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par la multitude des évêques, soit qu'ils disent leur opinion réunis tous en concile, soit qu'ils la disent séparément. Cela est évident d'après les promesses. Pourquoi donc les hommes craindraient-ils, quand le Christ dit: NE CRAIGNEZ PAS. Le ciel et la terre passeront, mais les paroles de la promesse faite tant au chef qu'au corps, ne passeront jamais.

Encore un coup, je demande ce que l'on aurait à craindre d'une dissension quelconque en assemblant le concile romain. Je reconnais qu'on coure le plus grand danger des conciles nationaux qui manquent de toute promesse d'infaillibilité, qui seront peut-être plus instruits et plus soigneux de leur tradition privée que de la tradition universelle, et qui seront quelquefois forcés d'obéir aux rois. Mais il n'y a rien de semblable à craindre du concile romain que préside le Pape. Les évêques sauraient par là le cas que le Pontife en fait ; ils lui en deviendraient beaucoup plus attachés. Les différents évêques des diverses nations adopteraient plus volontiers des décisions sanctionnées par leurs frères. Le Siége apostolique, centre de la tradition qui circule du centre aux extrémités, et des extrémités au centre, comme le sang dans le corps humain, ne peut jamais ignorer quelle est la tradition de la plupart des églises. Ainsi le Siége apostolique instruit de la tradition universelle procède toujours avec sûreté 1.

1 Fénelon, assurément, était une voix assez autorisée, et par ses vertus et par ses talents, pour faire entendre ce désir, bien pur dans son cœur, de revoir le retour à l'antique usage

Or, le concile romain se composerait des évêques d'Italie, qui sont le plus attachés au Siége apostolique. Il n'y a pas à douter que l'Allemagne, la Hongrie

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d'assembler le concile romain. Cependant on ne pourrait dire que le souverain Pontife gouverne arbitrairement. Ce n'est jamais qu'avec le conseil des cardinaux et après avoir pris leur avis qu'il porte des décisions et qu'il promulgue les Bulles, Encycliques, etc. Venerabilium fratrum nostrorum S. R. E. cardinalium consilio et assensu. C'est dans le Consistoire qu'il parle officiellement et qu'il fait les promotions aux principales dignités de l'Eglise; de là cette distinction admise par toutes les écoles de théologie et de droit canon depuis Bellarmin jusqu'à Bossuet: Papa loquens ex cathedra aut tanquam privatus homo aut simplex doctor. Il n'institue ou ne destitue les évêques que selon les formes canoniques et selon les cas prévus par les lois de l'Eglise. Il existe des formalités que le Vicaire de Jésus-Christ ne foule jamais aux pieds. Jainais il n'exerce le pouvoir législatif et administratif sans conseil; il ne remplit personnellement les fonctions judiciaires ni comme évêque de Rome, ni comme métropolitain des évêchés suburbicaires, ni comme primat d'Italie, patriarche d'Occident ou chef de l'Eglise universelle. Des congrégations de cardinaux sont établies pour examiner en son nom, juger, décider toutes les questions qu'on peut adresser à Rome de toutes les contrées de l'univers.

D'ailleurs n'est-il pas défendu aux apôtres de dominer comme les rois de la terre, Vos autem non sic? « De tous les pouvoirs de ce monde, dit un auteur, celui du catholicisme est le seul qui ne puisse pas être arbitraire, car il vient de Dieu qui est toute équité et il a ses règles tracées à l'avance jusqu'à la consommation des siècles. Les puissances de la terre font ce qu'elles veulent, l'Eglise fait ce qu'elle doit. » Aussi le souverain Pontife lui-même, malgré des promesses qui lui assurent une infaillibilité surnaturelle, promesses que n'ont pas les autres évêques, ne gouverne jamais dans l'état ordinaire des choses que selon les canons et les règles établies.

la Pologne, l'Espagne ne ratifiassent immédiatement ce qui serait décidé par le Siége apos olique avec le concile romain suivant sa tradition. Que fera alors la France? Sera-t-elle dissidente? Je suis loin de craindre un pareil crime de la plus catholique des Eglises ; aussitôt qu'on connaîtra la définition émise par la tête, que la plupart des membres ont suivie d'eux-mêmes et à l'envi, les évêques de France s'y soumettront avec bonheur. Que si quelque Eglise privée s'oppose, il faudra qu'elle en vienne, bongré, malgré, à l'opinion des autres, pour qu'elle ne se montre pas isolée et schismatique. Mais il n'est personne qui ne voie quel danger menace l'Eglise catholique, si la jalousie, le soupçon et la discussion croissante entre le chef et les

« La monarchie des Papes, dit le cardinal Maur Capellari, devenu souverain Pontife sous le nom de Grégoire XVI, n'est pas despotique. Le Pape est fait pour l'Eglise et non l'Eglise pour le Pape, et de là résultent pour lui d'innombrables obligations auxquelles il ne peut se soustraire... » Telle est l'idée que se forment de la monarchie du Pape ses sages défenseurs; telle est l'idée qu'ont d'eux-mêmes les papes, qui pour cela se sont appelés serviteurs des serviteurs de Dieu : servi servorum Dei. L'illustre cardinal Gerdil montre bien que l'autorité du Pape n'est pas une autorité arbitraire ni despotique, et qu'elle ne heurte pas les lois qui découlent du plan de l'institution divine de l'Eglise et sanctionnées par le consentement des prédécesseurs du Pape (Traité de l'immutabilité du gouvernement de l'Eglise, 147). Un grand pape a dit : « Nous sommes les défenseurs des canons; nous n'en sommes pas les violateurs Defensores diversorum canonum et custodes sumus, non prevaricatores. » (Martin Ier à un évêque de l'Asie mineure.) — Voy. dans l'Appendice no 1 la note à la fin du Bref super Soliditate.

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membres divise tout le corps de l'Eglise. Maintenant les évêques n'ont aucun secours à espérer, comme ils n'ont presque rien à craindre du Siége apostolique. Leur sort dépend absolument de la seule volonté des rois. La juridiction spirituelle gît dans la poussière. Il n'y a rien, si vous exceptez les péchés dits secrètement au confesseur, il n'est rien que les magistrats laïcs ne jugent au nom du roi, en se jouant des arrêts de l'Eglise. Ce recours fréquent et ininterrompu au Siége apostolique par lequel chaque évêque sur chaque question de foi ou de mœurs avait coutume d'interroger, de consulter Pierre, est tellement tombée en desuétude qu'il reste à peine une trace de cette admirable discipline. Au fait, les rois dirigent et règlent toute chose à leur volonté, ou n'interrogent le Siége apostolique que par pure forme et bien rarement. C'est un nom qui sonne haut, mais ce n'est plus que l'écho d'un grand nom. Dans l'usage on ne connaît la puissance du Saint-Siége que lorsqu'on demande d'être dispensé de la discipline des canons. Ainsi les laïcs blâment et tournent en dérision cette autorité suprême à laquelle ils ne s'adressent que quand elle peut les servir 1. C'est ainsi que cette autorité maternelle et aimable a excité l'envi; c'est ainsi que naquit cette déplorable controverse qui depuis trois cents ans a séparé les Cisalpins des Transalpins.

1 Fénelon énumère quelques-uns des maux produits par le gallicanisme, ce que nous montrons plus au long dans notre Introduction.

CHAPITRE XLVI.

Conclusion de cet opuscule.

De tout ce que nous avons dit, trop longuement peut-être, il est évident, si je ne me trompe, que la voie que j'ai proposée pour ramener la paix entre les catholiques, et concilier les esprits de l'une et l'autre école, est facile et sûre. Que d'une part, les Transalpins, laissant de côté cette opinion, que Bellarmin regarde seulement comme plus probable, et qui de leur aveu ne s'accorde ni avec les conciles, ni avec les Pontifes romains, établissent seulement que le siége apostolique ne peut défaillir dans l'enseignement de la foi, ou bien qu'il ne peut définir une hérésie pour être crue de toute l'Eglise. Que, d'autre part, les Cisalpins ne craignent pas d'avouer que le Saint-Siége ne doit jamais défaillir dans l'enseignement de la foi, et que par suite il ne peut pas définir une hérésie pour être crue de toute l'Eglise.

Non les Ultramontains ne rejetteront pas la concorde pour défendre l'infaillibilité personnelle des Pontifes; cette opinion, rangée seulement parmi les probabilités et par là-même incertaine, ne peut rien dans la pratique pour dompter les esprits indociles qui ne veulent pas l'adopter : Non! les Cisalpins ne doute

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