Tongres, les Cimbres, les Gueldrois, et les autres peuples habitant entre les rivières du Rhin et de la Sala (1). L'auteur qui me fournit ces détails ayant négligé de fixer la durée du règne de Torgotus, je suis réduit à de simples conjectures' sur cet objet. Réunissant les années pendant lesquelles ont régné les cinq premiers rois, je trouve le nombre 197 que je divise par 5; ce qui me donne 39 ans pour terme moyen. Supposant donc que Torgotus ait régné 39 ans, il sera mort l'an 965..

A Torgotus succéda Tongris, septième roi des Cimmériens, qui régua 34 ans (2). Il mourut conséquemment l'an 931.

Après lui régna son fils Teuto: c'est de celui-ci que les Allemands furent appelés Teutones par les Anciens, par les Italiens Tedeschi ou Tudesques, et par les vieux Français et Walons Thyois. Teuto régna 32 ans (3), et conséquemment jusqu'à l'an 899.

A Teuto succéda son fils Agrippa, neuvième roi des Cimmériens, qui régna 28 ans (4); en sorte qu'il mourut l'an 871.

Ambrio, fils de Teuto, régna 33 ans (5) et mourut l'an 838.

Thuringus régna 34 ans (6), et mourut l'an 804. Camber régna 32 ans jusqu'à l'an 772. Ce fut la

(1) Id., p. 453 et 454.

(2) Id., p. 454.

(3) Id., ibidem.

(4) Id., ibidem. (5) Id., ibidem. (6) Id., ibidem.

vingt-cinquième année de son règne; c'est-à-dire l'an 780, que Brutus, fils de Silvius, petit-fils d'Ascagne, selon Bergier, vint en Touraine, où il bâtit la ville de Tours, ainsi appelée du nom de Turvus, l'un de ses capitaines; il passa de là en Angleterre qui, de son nom, fut appelée Bretagne, si l'histoire de Galfridus Monumetensis (Geoffroi de Monmouth) est véritable. On appelle ordinairement cette histoire Historia Bruti (1), et je m'en pccuperai ici un instant, d'autant plus qu'elle est citée par Jacques de Guyse qui adopte son opinion (2).

De Brutus et des autres rois bretons jusqu'à Éli

durus.

CCLXIX. La tradition qui fait Camber, roi des Cimmériens, contemporain de Brutus, est contraire à la Chronologie. Car si Brutus est venu en Touraine l'an 780, il ne peut être fils de Silvius, qui n'était pas fils d'Ascagne, comme le dit Bergier, mais fils posthume d'Énée, comme le dit Denis d'Halicarnasse (3), ce qui le fit appeler Silvius Posthumus, et qui fut roi du Latium de l'an 1138 à l'an 1079 avant notre ère (4) : ce prince fut donc antérieur à

(1) Id., ibidem.

(2) Tome I de ces Annales, p. 139, et ailleurs.

(3) Dionysii Halic. Antiq, rom. lib. I, cap. 70. Lipsiæ, 1774. 1, 175

(4) Id., Lipsia, 1775. IV, 2468. Chronologie de Dodwell.

l'an 780; en sorte que ces deux dates sont absolument inconciliables.

Brutus, dit Sabbathier(1), est un ancien roi fabuleux dont il est souvent fait mention dans les Annales d'Angleterre. Elles disent qu'un certain Brutus, fils de Silvius, qui était frère d'Ascagne et fils d'Énée, eut le malheur de tuer son père; qu'après ce malheur, Brutus se réfugia dans la Grèce, où il délivra un grand nombre de Troyens, esclaves de Pandrasus; enfin, qu'il épousa la fille du roi, et qu'étant passé dans l'île d'Albion, il fonda un royaume qu'il appela de son nom Bretagne.

Cette tradition est fort ancienne, puisqu'elle remonte à Galfroid ou Geoffroi de Monmouth, nommé Arturus, parvenu à l'évêché de Saint-Asaph en 1151 (2). Je ne répèterai pas ici ce que j'ai dit de cet auteur et de son histoire de Bretagne dans un autre ouvrage (3); mais je rectifierai la chronologie que j'en ai donnée (4) d'après une fausse date de la prise de Troie. Ici j'adopterai celle de Dodwell, qui est la même que la mienne, ainsi que ses autres calculs.

(1) Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques. Paris, 1770, t. VII, p. 421, art. Brutus.

(2) Le grand Dictionnaire historique, par Moréri. Paris, 1759, art. Galfroid.

(3) Mémoires pour servir à l'histoire ancienne du globe. Paris, 1811. I, 160.

(4) Id., p. 131.

(5) Dionysii Halic. Opera. Lipsiæ, 1775, p. 2467.

1180. Énée règne sur le Latium, après la mort

de Latinus.

1177. Mort d'Enée. Naissance de Silvius Posthumus. Ascagne succède à son père.

1176. Première année du règne d'Ascagne. * 1152. Mort d'Ascagne, après un règne de 25 ans. *1151. Silvius Posthumus lui succède.

1138. Silvius épouse une petite-fille de Latinus. 1137. Naissance de Brutus.

1110. Mort de Silvius, tué par son fils Brutus, âgé de 27 ans. Enéas Silvius lui succède.

1108(1). Brutus, fils de Silvius, fonde leroyaume d'Angleterre, à l'âge de 28 ans, et règne 15 ans. 1093. Mort de Brutus, âgé de 44 ans. Locrinus, son fils, lui succède, et règne 20 ans.

1079. Mort d'Enéas Silvius, roi des Latins. Latinus Silvius lui succède.

1073. Guendolène, veuve de Locrinus, règne quinze ans.

1058. Madan, fils de Locrinus, règne quarante ans. 1018. Mempricius règne vingt ans.

de

998. Ébrancus règne quarante ans. Jacques Guyse parle de lui d'après Lucius de Tongres (2). 958. Brutus, Vert-Écu, règne douze ans.

946 (3). Leilus règne vingt-cinq ans (4).

(1) Cette date est puisée dans le catalogue des rois bretons. Celles qui sont précédées d'une étoile, sont puisées dans Dodwell.

(2) Tome I de ces Annales', p. 381.

(3) Il y a pour ce nombre une faute d'impression dans le texte. (4) Je crois que c'est de Leilus, et non de Léar, que parle Jacques de Guyse d'après Lucius de Tongres. I, 381.

921. Rud Hudibras règne trente-neuf ans. 882. Bladud règne vingt ans.

862. Leir règne soixante ans (1). C'est celui que Shakespeare appelle Léar, et sur lequel il a fait une tragédie sublime qui a été imitée sur notre théâtre. Jacques de Guyse en parle fort au long (2), toujours d'après Lucius de Tongres..

802. Cordeilla, fille de Leir, règne cinq ans..

797. Cunedagius et Margan règnent trente-trois

ans.

764. Rivallo régna quarante-six ans (3). 718. Gurgustius régna trente-sept ans (4). 680. Sisillius régna quarante-neuf ans (5). 631. Jacques ou Iago, régna vingt-huit ans. 603. Kinmarc régna cinquante-quatre ans.

549. Gordobug régna soixante-trois ans. Jacques de Guyse l'appelle Gorbogudon,et appelle sa femme Indon, toujours d'après Lucius de Tongres, qui ne copie point ici Geoffroi de Monmouth, où ces faits ne se trouvent point.

487 (6). Ferrex et Porrex règnent quatre ans.

(1) Je corrige la table par l'histoire, p. 13. C'est ce que je continuerai de faire sans avertir pour chaque faute.

(2) Tome I, p. 413, 415, etc.

(3) Il est appelé Rivallon dans la traduction de Jacques de Guyse. II, 81, de ces Annales.

(4) Jacques de Guyse l'appelle Gurgunsius. II, 81.

(5) Il fut aussi roi des Belges. II, 81

(6) Ici commence un assez grand désordre dans les années de l'avénement. J'ai conservé les années des règnes, et je me retrouve d'accord avec celles de l'avénement, pour Bélinus et Brennus.