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4o On peut pareillement appeler du concile, ou même, sans qu'aucun homme privé en appelle, le Siége apostolique peut examiner si les Pères du con

pouvaient être invoqués contre la suprématie du Pape sur les conciles. Il est bon maintenant de voir comment s'exprime le ne concile général de Lyon : « La sainte Eglise romaine, >> dit-il, possède une primauté et une souveraineté pleine et » suprême sur toute l'Eglise catholique; souveraineté qu'elle » a reçue de Jésus-Christ même, avec la plénitude de la puis»sance, dans la personne de saint Pierre, dont le Pontife ro>> main est le successeur. Obligée, plus que les autres, de dé» fendre la vérité de la foi, les questions qui naissent sur la » foi doivent être décidées par son autorité. Tout le monde >> peut appeler à elle et recourir à son jugement dans les causes >> qui dépendent du for ecclésiastique. Toutes les églises lui >> sont soumises et tous les évêques lui doivent respect et >> obéissance car la plénitude de la puissance lui appartient » de telle sorte, qu'elle admet à une partie de sa sollicitude les >> autres églises, dont plusieurs, et surtout les patriarcales, » ont été honorées de divers priviléges par l'Eglise romaine, >> sans néanmoins que sa prérogative puisse être jamais violée, » ni dans les conciles généraux, ni dans aucun autre (Concil. Lugd. 1, tom. xi, Conc. part. 1, col. 966). »

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Soutenir la supériorité du concile sur le Pape, c'est évidemment attribuer la puissance suprême ou la souveraineté même au concile, ce qui est formellement contraire à l'institution de Jésus-Christ. Il n'est pas jusqu'aux protestants eux-mêmes qui réfutent les gallicans sur ce point. Puffendorf, qui certes n'est pas suspect, dit au sujet de la question qui nous occupe, qu le concile soit au-dessus du Pape, c'est une proposition qui doit entrainer sans peine les protestants; « mais, ajoute-t-il, que ceux qui regardent le Siége de Rome comme le centre de toutes les églises, et le Pape comme l'évêque œcuménique, adoptent aussi ce sentiment, c'est ce qui ne doit pas sembler médiocrement absurde: car la proposition qui met le concile au-dessus du Pape établit une véritable aristocratie, et ce

cile, qui étaient mandataires de l'Eglise universelle, ont excédé les limites de leur procuration. 1° Il examine si les légats du Saint-Siége lui-même, comme il est quelquefois arrivé malheureusement, n'ont pas été traîtres; 2° si les autres mandataires des Eglises ont abusé de la procuration donnée. Alors la tête et le reste du corps, conduits par le même esprit, ou réprouvent ou ratifient les définitions du concile. Dans ce consentement de la tête et du corps, dans cette confirmation ou réprobation du concile, gît l'autorité suprême et indivisible de cet indivisible corps.

5° Quand la personne du Pape succombe à la mort, et que l'on ne peut, à cause de troubles intérieurs, en élire un autre sans retard, le Siége apostolique, qui est toujours distinct de celui qui y siége, est le véri– table chef immortel de toute l'Eglise; autrement le corps de l'Eglise serait mutilé et par conséquent sans

pendant l'Eglise romaine est une monarchie (Puffendorf, De habitu Relig. christ. ad vitam civilem, § 38). » — - Tout se borne à dire, en définitive, avec un concile : Pierre qui a reçu les clefs, symbole du pouvoir souverain, a été revêtu de la pleine puissance de paître, de diriger, de gouverner l'Eglise universelle (Conc. Florentin.).

Dans son ouvrage La France et le Pape, etc., Mgr. Clément Vilcourt, évêque de La Rochelle, prouve, par le témoignage des évêques de France : 1o que les Lettres des souverains Pontifes n'ont réellement pas été soumises à un nouvel examen dans les conciles œcuméniques; 2o que, quand elles y auraient été jugées et examinées, il n'en faudrait pas conclure que les conciles œcuméniques estimassent que l'autorité des Pontifes romains n'était pas suprême et irréformable. Voy. Part. 1, chap. vII.

vie, toutes les fois que mourrait la personne du Ponfife. Ce Siége immortel est toujours la tête; il n'y a rien de supérieur. En effet le chef pris avec tout le corps ne peut pas être supérieur à soi-même; or, il ne se peut qu'il y ait séparation entre le chef et le tout, pas plus qu'entre le tout et le chef.

6° Si le fléau du schisme survient alors, certainement la personne des deux Papes incertains est soumise au concile. En effet, il appartient surtout à tout le corps de l'Eglise de veiller soi-même à la sauvegarde de son véritable chef. Mais néanmoins le Siége, quelque incertain que soit celui qui s'y doit réellement asseoir, conserve entière sa prérogative d'être le chef indéficient dans la foi qui confirme ses frères. Il est donc certain que dans ce temps, comme dans les autres, on ne peut jamais séparer et arracher ni la tête du corps ni le corps de la tête.

CHAPITRE XXXIX.

On examine par quelle raison les princes laïques ont été déposés par l'autorité ecclesiastique 1.

1° On voit que les évêques, comme les souverains Pontifes, se sont attribués le droit de déposer les princes

Voy. ci-dessus la note du chapitre 1x, pag. 48 et suiv.

laïques. Le Pape Zacharie, lorsque les grands du royaume de France le consultaient, répondit qu'il fallait tenir pour roi celui qui s'acquittait des charges

1 Nous citerons sur cette conduite des Francs et sur la décision du pape Zacharie, l'avis de trois illustres Français. Ce sera d'abord Bossuet qui résume ainsi ce fait : « En un mot, le Pontife est consulté, comme dans une question douteuse et importante, s'il est permis de donner le titre de roi à celui qui a déjà la puissance royale. Il répond que cela est permis. Cette réponse, partie de l'autorité la plus grande qui soit au monde, est regardée comme une décision juste et légitime. En vertu de cette autorité, la nation même ôte le royaume à Childéric et le transporte à Pépin. Car on ne s'adressa point au Pontife pour qu'il ôtât ou qu'il donnât le royaume, mais afin qu'il déclarât que le royaume devait être ôté ou donné par ceux qu'il jugeait en avoir le droit ( Defensio, lib. II, cap. XXXIV). »

Fénelon explique ce fait dans le même sens. Nous avons dejà constaté (Voy. la note du chapitre 1x, p. 48), qu'il reconnaissait formellement que la puissance temporelle vient de la nation; sur ce fait des Francs, il dit : « Le pape Zacharie répondit seulement à la consultation des Francs, comme le principal docteur et pasteur, qui est tenu de résoudre les cas particuliers de conscience, pour mettre les âmes en sûreté. - Ainsi l'Eglise ni ne destituait, ni n'instituait les princes laïcs; elle répondait seulement aux nations qui la consultaient sur ce qui touche à la conscience, sous le rapport du contrat et du serment, » etc. Voilà le sentiment de Bossuet et de Fénelon sur ce fait. Nous convenons qu'il y a ici conformité entre ces deux grands hommes; mais nous soutenons, en même temps, qu'elle n'existe pas en tout comme on l'a voulu prétendre; dans l'application de la doctrine sur le temporel, l'un nous semble plus conséquent que l'autre ; ils sont en complet désaccord dans leurs conduites respectives, et nous pensons que le beau rôle est échu à Fénelon. Voy. sur ce point notre Mémorial Catholique, tom: IX, pag. 12, 45 et suivant).

Mais citons à présent le troisième auteur dont nous avons

de la royauté pour l'utilité publique, en laissant de côté celui qui n'exerçait aucune puissance royale; c'està-dire qu'il fallait préférer Pepin à l'incapable et inerte Childéric. Zacharie répondit seulement à ceux qui le consultaient, en sa qualité de premier docteur et pasteur qui est tenu de résoudre les cas particuliers de conscience pour tranquilliser les esprits.

Mais les évêques de France obligèrent Louis-le-Pieux, à la persuasion de ses enfants, à entrer dans un ordre de pénitents, afin que dans cet état d'humiliation et d'abaissement, il ne semblât plus digne de tenir les rênes de l'empire. Or, les princes laïques avaient à craindre des évêques plus que du souverain Pontife,

promis de faire connaître l'avis sur ce fait des Francs. Après Bossuet et Fénelon, écoutons Chateaubriand << Traiter d'usurpation l'avènement de Pepin à la couronne, dit-il, c'est un de ces vieux mensonges historiques qui deviennent des vérités à force d'être redits; il n'y a point d'usurpation là où la monarchie est élective, on l'a déjà remarqué : c'est l'hérédité qui, dans ce cas, est une usurpation. Peppin fut élu de l'avis et du consentement de tous les Franks. Ce sont les paroles du premier continuateur de Frédegher ( cap. xII). Le pape Zacharie, consulté par Pepin, eut raison de répondre : Il me serait bon et utile que celui-là soit roi qui, sans en avoir le nom, en a la puissance, de préférence à celui qui, portant le nom de roi, n'en garde pas l'autorité. Les papes, d'ailleurs, ajoute Chateaubriand, pères communs des fidèles, ne peuvent entrer dans ces questions de droit; ils ne doivent reconnaître que le fait, sinon la cour de Rome se trouverait enveloppée dans toutes les révolutions des cours chrétiennes : la chute du plus petit trône au bout de la terre ébranlerait le Vatican. (Analy. raison. de l'hist. de France, 2e race, in init.; à la suite des Etudes historiques). »

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