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On ne saurait nier qu'un Pape hérétique ne puisse faire à son choix une promotion de cardinaux hérétiques, qu'il faudrait tous destituer avec le Pape. Mais le Siége apostolique, c'est-à-dire, l'Eglise à laquelle préside Pierre, ne peut défaillir jamais dans l'enseignement de la foi. Il serait donc nécessaire, dans cette supposition, que l'Eglise universelle, consultant son chef, portât secours à cette Eglise succombante et la délivrât de la faction schismatique. Mais à cette époque, nonobstant l'hérésie personnelle du Pape et des cardinaux, il resterait l'Eglise et le Saint-Siége, qui s'opposeraient courageusement aux progrès des nouveautés, comme elle résista quand Libère fut vaincu par les Ariens. Alors néanmoins, la foi de Pierre ne défaillirait pas sur son Siége, et Pierre d'Ailly, en supposant cela, n'a jamais prétendu que la foi du SaintSiége puisse défaillir et définir une hérésie; autrement l'Eglise manquerait de chef, de centre et de fondement. Car il est plus qu'évident que si le Pape, tous les cardinaux, et tout le clergé qui est appelé Siége apostolique, étaient hérétiques, le Saint-Siége serait nul dans l'enseignement de la vraie foi; il n'y aurait donc plus de chef, de centre et de fondement de l'Eglise universelle.

La conclusion de Pierre d'Ailly est celle-ci1 accommodée à son temps, et n'établissant rien ultérieurement: «< De droit humain et de droit divin, il faut accorder que le Pape peut, par l'Eglise universelle ou par le concile général qui la représente, être, en plusieurs cas, jugé et condamné, et qu'en plusieurs cas on peut appeler de lui au concile..... Ainsi ferait la république de l'Eglise, dans le cas où le Pape, par hérésie manifeste, par tyrannie ouverte, ou quelque autre crime notoire, s'efforcerait de la bouleverser. » Il n'est aucun lecteur qui ne voie que tout cela est dit seulement de la personne du Pape, et il est très-positif qu'à cette époque on ne discutait pas d'autre chose. Notre auteur ajoute cependant : « Si nul Pape n'existant, les cardinaux s'abstenaient, ne voulaient pas faire d'élection, ou voulaient faire sédition dans l'Eglise, ou la troubler de leurs scissions; ou bien s'ils étaient empêchés d'une nouvelle élection par des princes tyrans, ou détenus dans des cachots, ou tous morts; ou bien, si le Pape et les cardinaux devenaient hérétiques manifestes, il est certain que si dans ces cas ou d'autres semblables le reste de la chrétienté, qui serait alors l'Eglise, ne pouvait pas faire un concile, élire un nouveau Pape et un nouveau clergé..... c'en serait fait de la République ecclésiastique, qui périrait nécessairement. >>

1 De Eccles., etc., Auctorit. me part., cap. iv; ubi suprà, pag. 959.

2 Ibid., pag. 960.

On ne saurait nier qu'un Pape hérétique ne puisse faire à son choix une promotion de cardinaux hérétiques, qu'il faudrait tous destituer avec le Pape. Mais le Siége apostolique, c'est-à-dire, l'Eglise à laquelle préside Pierre, ne peut défaillir jamais dans l'enseignement de la foi. Il serait donc nécessaire, dans cette supposition, que l'Eglise universelle, consultant son chef, portât secours à cette Eglise succombante et la délivrât de la faction schismatique. Mais à cette époque, nonobstant l'hérésie personnelle du Pape et des cardinaux, il resterait l'Eglise et le Saint-Siége, qui s'opposeraient courageusement aux progrès des nouveautés, comme elle résista quand Libère fut vaincu par les Ariens. Alors néanmoins, la foi de Pierre ne défaillirait pas sur son Siége, et Pierre d'Ailly, en supposant cela, n'a jamais prétendu que la foi du SaintSiége puisse défaillir et définir une hérésie; autrement l'Eglise manquerait de chef, de centre et de fondement. Car il est plus qu'évident que si le Pape, tous les cardinaux, et tout le clergé qui est appelé Siége apostolique, étaient hérétiques, le Saint-Siége serait nul dans l'enseignement de la vraie foi; il n'y aurait donc plus de chef, de centre et de fondement de l'Eglise universelle.

CHAPITRE XXX.

Solution de l'objection tirée du témoignage de Gerson.

Examinez avec soin toutes les locutions des Cisalpins qui se sont efforcés dans les temps les plus désastreux de rétrécir l'autorité romaine; à peine si vous trouverez une syllabe, même dans Gerson, qui veuille dire autre chose que la faillibilité personnelle de tel ou tel Pape. Il s'efforce de la prouver par cet exemple : « Le pape Jean XXIII, que personne n'avait accusé ou convaincu de méchanceté hérétique, pourtant le concile l'a appelé et l'a jugé comme son sujet. » C'est seulement la déponibilité du Pape qu'il s'efforce d'établir'; car cette déponibilité ne peut regarder le Siége apostolique.

Il est vrai que Gerson n'a jamais accordé en paroles expresses l'infaillibilité au Siége apostolique pris en dehors du concile. Il semble même y répugner quand il dit 2: «Joignez à cela qu'il se peut faire que près du souverain Pontife et de son Siége de Rome, il y ait disette d'hommes instruits dans les saintes lettres et éprouvés dans la vraie foi, beaucoup plus que près de quelques-uns

1 Tract. an liceat in caus. fidei a sum. Pont. appell., tom. 11, pag. 305.

2 Ibid. v. propos. p. 307.

1

de ceux qui ont une connaissance complète des saintesEcritures et des autres sciences. » Et plus bas1: « Mais (parlant toujours avec révérence) il arriverait qu'un soulverain Pontife, avec son collége, pourrait ainsi défaillir en matière de foi, de la même façon que Pierre et les autres Apôtres défaillirent lors de la Passion. » etc. Mais outre que de la chute de la personne de Pierre, avant que l'Esprit promis fût descendu, on ne peut tirer aucune raison pour que le Siége apostolique qui est la pierre même sur qui toute l'Eglise est fondée, puisse crouler, en définissant une hérésie pour être crue de toute l'Eglise; outre que Pierre même n'erra jamais en matière de foi, mais qu'il pécha seulement par suite de la terreur dont il fut frappé, comme homme privé, contre la foi intérieurement conservée par le reniement extérieur du Christ; outre que Pierre, quand on dit qu'il fut repris par saint Paul, n'erra pas du tout dans l'enseignement de la foi, puisque, comme dit Tertullien, ce fut une faute dans sa conduite et non pas dans sa prédication, outre tout cela, je ne croirai jamais que Gerson ait été persuadé que la tradition du Siége apostolique pouvait être viciée et faussée au point de définir une hérésie comme dogme de foi pour être crue de toute l'Eglise. Voici en effet comment Gerson s'exprime 1: «Le Pape a donc d'abord un pouvoir de supériorité donnée par le Christ, sur toute l'Eglise, avec la plénitude de

1 Ibid., tom. II, propos. vii, pag. 308.

1

2 Lib. de Vita Spirit. anim., lect. ш, tom. II, pag. 34, 35.

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