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bestiaux, ce qui ne l'empêche pas d'être une ile presque fortunée (1). ̧ ̧

A l'extrémité septentrionale de cette île était une abbaye de religieux de l'ordre de Citeaux, sous le titre de Notre-Dame-la-Blanche. Cette abbaye valait à l'abbé commendataire 5500 livres de rente. Elle fut d'abord fondée pour des religieux de l'ordre de saint Benoît, dans le septième siècle. Ce fut saint Filbert, Philbert ou Philibert (2), qui, fuyant la persécution de ses ennemis, et principalement celle d'Ébroin, maire du palais, se retira de son abbaye de Jumièges et de la Normandie, pour trouver cet asile en Poitou. Ansoald ou Ansould, alors évêque de Poitiers, lui donna une retraite dans l'île de Her, aux extrémités du Poitou et de la Bretagne, vers l'embouchure de la Loire, au midi. Le saint y bâtit, vers l'an 674, un monastère qui fut appelé Hermoutier. Ce monastère prit ensuite le nom de Noirmoutier, de la couleur dont étaient vêtus les moines de son abbaye (3). Les religieux de cet ordre qui possédaient Notre-Dame-desChamps depuis 1084, n'étaient plus qu'au nombre de quatre lorsque leur établissement fut cédé aux carmélites par ordre du roi Louis XIV, des 14 et 20 février 1703(4).

(1) Dictionnaire des Gaules, par l'abbé Expilly. Amsterdam, 1764. Art. Isle. III, 859.

(2) Fondateur de l'abbaye de Jumièges. Voyez le tome VIII de ces Annales, p. 69.

(3) Dictionnaire des Gaules, par Expilly. III, 689; et Topographie des Saints, par Baillet, art. Nermoutier.

(4) Tableau historique et pittoresque de Paris. Paris, 1811. III, 353.

Comment saint Denis introduisit le christianisme dans les Gaules.

CCLXI. Raoul de Presles n'est pas le seul qui ait donné ces trois chapelles à saint Denis. Voici comment l'historien de l'abbaye de ce noin raconte l'introduction du christianisme dans les Gaules par le premier évêque de Paris, qu'il confond très mal à propos avec saint Denis l'Aréopagite (1): je rappor terai ses propres expressions en rajeunissant un peu son stile.

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« La sainte Écriture, qui est la boussole au moyen <«< de laquelle les hommes, avec l'aide du Saint-Esprit, << gouvernent le navire de l'Église, nous apprend « que (2) là où il y a eu abondance de péchés, il y <«< aura aussi une surabondance de grâce; cette prophétie a eu tous ses effets chez les peuples idolâtres, qui ont été appelés à la connaissance de Dieu, et particulièrement parmi les Parisiens, vers lesquels « le bienheureux saint Denis voulut lui-même diriger « ses pas pour y établir sa demeure: non qu'en ce << tems-là ils eussent aucune grandeur ni excellence << par dessus les autres nations des Gaules (3); mais

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(1) Histoire de l'abbaye de Saint-Denys en France, par Frère Jacques Doublet. Paris, 1625, p. 85, chap. 6.

(2) Épître de saint Paul aux Romains, V, 20.

(3) Paris, sous le nom de Civitas Parisiorum, fesait alors partie de la quatrième province lionnaise, ou de la province senonaise,

« il fut porté à cela par deux raisons principales: «<l'une qui était toute visible et notoire, que les peuples qui habitaient le territoire de Paris étaient << entièrement adonnés au service, au culte et à l'a<< doration des faux dieux, et conséquemment très

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éloignés de la véritable et pure religion, de sorte « que, pour déraciner cette mauvaise inclination <«< il était nécessaire de livrer un plus grand combat, << et d'entreprendre un plus grand travail qu'en au<«< cun autre lieu des Gaules. C'est pourquoi, comme << un vrai capitaine, comme un vaillant soldat de « Jésus-Christ, il préféra d'attaquer l'ennemi de son << maître dans l'endroit où cet ennemi s'était le mieux «< fortifié. L'autre raison est que saint Denis prévit, << par une sorte d'inspiration, que ces peuples, habi<< tant le terroir de Paris, après avoir reçu la parole << de l'Évangile, seraient si pieux, si religieux et si agréables à Dieu, qu'au lieu que leur ville n'était << alors qu'une petite forteresse, il arriverait dans la << suite qu'elle deviendrait la plus grande, la plus << peuplée et la plus renommée en religion, en piété « et en doctrine qu'aucune autre de l'Europe, en << sorte qu'elle serait la reine, la maîtresse et la capi<< tale de toutes les Gaules, la principale ville et la première de toutes celles de sa nation. Cette pré<«< vision lui fit juger convenable et raisonnable que le <«< chef de ceux qui y apportaient la connaissance du

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dont la métropole était Sens. Essai sur la division territoriale de la Gaule, par M. B. Guérard. Paris, 1832, p. 16.

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<< vrai Dieu s'employât lui-même à son instruction «<et à sa conversion.

« C'est par ce double motif que le bienheureux << saint Denis s'arrêta dans la ville et le territoire de « Paris (1), sa première demeure, avec ses compa« gnons; ainsi le lieu où il célébra premièrement les « sacrés mistères de la religion chrétienne, fut hors << la forteresse de la ville, c'est-à-dire où est à pré« sent bâtie l'église Saint-Benoît. De là en avant, il << travailla puissamment et continuellement avec zèle « et avec affection à la conversion des idolâtres, et « à la prédication de l'Évangile. Il réussit tellement << et si promtement qu'en peu de tems plusieurs re<< çurent la foi de Jésus-Christ, et surtout le premier << en autorité, le seigneur le plus distingué de la ville « et des environs, nommé Lisbius, uni par son mariage << avec une noble et excellente dame de grande et <«< illustre maison, appelée Lartia; ils avaient un « fils nommé Visbius.

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« Ce fut ainsi qu'une bonne partie de la ville et << du territoire de Paris quitta l'idolâtrie. Notre saint << apôtre, voyant que notre Seigneur répandait abon<< damment ses grâces et ses bénédictions sur les peuples confiés à ses soins, résolut de ne pas seule<ment édifier des temples vivans et animés, mais

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1) Doublet donne ici pour compagnons à saint Denis, évêque de Paris, Rustique et Éleuthère, qui sont les compagnons de saint Denis l'Areopagite; on verra dans la suite quels étaient les compagnons de saint Denis.

« aussi d'en faire construire d'inanimés et de maté«riels. Ayant choisi pour cet objet un lieu voisin de « sa demeure, qui lui parut convenable et qui appartenait à l'un de ses serviteurs, le seigneur Lisa bius que je viens de nommer et qui lui servait de << secrétaire, il le pria de lui vendre cette propriété. « Lisbius la lui offrit bien volontiers en pur don et << sans aucun prix, ce que saint Denis ne voulut point « accepter. Le saint évêque allégua que notre Sei<< gneur Jésus-Christ avait voulu naître dans la crèche << d'une hôtellerie louée pour cet objet (1); il ajouta << que Jésus avait voulu que du prix de sa captivité « on achetât le champ d'un potier pour la sépulture << des étrangers (2): il conclut de ces deux exemples qu'il était plus convenable que les lieus où devaient « renaître tant d'enfans à Dieu, et où la captivité du << diable devait être rachetée, fussent payés à prix d'ar<< gent. Seulement il consentit que Lisbius employât « le prix qui lui serait donné à faire de bonnes œuvres <<< et des distributions aux pauvres. Ayant ainsi acheté « l'emplacement où se trouve aujourd'hui bâtie l'église de Saint-Étienne-des-Grecs (3); il en fit une église et sa maison épiscopale, dans laquelle on << assure que les évêques de Paris ont fait leur de

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(1) Évangile de saint Luc, II, 7.

(2) Évangile de saint Matthieu, XXVII, 7.

(3) Les Antiquitez de Paris. Paris, 1608, p. 6. Doublet cite cet ouvrage où ce nom des Grecs se trouve effectivement, ainsi que son étimologic, l'auteur ayant aussi confondu saint Denis l'Arcopagite, évêque d'Athènes, avec l'évêque de Paris, comme s'il y avait eu des églises construites sous le pape Clément premier.

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