'une même << secte, administraient diversement le batême. En un << mot, il me paraît évident que saint Basile appelait « HÉRÉTIQUES ceux qui corrompaient le batême et « qui, en conséquence, devaient être rebatisés, et <«<l'étaient en effet dans toutes les églises; et qu'il <«< donnait le nom de SCHISMATIQUES à ceux qui << n'ayant point corrompu la forme du batême, étaient « aussi reçus dans toutes les églises sans être rebatisés. « Il faut ou entendre dans ce sens ce que dit ce saint, «< ou lui attribuer des principes insoutenables et même << contradictoires, >>

Du canon 47 de saint Basile.

CCXLVIII. On vient de voir que la seconde épître canonique de saint Basile revient sur ce qu'il avait

(1) Canon 47, que je donnerai ci-après.

XIX.

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dit dans la première au sujet de la rebatisation des hérétiqués. C'est dans son canon 47 qu'il faut encore que nous puisions son opinion sur la matière qui nous occupe. Nous y trouverons une espèce de supplément ou de commentaire au canon premier. En voici le texte littéral.

<< Les Encratites, les Saccophores, les Apotactites « doivent être traités de la même manière que les « Novatiens, puisqu'à l'égard des uns il y a bien des <«< canons, mais différens, et qu'il n'a été rien décidé « à l'égard des autres. Pour ce qui est de nous, nous « les rebatisons; mais si cette rebatisation n'est pas

permise chez vous non plus que chez les Romains, « par une condescendance particulière, ayez égard « pour eux à notre sentiment. Car leur hérésie est «< comme une branche de celle des Marcionites, qui << ont en horreur le mariage et le vin, qu'ils disent «<souiller la créature de Dieu : C'est pourquoi nous << ne voulons pas les admettre dans notre Église, s'ils ne se font batiser selon notre formule. Qu'ils ne se << flattent point d'être batisés au nom du Père, du <«< Fils et du Saint-Esprit, puisqu'ils disent comme « Marcion et les autres hérétiques que Dieu est l'au«teur du mal. Si donc vous le jugez à propos, il faut «< convoquer plusieurs évêques pour faire un canon « sur ce sujet, afin qu'on puisse les rebatiser sans danger, et que l'on ait une règle certaine qu'on juge devoir suivre sur cette matière. »

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On voit que l'objet de ce canon est encore le batême des hérétiques. Saint Basile dit qu'on doit en

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user de la même manière à l'égard des Encratites,' des Saccophores et des Apotactites, qu'à l'égard des Novatiens; et la raison qu'il en donne, c'est qu'à l'égard des premiers il n'y a point encore de règle établie, et qu'à l'égard des seconds il y en a de différentes d'où il suit que, pour le mieux, il faut suivre l'usage de l'Église où l'on vit: cependant il conseille à Amphiloque, s'il est dans un pays où, comme chez les Romains, on ne rebatise pas ceux que ces hérétiques ont batisés, et que néanmoins les motifs qu'il a allégués dans la première lettre pour la nullité de leur batême fassent impression sur lur, il doit tenir un concile pour y faire ordonner qu'ils seront rebatisés, afin qu'on ne puisse l'accuser d'être novateur (1). Saint Basile ne croit donc pas qu'il y ait eu décision d'un cóncile général sur ce sujet, même pour les Novatiens, comme Bossuet l'a pensé. Quant au concile d'Arles, j'ai déjà observé qu'il n'était pas connu en Asie.

Les Manichéens se déguisaient.sous le nom d'Encratites, d'Apotactites, d'Hydroparastates ou de Saccophores. C'étaient des hérésies plus anciennes et moins odieuses, dont les Manichéens emprúntaient les noms pour se garantir de la haine publique. Ils se nonmaient Encratites ou Continens, parce qu'ils condamnaient le mariage; Hydroparastates ou Aquariens, parce qu'ils n'employaient que de l'eau

(1) Note du traducteur des Lettres de saint Basile, l'abbé de Bellegarde, p. 742 et 743.

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