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contient, sous les espèces du pain et du vin, JésusChrist tout entier, c'est-à-dire sa divinité, son âme et son corps, pour la réfection spirituelle du chrétien, suivant l'institution de Jésus-Christ même (1). Saint Ciprien n'emploie point ce nom d'Eucharistie, et ce sacrement n'est chez lui que celui du calice du Seigneur. Il regarde l'eau comme devant nécessairement y entrer, mais non pas seule. Notre doctrine actuelle n'est pas tout à fait la même, puisque l'eau, suivant nous, n'y est pas nécessaire.

La matière nécessaire de l'Eucharistie, sans laquelle on ne peut consacrer validement, c'est le pain de blé ou de froment, et le vin de la vigne, que JésusChrist a choisis lui-même, tant parce que le pain et le vin, qui nourrissent le corps, sont très propres à signifier l'effet de la chair et du sang de JésusChrist, qui nourrissent l'âme, que parce que ces mêmes matières sont très convenables pour faire comprendre aux fidèles qu'ils ne doivent avoir entr'eux qu'un même cœur et qu'une même âme, puisqu'ils ne sont qu'un corps, comme plusieurs grains de blé ne font qu'un pain, et plusieurs grains de raisin ne font qu'un vin (2). C'est ce qu'observe saint Ciprien, qui combat avec raison ceux qui ne voulaient employer que l'eau dans l'Eucharistie, apparemment dans les parties de l'Afrique où le vin ne se trouvait que difficilement.

(1) Analyse des Conciles, par Richard. Paris, 1773, III, 760. (2) Id., ibidem.

Il faut mêler un peu d'eau avec le vin dans la consécration du calice; mais ce mélange d'eau n'est que de précepte ecclésiastique, et par conséquent l'eau n'est point une matière nécessaire, mais seulement accessoire, de l'eucharistie; en sorte que la consécration serait valide, quoiqu'illicite, sans ce mélange d'eau (1).

Comme je viens de le dire, le mélange de l'eau avec le vin est de précepte ecclésiastique: le prêtre est donc obligé d'en mêler au vin; mais dans une quantité qui n'excède jamais le tiers du vin. Si le prêtre s'aperçoit, après la consécration seulement, qu'il n'a point mêlé d'eau au vin, il n'en doit point inêler; mais s'il s'en aperçoit avant la consécration, il en doit mêler (2).

On distingue le ministre de la consécration et celui de la dispensation ou distribution de l'eucharistie.

Les ministres de la consécration sont les seuls prêtres, parce que ce sont les seuls auxquels JésusChrist donna le pouvoir et l'ordre de consacrer, par ces paroles qu'il leur adressa dans la personne des apôtres « Faites ceci en mémoire de moi. »>

Les prêtres et les évêques sont les ministres ordinaires de la dispensation de l'eucharistie, comme ils le sont de sa consécration. Les diacres l'étaient aussi autrefois, et ils pourraient encore aujourd'hui l'être

(1) Id., p. 762. (2) Id., p. 764.

extraordinairement, dans le cas où un curé ne pouvant ni porter lui-même, ni faire porter par un autre prêtre, le viatique à un malade, chargerait un diacre de cet office. Quant aux clercs, inférieurs et aux simples laïcs, ils s'administraient autrefois l'eucha ristie et la portaient aux autres. Les hommes la recevaient sur la main nue, se communiaient euxmêmes, soit à l'église pour l'ordinaire, soit dans leur maison en certains cas. Quant aux femmes, elles se communiaient aussi elles-mêmes, avec cette diffé rence qu'au moins en certains endroits, comme en France et en Afrique, elles ne recevaient pas l'eucharistie sur la main nue, ainsi que les hommes, mais sur la main couverte d'un linge blanc, appelé DOMINICAL (1).

Cinquième lettre de saint Denis d'Alexandrie. Persécution d'Afrique.

257.

CLXXXV. J'ai parlé plus haut (art. CLXXIX), de la quatrième lettre de saint Denis, évêque d'Alexandrie. La cinquième est adressée à Sixte, évêque de Rome, et a pour objet le batême des hérétiques. Denis, après y avoir parlé amplement des hérétiques, rapporte une histoire arrivée de son tems. « J'ai be «< soin, » dit-il, « mon frère, de votre conseil, dans

(1) Id., p. 768.

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la crainte où je suis de me tromper sur la décision <«< d'une affaire pour laquelle j'ai été consulté. Un de « nos frères, qui avait toujours passé pour fidèle, et qui non seulement avant que je fusse évêque, mais <«< avant même que le bienheureux Héraclas le fût, c'est-à-dire avant l'an 231, « avait toujours vécu dans «< la communion de l'Église, ayant assisté à la céré<«<monie du batême, et ayant entendu les demandes « que l'on fait à ceux qui le reçoivent, et leurs ré«ponses à ces demandes, vint se jeter à mes piés en pleurant et en se plaignant de son malheur. Il me dit que le batême qu'il avait reçu de la main des hérétiques, n'était point semblable au nôtre, et qu'il n'y avait rien de pareil entr'eux. Il assura que le batême qu'il avait reçu était plein d'impiétés << et de blasphêmes. Il ajoutait qu'il se sentait pressé <«< d'une douleur cuisante, et qu'il n'osait lever les ïeux

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« au ciel par la honte et le regret d'avoir reçu cet abo<«< minable batême. Il me priait de lui en donner un véritable qui lui conférât la grâce de l'adoption. Je n'en ai osé rien faire, et je lui ai répondu que << le long tems qu'il avait vécu dans la communion « de l'Église devait lui suffire; qu'il avait souvent « entendu les prières et répondu : ainsi soit-il; qu'il « s'était présenté à la sainte table; qu'il avait avancé « sa main pour recevoir le pain consacré; enfin qu'il <<< avait très souvent participé au corps et au sang de << Notre Seigneur Jésus-Christ. Je l'ai exhorté d'avoir << bon courage, et de continuer toujours d'y participer avec foi et espérance. Cependant il ne peut se con

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soler; ila horreur de s'approcher de la sainte table, et à peine obtient-on de lui qu'il assiste aux prières (1).

pas

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On voit par cette lettre que Denis ne se décidait facilement à suivre la doctrine des conciles d'Iconium et de Sinnade, et qu'il n'était pas disposé à rebatiser ceux qui avaient reçu le batême des hérétiques, même lorsqu'ils le désiraient.

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Il y a encore une autre lettre qu'il a écrite sur le batême, tant en son nom qu'en celui de son église, à Sixte, évêque de Rome, où il traite très amplement de cette question. Il y en a de plus une autre de Lucien à Denis, prêtre de Rome (2), que j'ai conjecturé avoir composé le Traité attribué jusqu'à présent à un auteur incertain (art. CLXIX). Mais ces deux lettres, qui existaient du tem d'Eusèbe, n'existent plus aujourd'hui, et le contenu en est ignoré.

J'ai dit (art. xcvi) que Valérien, qui gouvernait l'empire, depuis l'an 253, avait d'abord été favorable aux chrétiens. Mais on a vu qu'ensuite (art. CLXXVIII) il se tourna subitement contr'eux, au mois de juillet 257. On verra bientôt que la persécution fut violente à Alexandrie, où elle ne commença sans doute qu'en 258. Car au milieu de celles qu'éprouva saint Denis, évêque de cette ville, il n'aurait ainsi que je l'ai déjà observé (art. CLXXIX) écrire

pu,

(1) Histoire de l'Église, par Eusèbe, liv. VII, chap. 9, l'édition de Valois, suivie par Cousin.

(2) Id., ibidem.

Jans

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