« FIN DU CHAPITRE II.

« Constance mémorable des martirs.

CXCIX. « En effet elle exhorta le dernier de ses « fils à confésser le nom de Dieu, et à ne point se séparer de ses frères dans la gloire de leur martire; « ne se croyant véritablement leur mère qu'en tant

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a qu'elle les avait engendrés pour Dieu. L'armant << donc et le fortifiant, et l'enfantant plus heureuse« ment que la première fois, elle lui dit(1):

<< Mon fils, aie pitié de moi qui t'ai porté neuf «< mois en mon sein, qui t'ai allaité trois ans, qui << t'ai nourri et amené jusqu'à cet âge; mon enfant,

je te conjure de regarder le Ciel et la terre et toutes « les choses qu'ils renferment, et de comprendre que Dieu a fait toutes ces choses de rien, ainsi que la « race humaine. Tu ne craindras donc point ce meur«< trier, mais tu seras digne de tes frères; reçois la << mort, afin que, dans le sein de la miséricorde, je « te reçoive avec tes frères.

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« Cette mère mérite de grandes louanges d'avoir ainsi encouragé son fils à la vertu; mais elle en «< mérite encore de plus grandes de ne pas s'être prévalue de la gloire de ses martirs, ni cru que les prières de ses autres enfans pussent servir à celui-ci

(1) Id., versets 27, 28, 29.

<«< s'il se laissait engager à renoncer à sa religion, et « de lui avoir persuadé de souffrir plutôt avec eux, << afin de se trouver avec eux au jour du jugement.

« Enfin cette généreuse mère meurt aussi avec « ses enfans, car il n'était pas convenable que celle

qui avait engendré tant de martirs ne prît point « de part à l'honneur de leurs triomphes, et qu'elle «ne suivit pas ceux qu'elle avait envoyés devant « elle à Dieu. Mais afin que nul ne se trompe et ne << se laisse tromper par des billets (1) ou par quel <«< qu'autre artifice de cette sorte, il ne faut point << passer sous silence Eleazar (2) qui, sur l'offre que <«<lui firent les ministres du prince de lui apporter « des viandes qu'il lui était permis de manger, pour « faire croire qu'il avait mangé de celles offertes aux «< idoles selon le commandement du roi, ne voulut point consentir à cette supercherie. Il dit que son âge et la noblesse de sa vie entière ne lui permet << taient pas d'user d'une telle feinte qui scandalise«rait les autres et les induirait en erreur, puisqu'ils <«< croiraient qu'Éléazar, à l'âge de quatre-vingt-dix «< ans, aurait trahi lâchement la loi de son Dieu « pour suivre des coutumes étrangères; et que le «< peu de tems qui lui restait à vivre n'était pas si «< considérable que, pour le conserver, il voulût of «<fenser Dieu et s'exposer à des supplices éternels.

(1) Voyez le tome XVII, p. 175, dans le Traité de ceux qui sont tombés, art. xxxvi.

(2) Second livre des Maccabées, VI, 23,

Ainsi après avoir été long-tems et cruellement << tourmenté, sur le point de rendre l'âme au milieu « des fouets et des tortures, il dit en soupirant (1):

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Seigneur, qui avez une science sainte, vous savez qu'ayant pu éviter le supplice, je souffre dans mon <«< corps de cruelles douleurs; mais que, dans l'âme, « je souffre avec joie, par la crainte que j'ai de vous déplaire.

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« Merveilleuse foi! d'avoir plutôt songé à Dieu <«< qui devait le juger, qu'au roi Antiochus qui le <<< tourmentait; et d'avoir conipris qu'il ne lui eût « servi de rien pour son salut de tromper les hommes, puisque Dieu, qui est le juge de notre conscience a et qui est le seul à craindre, ne peut être trompé ni dupe de nos mensonges! Si donc nous sommes vé«ritablement décidés à nous donner à Dieu, si nous « marchons sur les anciennes et saintes traces des justes, ne fesons point difficulté de passer par les « mêmes épreuves et les mêmes souffrances. Nous << devons nous féliciter de vivre dans un tems où «< la foi et la vertu sont si florissantes, qu'on ne peut plus compter comme autrefois le nombre de ceux qui signalent leur valeur par le martire, suivant a ce témoignage de l'Apocalipse (2):

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« Après cela je vis une grande multitude que nul «ne pourrait compter, de toute nation, de toute <«< tribu, de tout peuple, de toute langue, qui étaient

(1) Id., verset 30.

(2) VII, 9-15,

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<< debout devant le trône et devant l'Agneau, revêtus << de robes blanches, avec des palmes en leurs mains, <«<et ils criaient à haute voix, disant: Le salut « vient de notre Dieu, qui est assis sur le trône, « et de l'Agneau. Et tous les anges étaient debout << autour du trône, et des vieillards, et des quatre << animaux : et ils se prosternèrent sur le visage deavant le trône, et ils adoraient Dieu, disant :« Amen, bénédiction, gloire, sagesse, actions de grâce, honneur, jouissance et force à notre Dieu, « dans les siècles des siècles. Amen. Alors un des << vieillards, prenant la parole, me dit :- Qui sont «< ceux-ci qui paraissent revêtus de robes blanches, « et d'où viennent-ils?-Je lui répondis:--Seigneur, vous le savez. Et il me dit: Ce sont ceux qui <«< sont venus ici après de grandes afflictions, et qui << ont lavé et blanchi leurs robes dans le sang de « l'Agneau. C'est pourquoi ils sont devant le trône « de Dieu, et ils le servent jour et nuit dans son temple.

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Que personne donc ne croie qu'il soit difficile « d'être martir, puisque le nombre des martirs est << incalculable!

« CHAPITRE 12.

« Des récompenses qui attendent les justes et les « martirs, après les travaux et les souffrances « de cette vie.

CC. « Le Saint-Esprit le déclare par Salomon << lorsqu'il dit(1):

« Si devant les hommes, ils (les justes) ont souf<< fert des tourmens, leur espérance est pleine d'im« mortalité. Leur affliction a été légère, et leur ré"compense sera grande, parce que Dieu les a éprou«vés, et les a trouvés dignes de lui; il les a éprouvés «< comme l'or dans la fournaise, et les a reçus comme << un holocauste, et ils resplendiront au jour qu'il les visitera; et ils brilleront comme la flamme qui « court dans le chaume aride; ils jugeront les nations « et ils domineront les peuples; et leur Seigneur ré" gnera à jamais.

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« Le même Salomon décrit la vengeance qui sera « exercée sur ceux qui nous persécutent, et il an« nonce leur repentir en ces termes (2) :

« Alors les justes se soulèveront avec une grande << fermeté contre ceux qui les ont tourmentés, et qui

(1) Livre de la Sagesse, III, 4, 5, 6, 7, 8.

(2) Id., V, 1-9.