Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

siastique,

[ocr errors]

et

tournées qui, à cause de la difficulté des voyages à cette époque, surtout dans les montagnes, ne devaient être que quinquennales ou septennales, qu'il partit de cette cité pour venir dans la nôtre. Il peut se faire aussi qu'il ait profité du retour de Sanctius du concile d'Epaone pour venir à Moûtiers. Dans tous les cas, Sanctius aurait terminé la reconstruction de la basilique de saint Pierre vers 517, et saint Avit l'aurait consacrée entre cette date et l'année 522.

Les précautions oratoires prises par Avitus devant des auditeurs sans doute ignorants et tout à fait étrangers aux finesses du langage, indiquent qu'il comptait sur les charmes et le pouvoir de l'éloquence. On comprend qu'il avait un grand souci de ses discours, qu'il les étudiait et qu'il préférait la concision aux longs développements. Il laisse facilement voir qu'il a la conscience de ses talents.

Après l'exorde, il débute par une parole flatteuse à l'adresse des princes régnants, tout puissants et prêtant leur appui, intéressé sans doute, pour la construction des édifices religieux. Il semble, d'après les mots liminum sacra, que les chrétiens d'alors avaient encore le souvenir, par tradition, du culte païen aux dieux du foyer focus, protecteurs du seuil de leur demeure, mais qu'ils les avaient remplacés, grâce au clergé, certainement, par des objets vénérables. Il parait aussi que l'on accourait des alentours pour honorer les reliques des saints patrons du diocèse, et que l'on tenait à avoir son habitation dans les localités où étaient élevées les églises qui les contenaient, ce qui contribua à la formation des villes.

Avitus nous apprend qu'au vi° siècle, des églises

s'élevèrent dans les villes de notre région et les embellirent. C'est qu'en effet, à cette date, la population entière, dans nos contrées, étant devenue catholique, il fallut agrandir les anciennes églises ou en construire de nouvelles, afin que tous les fidèles pussent prendre part ensemble aux exercices du culte.

Ce qui explique encore l'agglomération des habitants, à cette époque, dans nos villes, c'est que, sous la domination des Burgondes, chrétiens aussi et de mœurs relativement douces, la population dispersée de notre pays se concentra, ce qui fit que les bourgades, comme le dit saint Avit, devinrent des villes. La dispersion des habitants de notre cité, dont parle le prélat, et qui eut lieu avant l'érection de la basilique de Moûtiers par Sanctius, soit vers la fin du ve siècle, fut vraisemblablement due à une incursion des Franks dans nos contrées, suivie d'une guerre entreeux et les Burgondes.

L'emplacement décrit par Avitus est bien celui sur lequel est encore assise aujourd'hui la cathédrale de Moûtiers. L'aire de l'église est, en effet, élevée de plusieurs mètres au-dessus du lit de l'Isère, que l'évêque de Vienne qualifie de fleuve, et qui devait, à cette époque, ressembler à un torrent, comme il le dit, à cause du bruit des eaux coulant dans un lit resserré et encombré de blocs et de cailloux roulés. Le pont qui établissait la communication entre les deux rives était, d'après un ancien plan, plus rapproché alors de l'église que ne l'est celui actuel, appelé pont Saint-Pierre. Il n'y avait pas alors 20 mètres entre la cathédrale et l'Isère.

La convergence des vallées de la Tarentaise à Moûtiers,

où se traitaient les questions religieuses ressortissant à l'évêque et toutes les grandes affaires civiles et commerciales du pays, a fait dire, avec raison, à saint Avit, que l'emplacement de la ville était aussi favorable aux intérêts temporels qu'aux intérêts religieux. Moûtiers, de bourgade était devenu cité; il était déjà alors le chef-lieu de la Tarentaise et jouissait de toutes les prérogatives attachées à ce titre. Sa population s'était rapidement et considérablement accrue, puisque l'ancien temple se trouva trop petit pour contenir les habitants. La nouvelle église mesurait une surface bien plus grande.

Les fenêtres des premières églises étaient originairement closes avec des tablettes de marbre ou d'albâtre, fort minces, ne laissant pénétrer dans l'église qu'une bien faible lumière; plus fréquemment encore, de nombreux trous circulaires ou en losanges, percés dans le marbre, même dans de simples dalles ou des panneaux en bois, formaient un treillis dont les ouvertures restaient libres ou étaient fermées avec du verre. Plus tard, les fenêtres des églises furent plus nombreuses et plus grandes, et les tablettes de pierre ou autre matière furent remplacées par des vitres enchassées dans des baguettes en plomb, répendant la lumière à profusion tout en fermant hermétiquement les baies. Ce nouveau système avait probablement été employé par les constructeurs de la nouvelle basilique, ce qui fit dire poétiquement à saint Avit que la lumière était enfermée dans une espèce de prison lumineuse.

L'allusion à saint Pierre et à saint Paul, en indiquant que l'église où il prêche est sous le vocable de ces princes des Apôtres, comme elle l'est encore aujourd'hui, nous

montre un lien qui unit cette partie de l'homélie au titre, et prouve, par conséquent, que ces deux fragments appartiennent au même discours.

Le langage d'Avitus établit indubitablement qu'il y avait encore des Ariens dans notre pays, lorsqu'il le visita, et même des partisans d'autres hérésies, mais moins agissantes et moins vivaces. Il attaque violemment ces sectaires qui le préoccupent sans cesse et dont il désire ardemment la disparition.

Nous savons aussi par lui que l'église qui existait avant cello construite par Sanctius, et qui était probablement celle élevée par saint Marcel vers le milieu du ve siècle, avait été détruite par l'ennemi, les Franks, peut-être, comme nous l'avons déjà dit, se trouvant aux prises avec les Burgondes ou d'autres barbares dont les nombreuses bandes dévastèrent tant de fois nos contrées.

Dans la péroraison, il répète indirectement que la nouvelle église est, grâce aux secours obtenus, d'une bien plus grande valeur que la précédente. La dernière phrase indique que les temps, alors, étaient difficiles et incons

tants.

Nous croyons, après cette analyse, qu'il ne reste aucun doute sur l'attribution de ces deux pages de papyrus à l'homélie prêchée par saint Avit, dans notre antique cathédrale, il y a plus de treize siècles et demi.

BULLETIN

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L'ACADÉMIE DE LA VAL D'ISÈRE

Du 4 octobre 1883.

PRÉSIDENCE DE S. G. MGR PAGIS, PRÉSIDENT.

S. G. Mgr Pagis prend place au fauteuil de la présidence d'honneur. Au bureau siègent MM. Alliaudi, président; Dupraz, trésorier; Miédan-Gros, secrétaire-adjoint.

En outre étaient présents MM. Péronnier et Lombard, vicairesgénéraux; baron du Verger de Saint-Thomas; les chanoines Jorioz, Capuçon, Savarin; les curés Garin, Poncet; les abbés Brunet, Frison et Tremey; et MM. Crud, Durandard et Ducruet.

A dix heures, M. le président déclare la séance ouverte et rend compte de la situation de la Société surtout au point de vue financier. Il résulte de cet exposé que les publications de l'Académie subiront un temps d'arrêt bien regrettable par suite de la suppression des allocations du département et du ministère des Beaux-Arts. A cette occasion, il invite l'assemblée à voter de chaleureux remercîments à Messieurs les conseillers généraux du pays, qui ont fait tout leur possible pour faire continuer à notre société le subside dont elle a grand besoin pour son œuvre. Ils n'ont pas eu, hélas! le succès que méritait leur zèle, mais l'Académie s'associe avec une unanimité touchante au vœu de son président.

La parole est ensuite au Secrétaire, qui lit le rapport suivant:

« ZurückWeiter »