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« avaient enduré le martire, lorsque je vis un jour « Successus entrer dans ma chambre. J'eus d'abord quelque peine à le reconnaître, tant la gloire dont <«< il était environné avait répandu de lumière et d'é«< clat dans ses ieux. Il me dit :- Mon frère Flavien, « je suis envoyé ici pour vous avertir que vous <«< devez dans peu souffrir pour Jésus-Christ, — après quoi il disparut. Et deux soldats arrivèrent « dans le moment, qui avaient ordre de me conduire « devant le gouverneur. Vous savez le reste.

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<< Rien ne fut plus pompeux que la marche du « saint depuis le palais jusqu'au lieu de l'exécution; jamais martir ne reçut plus d'honneur; jamais on « ne vit tant de prêtres du Seigneur accompagner « un diacre, dont même ils fesaient gloire de se dire <«<les disciples. Cette marche ressemblait plutôt au « triomphe d'un conquérant qu'à la conduite d'un «< homme condamné à mort; comme si l'on eût déjà respecté en lui la dignité de roi, dont il allait « bientôt être revêtu dans le ciel, où Jésus-Christ « l'attendait pour l'associer à son royaume. Le ciel « lui-même se joignit à la terre pour rendre cette « marche plus solennelle; il envoya une pluie douce << tombant en guise de rosée sur ceux qui formaient ce « dévot cortége, mais servant à plus d'une fin; car « elle écarta les Gentils qu'une maligne curiosité << avait mêlés parmi les fidèles. Elle donna lieu à ceux<«< ci de s'entredonner le baiser de paix, loin de ces << témoins importuns et profanes; et elle rendit en quelque sorte le martire du saint semblable à la

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<< passion du Sauveur, où l'on vit le sang adorable « de cette divine victime mêlé avec l'eau qui sortait << de son côté.

<<< Le martir étant enfin arrivé à l'endroit où il « devait recevoir la couronne, monta sur une petite << éminence d'où, après avoir imposé silence de la « main, il parla aux frères en ces termes :

« Vous aurez, mes très chers frères, la paix avec « nous (1) tant que vous la conserverez entre vous, et « que vous prendrez soin de la conserver dans l'Église. Et ne pensez pas que ce soit peu de chose,

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puisque ce fut la seule et la dernière que Jésus« Christ Notre Seigneur, prêt à consommer son sacri« fice sur la croix, recommanda à ses disciples. Aimez-vous, leur dit-il, les uns et les autres comme je vous ai aimés : voilà le dernier précepte «que je vous donne; voilà le dernier ordre que

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« vous recevrez de moi.

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« Ensuite le saint martir ayant désigné Lucianus, prêtre d'un mérite singulier, pour succéder à saint « Ciprien, et ayant conjuré les frères de l'élire pour « leur évêque, il descendit de ce licu élevé, et s'étant « fait bander les ieux avec le linge que Montanus lui avait laissé en mourant pour cet usage, il pria quelque tems. Ensuite il reçut le coup qui termina « sa prière et sa vie. »

(1) C'est-à-dire l'union où la communion avec l'église du ciel.

Saint Jacques, saint Marien et leurs compagnons martirs en Numidie, l'an 259.

CCLV. La persécution allumée par l'empereur Valérien ne se fit sentir nulle part avec plus de cruauté que dans la Numidie, pendant toute l'année 259.. A Lambèse (1), la principale ville de la province après celle de Cirthe (2), un grand nombre de clercs et de laïques versèrent leur sang pour JésusChrist. On comptait parmi eux Jacques et Marien : le premier était diacre et singulièrement recommandable pour sa chasteté et pour l'austérité de sa vie; le second était lecteur, et enrichi d'une abondance extraordinaire de grâces. Il avait, selon saint Augustin, une excellente mère, nommée Marie. Ces deux chrétiens, qui étaient peut-être parens, étaient venus ensemble en Numidie de quelque province éloignée de l'Afrique. Jacques eut sur la route une vision qui lui fit connaître que Marien et lui termineraient leur vie par le martire. Ils s'arrêtèrent l'un et l'autre dans un lieu appelé Muguas, près de la ville de Cirthe, capitale de la province, où la persécution était fort violente; deux évêques, nommés Agapius et Secundinus (3), qui avaient été bannis pour la

(1) On a vu au tome XVIII, p. 339, que Januarius en était évêque l'an 256.

(2) Ou Cirta, dont Crescens était évêque en 256. Ibid., p. 341. (3 Il y avait, au Concile de Carthage, l'an 256, deux évêques

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foi, y furent amenés en même tems. On les avait été chercher dans le lieu de leur exil pour les condamner à une peine plus rigoureuse: Selon le cours ordinaire de la justice, ceux qui, par une première sentence, n'avaient été condamnés qu'à l'exil, ne pouvaient être arrêtés de nouveau, ni condamnés à mort par un second jugement: mais on violait toutes les règles quand il s'agissait des chrétiens. Agapius et Secundinus étant restés quelques jours à Muguas, Jacques et Marien trouvèrent l'occasion de s'entretenir avec eux. Ils puisèrent dans ces entretiens un redoublement d'amour pour Jésus-Christ, et un ardent désir de suivre les deux évêques au combat.

Deux jours après le départ d'Agapius et de Secundinus, une troupe de gentils vinrent à Muguas, qu'ils regardaient comme la retraite des chrétiens; ils y arrêtèrent, par l'ordre du gouverneur, Jacques et Marien, avec un évêque qui écrivit les Actes de leur martire. Ces chrétiens furent conduits par les Gentils aux magistrats de Cirthe. Jacques confessa courageusement qu'il était chrétien; il déclara aussi qu'il était diacre, sans redouter les suites de la loi portée par Valérien en 258 (art. CCXXI), laquelle condamnait à mort les diacres, les prêtres et les évêques, quand bien même ils renonceraient à leur foi. On lui fit souffrir une cruelle torture, ainsi qu'à Marien. Celui-ci fut encore suspendu par les pouces

nommés Secundinus, l'un à Cédias en Numidie, ou dans la Mauritanie césarienne; l'autre à Carpi, aujourd'hui Gurbos. Voyez le tome XVIII, p. 343 et 348.

avec de gros poids aux piés. On ne suspendait ordi-, nairement que par les mains, genre de torture moins douloureux que celui auquel Marien fut, soumis. Ce supplice fini, les deux saints furent remis en prison avec plusieurs autres chrétiens. On en tirait tous les jours quelques-uns pour les exécuter. Du nombre de eeux qui reçurent la couronne du martire, furent Agapius et Secundinus, qui sont honorés dans l'Église le 29 avril (1).

Ceux que l'on épargna d'abord restèrent dans les prisons de Cirthe, où ils furent exposés à toutes sortes de mauvais traitemens; ils y endurèrent aussi toutes les rigueurs de la faim. Mais, dit l'auteur de leurs Actes, ils trouvaient dans la parole de Dieu une nourriture qui les fortifiait. Ils furent surtout consolés par une vision qu'eut Marien. Saint Ciprien lui apparut; il était assis à la droite d'un grand juge, c'est-à-dire de Jésus-Christ. L'évêque de Carthage lui donna à boire d'une fontaine dont il avait bu le premier. Il lui fe'sait entendre par là qu'il devait sceller sa foi de son sang..

Une seconde vision persuada à tous les confesseurs qu'ils auraient le même bonheur. Elle fut envoyée à l'un d'entr'eux, nommé Émilien; il était de famille équestre, et âgé de près de cinquante ans. Il avait toujours vécu dans une parfaite continence. La prière était dans la prison sa principale occupation. Il jeûnait beaucoup, et passait quelquefois deux jours sans

(1) Vies des Saints, par Godescard. 30 avril.

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