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Nous ouvrons notre Appendice par la traduction du Bref de Pie VI, Super soliditate Petræ. On ne saurait trop méditer cet important document: toujours on y découvre de nouveaux enseignements, de plus vives lumières. Que les gallicans de bonne foi étudient les passages de ce Bref où sont résumées les erreurs condamnées comme hé

rétiques et schismatiques, dans les ouvrages de EYBEL et de l'apostat DE DOMINIS, et qu'ils prononcent, la main sur la conscience, si toutes les doctrines gallicanes sur la définition et la constitution de l'Eglise n'y sont pas textuellement, expressément condamnées. Ce Bref est décisif, et il est encore plus formel que les Constitutions

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Voy. dans notre Mémorial catholique, tome VIII, pag. 100 et suiv. l'article intitulé: Notion catholique de l'Eglise, opposée à certaines définitions fausses sur ce point.

déjà pourtant si claires Inter multiplices et Auctorem fidei, qu'on cherche toujours à éluder à force d'esprit, de subtilités et de chicanes. Nous ne voyons donc pas ce qu'on pourrait lui opposer, à moins qu'on ose prétendre qu'il n'a pas été enregistré en France? Eh! pourquoi pas? N'avonsnous pas vu, naguère, des écrivains, à propos du fameux Mémoire sur le droit coutumier, etc., oser réveiller des arguments de cette force? Quoi qu'il en soit, nous enregistrons ici ce Bref :

BREF SUPER SOLIDITATE.

SOMMAIRE DE CE BREF.

I. Jésus-Christ a fondé son Eglise sur Pierre. Dans tous les siècles les ennemis de l'Eglise ont porté leurs coups sur ce Siége.- II. Parmi ces ennemis se présente Fybel avec son libelle: Qu'est-ce que le pape? Efforts tentés pour propager ce libelle. - III. Analyse et réfutation de ce libelle;-IV. Le pape est au-dessus de l'episcopat; — V. L'auteur veut s'appuyer sur des autorités qu'il tronque; on lui oppose la tradition des saints Pères, laquelle établit la primauté du Siége apostolique;-VI. Les conciles æcuméniques pensent là-dessus comme tous les Pères; VII. Eybel invoque le concile de Constance, mais les décisions de ce concile servent à le confondre; VIII. Il en est de même du concile de Bâle; nouvelle preuve que la primauté de Pierre a toujours résidé dans le Siége de Rome; que le pape est pasteur de l'Eglise universelle; que les évêques sont seulement placés de droit ecclésiastique, chacun à la tête d'une portion du troupeau;-IX. L'auteur n'a pas davantage pour lui les évèques et les docteurs de l'Eglise Gallicane;-X. L'écrit d'Eybel a été condamné d'avance quand furent proscrites les erreurs de l'apostat De Dominis; — XI. Témoignage de l'assemblée de 1681 en faveur de

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1 Ce Mémoire vient d'être mis à l'index. Voy. notre Mémorial catholique, tom. IX, pag. 209 et suiv.; 239, 240; 246, 247 et 296.

l'autorité du Pape; mais Eybel a méprisé tous les témoignages des Pères, et a voulu les faire passer pour des allégories ; — XII. L'Eglise de Jésus-Christ forme un seul bercail, n'ayant qu'un seul pasteur; condamnation du livre d'Eybel.

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I. C'est un dogme de la foi catholique, enseigné par la bouche de J.-C., transmis de siècle en siècle, et défendu par la doctrine des saints pères, soigneusement conservé dans tous les temps par l'Eglise universelle, souvent confirmé contre les erreurs des novateurs par les décrets des souverains Pontifes et des conciles, que J.-C. a fondé son Eglise sur un rocher inébranlable, et que par une faveur spéciale, il a choisi Pierre entre tous les autres, pour lui donner la primauté dans le corps apostolique, en qualité de Vicaire de son divin maître, lui confiant le soin suprême de paître tout le troupeau des fidèles, de confirmer ses frères dans la foi, de lier et de délier dans l'univers entier, et de transmettre son autorité à tous ses successeurs jusqu'à la consommation des siècles. C'est par cette primauté de la Chaire apostolique que J.-C. a voulu consolider et resserrer le nœud de l'unité, au moyen de laquelle l'Eglise, qui devait se propager par toute la terre, ne formât qu'un seul corps, dont les membres, quoique dispersés dans toutes les plages du monde, fussent étroitement unis par leur association sous un seul chef; afin que le pouvoir suprême renforçât non-seulement la dignité du premier Siége, mais surtout l'intégrité et la consistance de tout le corps.

Il n'est donc point du tout surprenant que dans tous les siècles, tous ceux que l'ancien ennemi du genre humain a animés de sa haine jurée contre l'Eglise, se soient particulièrement appliqués à attaquer ce Siége où réside toute la force de l'union, dans le dessein de ruiner, s'il était possible, le fondement, et de rompre la liaison des églises avec le chef (liaison dans laquelle consiste principalement leur appui, leur vigueur et

leur splendeur), pour affaiblir par ce moyen l'Eglise entière, pour la ravager et la détruire, pour la dépouiller de la liberté, qu'elle tient de Jésus-Christ, et la ravaler à une indigne servi tude.

II. Parmi ces ennemis de l'Eglise, il s'est élevé dans ces der nières années un homme audacieux, le trop fameux Eybel, depuis longtemps connu par des ouvrages proscrits, qui a donné une nouvelle preuve de sa haine contre nous et le Siége Apostolique, lorsqu'ayant appris le dessein d'un voyage que nous avons entrepris pour le bien-être de la religion, il se hâta de faire glisser dans les mains de ses compatriotes un libelle, sous le titre indécent: Qu'est-ce que le pape? se flattant d'étouffer par là les sentiments religieux auxquels l'attente de notre arrivée avait donné lieu, et de faire regarder d'un mauvais œil le lustre de la dignité pontificale par l'ordre sacerdotal, et le faire mépriser par le peuple. But que le Dieu des miséricordes ne lui a pas permis d'atteindre; car nous avons eu la satisfaction d'être reçu par ses concitoyens mêmes qu'il avait voulu indisposer contre nous, avec la plus grande solennité, par un concours innombrable de tous les ordres de citoyens, au milieu des acclamations et félicitations interprètes de leur respect pour nous. Ce qui a rendu sensible la bonté divine, qui veillait à ce qu'il ne fût point dérogé à l'honneur dû à Pierre par l'indignité de son successeur, élevé par la Providence sur le Siége pontifical sans aucun mérite personnel.

Nous avons cru devoir nous dispenser de flétrir ce libelle par une condamnation dans le moment qu'il a paru, tant parce que nous n'avons pas voulu donner sujet à des gens trop soupçonneux, tels qu'il n'en manque jamais, de croire que cette conduite fût l'effet de notre sensibilité plutôt que du sentiment du devoir; que parce que nous avons jugé que celle brochure, en elle-même de peu de conséquence, pouvait être dévouée à l'oubli, sans autre danger que de voir la licence de réchauffer les vieilles calomnies, s'afficher avec plus de suffi

sance.

Mais nous avons appris dernièrement, que la médiocrité même de l'ouvrage a donné lieu à des gens qui sont toujours

prêts à semer le mauvais grain, de le réimprimer non-seule ́ment en langue du pays, mais encore en d'autres langues, et même en grec vulgaire, et de le faire malicieusement circuler au loin, dans l'espoir que la hardiesse de cet écrit satyrique lui gagnerait plus d'un lecteur, et que les hommes inconsidérés, qui ne sont pas en petit nombre, se laisseraient séduire par le ton de suffisance que prend l'auteur lorsqu'il avance des choses quelconques. Ces considérations nous ont fait comprendre qu'il était nécessaire d'aller autant qu'il serait en nous, sans délai, au-devant des progrès rapides du mal, et d'employer les moyens les plus efficaces pour raniener sous les lois de la bonne raison des hommes pervers, qu'on peut, hélas, appeler des ennernis domestiques, qui vivant, au moins en apparence, dans l'Eglise même, s'efforcent d'en troubler la paix et d'en rompre l'unité; ou du moins pour empêcher que la bonne foi des fidèles ne soit surprise, et qu'ils ne se laissent misérablement entrainer par la trompeuse iniquité, pour courir avec elle les sentiers tortueux des profanes nouveautés qui s'élèvent de toute part.

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Ill. Or, comme c'est dans le siège de l'unité que Dieu a placé, selon l'expression de saint Augustin 1, la doctrine de la vérité, le malheureux écrivain ne néglige aucun moyen pour affaiblir et renverser la Chaire de Pierre, que les Pères ont unanimement reconnue être le siége unique qui puisse maintenir l'unité entre tous les fidèles 2; duquel découlent sur les autres siéges les droits de la communion sa nte ; et qui doit former le centre de toute l'Eglise, de tous les fidèles dans tous les lieux et dans tous les temps. Mais l'auteur n'a point hésité à déclarer fanatique le peuple assemblé en foule, qu'il prévoyait devoir s'écrier à la vue du Pontife : « Voilà l'homme à qui Dieu »a daigné confier les clefs du royaume des cieux, avec le pou» voir de lier et de délier sur la terre; c'est lui qu'aucun » évêque n'égale en dignité; mais de qui ils doivent rece

1 Epist. 505. num. 16, édit. Maur.

2 Optatus Milev, lib. 2. contra Parmen.

S. Amb. Epist. VI. 1. clas.

S. Iren. lib. 3. cap. 3.

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