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Des druides et des anciens sacrifices.

CCLVIII. Après avoir fait l'exposition des accroissemens et de l'état de Paris (1) dans un tems bien postérieur à celui qui nous occupe, Raoul de Presles parle du château de Begaux, à Saint-Mor des fosséz, détruit, selon lui, par Maximien.

Puis il passe à la description du gouvernement de la nation, d'après le même Julius Celsus (2), et dit qu'elle était composée de druides, de chevaliers et du peuple, «< duquel l'en ne faisoit point de compte,»> car ils étaient aussi comme serfs. « Et quant ils se << veoient grevez et oppressez par aucun, ils se ren<< doient au plus fort. »

J'ai rapporté (3) ce que Jules César, mort l'an 44 avant notre ère, et conséquemment bien mieux instruit sur les tems dont nous parlons, disait des druides. Voici ce qu'en dit le Julius Celsus de Raoul de Presles.

« Les druides estoient aussi comme les souverains évesques qui gouvernoient et temporel et spirituel, aprenoient aux enfans-science et doctrine, congnois

(1) Lancelot rapporte cette exposition pages 651 et 652 de son Mémoire.

(2) Julius Celsus, lib. VI, n. 13 et seq., dans le manuscrit cité par Raoul de Presles, ou plutôt dans les Commentaires de César, et non dans le Julius Celsus de M. Lemaire, où ce passage ne se trouve point.

(3) Tome V, seconde partic, p. 2.

« soient de toutes matières de causes, et jugeoient, « feussent criminèles ou civiles, personèles ou réèles. <<< Tous les ans assembloit tout le peuple devant eulx << à certain jour en une montaigne consacrée à Jupi« ter, qui à présent est appellée mont Jaout, en latin « mons Jovis; là faisoient droit à chascun. Et s'il y « en avoit aucun qui ne voulsist obéir à leurs decrez « et tenir leurs jugemens, il l'y estoit deffendu à sa« crifier, et ne recepvoit l'en point ses sacrifices, qui « estoit une très grief peinne à cellui à qui il estoit « deffendu. Tous le fuyoient, ne ne parloient point à <«<lui néant plus que à un excommunié, et se il se plaignoit d'aucun, l'en ne luy en faisoit point de « droit.

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a Ces druides estoient quittes de tous treus, .de << tous osts et de toutes chevauchées, ne ils n'al<< loient en bataille pour quelconque nécessité. Et « si estoient frans et quittes de toutes prestations et << redevances que les autres paioient. Et pour celle «< cause, plusieurs alloient à l'escole et aprenoient. <«< Entre tous les autres, il y en avoit un souverain qui avoit puissance sur les autres druides, et quant <«< il estoit mort, l'en eslisoit le plus souffisant après. << Et s'il en y avoit plusieurs de pareil estat, l'en ésli« soit par le conseil des autres druides; et aucunes « fois se combattoit l'en pour avoir celle seigneurie, << selon ce qu'ils estoient puissans.

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L'autre manière de gens était des chevaliers; et ceux-ci << n'entendoient à riens que aux armes et à

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« faire injure à leurs voisins, ou rebouter ceulx qui

<«<leur faisoient injures, et selon ce que chacun estoit plus riche et plus puissant, il estoit plus garni de << gens, etc. »

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<<< Moult de choses y a autres que dist encore ce << Julius Celsus, lesquelles nous laissons pour cause << de briefveté. Tant y a que le principal de leurs temples estoit où maintenant est Montmartre » qui était alors appelé le mont de Mercure, parce que son temple y était (1).. Mercure n'est que la traduction d'Hermès, et il était naturel que le culte d'Hermès fût adopté à Paris, dont le nom est dérivé du culte d'Isis, comme je l'ai dit dans l'article précédent (2).

Le second temple était celui d'Apolin; il était à Court - Demanche, qui en latin est dit Curia-Dominica. « Et est outre Pontoise ou lieu que l'en dit « à présent la mer d'Auti. Le tiers estoit mont Jaout, << qui estoit consacré à Jupiter. En tous ces trois se <«< faisoient sacrefices par tèle manière que l'en faisoit, << sacrefice à Court- Demanche, qui est au milieu, « l'en veoit des deux autres montagnes ce sacrefice. »

Ces lieus subsistent encore. Court-Demanche, ou, comme on prononce plus communément CourteManche, est situé sur une montagne assez élevée à une lieue de Pontoise, et dans un petit canton appelé l'Auti (3). Courdimanche était autrefois dans le

(1) Lancelot, p. 653 dụ tome XIII des Mémoires de l'Académie des Inscriptions.

(2) Voyez aussi le Tableau historique et géographique du monde. Paris, 1810. III, 199.

(3) Mémoire de Lancelot, p. 653..

Vexin français, diocèse de Rouen, parlement et in-. tendance de Paris, élection de Pontoise. On y comptait 61 feux. Cette paroisse est située dans une contrée fertile en grains, en fruits et en pâturages, à une lieue et un tiers à l'ouest-sud-ouest de Pontoise on l'appelle également Courtemanche. Elle n'est qu'à une demi-lieue de la rive droite de l'Oise (1). Courdimanche est aujourd'hui un village du département de Seine-et-Oise, arrondissement et canton de Pontoise, à 7 kilomètres, c'est-à-dire une lieue et deux tiers de cette ville, 28 kilomètres, c'est-à-dire six lieues et un quart de Versailles, la population est de 328 ames. On y adresse les lettres par Pontoise (2).

Mont-Jaout, Mons-Jovis, comme Raoul de Presles l'a appelé ci-dessus, et comme il se trouve aussi dans le Pouillé de l'abbaye de Saint-Denis, est près de Magny, dans le Vexin français, sur une montagne, et à peu près à la même distance de Court-Demanche, que ce dernier lieu l'est de Montmartre, c'est-à-dire de six à sept lieues (3). C'était autrefois Arthie, dans le Vexin français, au gouvernement général de l'île de France, diocèse de Rouen, parlement de Paris, intendance de Rouen, élection de Magny. On y comptait un feu privilégié et 51 feux taillables. Cette

(1) Dictionnaire des Gaules, par Expilly. Paris, 1764. II, 503, art. Courdimanche.

(2) Dictionnaire de la France, par Prudhomme. Paris, 180 4. II, 81, art. Courdimanche.

(3) Mémoires de Lancelot, p. 653.

paroisse est à deux lieues au sud-sud-ouest de Magny (1). A présent son nom s'écrit Artie. Ce village du département de Seine-et-Oise est dans l'arrondissement de Mantes, canton de Magny, à 11 kilomètres, 2 lieues et trois quarts, de Mantes, à 41 kilomètres, , 9 lieues et un quart, de Versailles. Il y a un pressoir pour les cidres que l'on y récolte, et deux tuileries. La population est de 292 ames, on y adresse les lettres par. Mantes (2).

La tradition de ces lieus, dit Lancelot (3), est encore la même que du tems de Raoul de Presles. On y parle des sacrifices que les Gaulois fesaient sur ces montagnes, de la correspondance qu'il y avait entr'elles, des assemblées de la nation qui se tenaient à Mont-Jaout (c'est-à-dire Arthie), etc.

« A celle montaigne de Mercure, fut envoyé par << Domitien Maxence et mené monseigneur saint « Denis et ses compaignons pour sacrefier à Mercure << à son temple qui là estoit, et dont il appert encores

la vielle (4) muraille. Et pour ce qu'il ne le voult « faire, fut ramené lui et ses compaignons jusques << au lieu où est sa chapelle, et là furent tous décolez. << et pour celle (5), ce mont qui paravant avoit << nom (6) le mont de Mercure, perdit son nom et

(1) Dictionnaire d'Expilly. I, 286, art. Authie.

(2) Dictionnaire de Prudhomme. I, 121, art. Artie.

(3) P. 653 de son Mémoire.

(4) Ou encores de la vielle, comme dit un autre manuscrit. (5) Un autre manuscrit dit celle cause.

(6) On avoit à nom.

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