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puissance pour les choses qui regardent le gouvernement spirituel proprement dit de l'Eglise... Cette première puissance nous est connue par les Evangiles, etc., de sorte qu'il est justement jugé téméraire, scandaleux et schismatique, celui qui aurait la présomption ou d'abolir ou de diminuer cette puissance. De cette puissance découlent le droit de convoquer les conciles universels, le droit de déterminer avec le concile les questions de foi, sous forme d'articles généralement obligatoires pour tous; enfin la correction des prélats. » En outre, le même théologien raisonne ainsi ailleurs': « Les hommes de bonne volonté doivent avoir sur terre un chef unique auquel ils soient unis; de la même façon que nous le remarquons dans le corps naturel qui ne peut vivre sans une tête unique... Et comme il n'y a qu'une bonté de la grâce spirituelle, c'est-à-dire, une foi, une charité et un baptême, ainsi, il ne doit seulement y avoir qu'un chef suprême, par qui se communique cette bonté défendue et gardée; et nous appelons ce chef Pape, notre Saint-Père, qui est le véritable et seul vicaire du Christ Jésus : l'Eglise tomberait facilement dans la division, s'il n'y avait pas un chef principal et souverain, auquel on peut et on doit avoir recours.... Il est donc évident qu'ils sont schismatiques ceux qui empêchent ou troublent cette union... C'EST POURQUOI IL FAUT TRAVAILLER A CE QUE TOUS OBÉISSENT A UN CHEF PRINCIPAL, COMME IL FAUT TRAVAILLER A L'UNITÉ... Eux

1 Serm. de Pace et unione Græc., I consid., tom. II, p. 145, 146.

MÊMES (les Grecs) DOIVENT TENIR LES DÉLIBÉRATIONS PRISES PAR LE SAINT PAPE ROMAIN.

C'est donc là, de l'aveu de Gerson, la forme de l'Eglise établie par le Christ, que l'unité ou la vie soit nulle dans le corps sans la tête. C'est pourquoi il n'est aucun point du temps, si court que ce soit, durant lequel il ne soit pas nécessaire que vous trouviez la tête et le centre de l'Eglise, remplissant les fonctions de tête et de centre pour que tout le corps ne perde pas la vie et l'unité. De là la supériorité sur toute l'Eglise; de là la plénitude de puissance pour exercer le gouvernement spirituel. Or, si le Siége apostolique proposait une dé– finition hérétique à la foi de toute l'Eglise, en séparant de sa communion tous les dissidents, elle porterait devant soi l'hérésie et le schisme. La tête séparée du corps serait hideuse, et le corps décapité giserait inanimé. Il faut surtout observer cette conclusion dogmatique de Gerson : « C'est pourquoi il faut travailler à ce que tous obéissent à un chef principal, comme il faut travailler à l'unité. »

Donc, si quelqu'un désobéit à ce chef et dit qu'il a défini une hérésie, il viole l'unité. Ce qu'il a dit des Grecs, Gerson le dit absolument de tous les autres, pour tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles. Ils doivent tenir les délibérations prises par le saint Pape romain. Mais si le Saint-Siége pouvait définir une hérésie, il ne faudrait pas que tous observassent toujours les déterminations prises par lui.

Et ne dites pas que ce dissentiment de la tête et du

corps serait très-court; Gerson s'écrie: « Et cette puissance dans l'Eglise, persévère immuable, quoique la personne du Pape soit changée par mort naturelle ou civile, ou quoique l'usage de cette puissance soit enlevé au Pape subsistant, soit par lâcheté, soit par quelque autre juste motif, comme il est possible. Le Christ en effet, ce parfait législateur, s'il n'avait pas ainsi pourvu son Eglise pour les choses de la religion, n'aurait pas laissé, ce serait un crime de le penser, la république ecclésiastique parfaitement constituée. » Il est clair comme le jour qu'én ce passage, Gerson, en niant l'infaillibilité personnelle des Pontifes, réserve au Siége apostolique ce singulier privilége que sa puissance persévère immuable; et par suite qu'il s'acquitte sans aucune interruption de ses fonctions de centre et de tête pour l'enseignement de la foi. Ailleurs il ajoute : «L'Eglise a été fondée par le Christ sur un monarque suprême pour tout l'univers... Le Christ n'a institué aucune autre société immuablement monarchique et presque royale, que l'Eglise. Cette puissance lui est donnée si immédiatement de Dieu, que toute l'Eglise ne voudrait ni la détruire, ni la rétablir de nouveau une fois détruite. » Puis notre auteur poursuit : « Si la personne du Pape mourait, ou de mort naturelle, ou de mort civile, ce qu'il manifeste par une tenacité notoire et prouvée dans une criminelle destruction de

Lib. de Vila spir. anim., lect. 1, p. 35.

2 De aufer. Papæ. Consid. vin, tom. II, pag. 213. 3 Ibid., pag. 36.

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l'Eglise, le concile général tirerait sa force du Siége apostolique et de l'approbation du Christ, qui voudrait bien ne pas nous manquer dans une telle nécessité... Cette unité peut se rapporter à l'unité du Siége apostolique, qui persévère toujours dans sa forme, selon les termes d'une distinction qui établit dans la papauté quelque chose de formel, qui est la dignité papale, quelque chose de matériel qui est la personne représentant cette dignité. » D'où il conclut : « Il faut travailler à ce que tous obéissent à un chef principal, comme il faut travailler à l'unité. » Voilà que cette forme du corps de l'Eglise est immuable, et ne peut être altérée, si peu que ce soit. Si même pour le plus pelit point du temps, la tête cessait de présider au corps pour l'enseignement de la foi, l'unité de l'enseignement de la foi cesserait aussi. De ces paroles, il est certainement clair que le Pape peut mourir de mort corporelle ou civile; mais la foi du Siége apostolique dans l'enseignement ne peut jamais mourir. Le concile lui-même peut condamner et déposer, la personne du Pape n'a aucune force, s'il ne la tire du Siége apostolique qui confirme toujours ses frères. Donc, à moins que vous ne vouliez que Gerson se soit mis avec lui-même dans la plus absurde contradiction, il ne vous reste qu'à avouer que la personne du Pape peut bien, avec je ne sais quel collége de conscillers choisis à son caprice, errer en matière de foi, el mériter la déposition; mais en tout temps le Siége

1 Loc. cit. supra, pag. 369.

apostolique demeure si immuable dans son inébranlable foi, qu'il ne proposera jamais une définition hérétique à la foi de toute l'Eglise. Concluez-en que Gerson luimême, qui fit les plus violents efforts pour détruire l'autorité de Rome, est de notre avis en ce sens. Or, quel est le Gallican amant de l'unité et de la paix qui craindra d'accorder à Rome plus qu'il ne doit s'il suit, avec Gerson, cette opinion modérée touchant le Siége apostolique.

CHAPITRE XXXI.

On résout l'objection tirée du témoignage de Jean Major.

Jean Major, célèbre docteur de la même académie de Paris, confirme savamment cette opinion de Gerson. « Pierre, dit Major 1, a été institué de l'institution.

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In IV. Sentent., dist. xxiv, Quæst. I, conclus. 1. Vid. Append. Op. Gers., tom. 11, pag. 1121, 1122.-C'est ce même docteur en théologie, précepteur du fils de Charles VII, qui enseigne qu'il y a dans le peuple une puissance supérieure à celle des rois, et qui peut les réduire à la raison quand ils s'en écartent. Le roi, dit-il, tient son royaume de tout le peuple: Rex habet regnum a toto populo; d'où il conclut que le peuple peut lui ôter le royaume pour une cause raisonnable (apud Gerson, tom. 1, col. 1139. Joan. Major, tract. de auct. conc. super Pap.): Major refuse cette autorité au Pape, mais il veut qu'elle appartienne aux sujets, et, ce qui est plus singulier, à l'Université de Paris; c'est par son entremise et sur son avis que les

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