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NOTICE HISTORIQUE

SUR LES

DIFFÉRENTES FAMILLES QUI ONT PORTÉ LE NOM

DE

LA VAL D'ISÈRE EN TARENTAISE

Par M. DURANDARD, avoué à Moutiers.

Je dois à l'amitié d'un de mes camarades de collège, qui n'est pas étranger aux de La Val d'Isère, quelques notes sur les différentes familles qui ont porté ce nom. J'ai moi-même complété par mes recherches ces notes en puisant aux sources les plus autorisées.

Plusieurs hommes remarquables de la Tarentaise ont porté le nom de La Val d'Isère qui a été choisi par notre Académie. Je vais expliquer, en les citant, à quelles familles ils appartenaient et dire tout d'abord, ce qu'on entendait par La Val d'Isère. C'était le nom d'une seigneurie, plus tard érigée en baronnie, successivement en comté, qui comprenait toute la haute vallée de l'Isère, au pied du Petit-Saint-Bernard, depuis et y compris la commune de Séez, entre la Maurienne, le Piémont, la vallée d'Aoste et les montagnes de Pralognon, Peisey et Hauteville. Le château était situé à Séez. Pendant les guerres du commencement du XIIIe siècle, il avait subi de grands dégâts; aussi, pour en empêcher le retour, un comte de La Val d'Isère, tit-il, vers la fin du même siècle, raser la plus grande partie de ses fortifications.

Une chapelle érigée à côté de l'église de Séez, servait de nécropole aux seigneurs du lieu et l'on y voit encore les débris d'une statue de pierre que M. Borrel a signalée dans un article publié par notre Académie. (Sépultures antiques de la Tarentaise 1869-1870). Un mémoire rédigé en 1783 d'après les ordres de Joseph d'Allinges, donne la description de cette statue. « Couchée sur le <«< dos, armée de toutes pièces, avec de très grands épe<«<rons elle tenait avec les deux mains une très grande « épée à double tranchant, assez longue pour aller au << milieu des deux pieds ou se terminait la pointe. Sur « l'arrête de la tablette se trouvait une inscription que « je n'ai pu déchiffrer, dit l'auteur inconnu du mémoire, <«< quoiqu'elle soit très bien conservée. » Sur un enfoncement étaient gravées en relief et très bien exécutées des armoiries qui étaient « une croix horizontalement placée <«< au bas de l'écusson, supports deux lions, cimier, un «< aigle impérial à ailes déployées. »

Il est regrettable que l'inscription ne nous ait pas été transmise, car on ne la retrouve pas aujourd'hui sur les débris de la statue; (elle aura probablement été martelée au moment de la Révolution); mais les armoiries décrites dans le mémoire indiquent déjà à quelle famille appartenait celui que représente la statue. Ce sont les armes de Duin proprement dit, qui a possédé La Val d'Isère dès le commencement du xve siècle jusque vers l'an 1529. Il est vrai que quelques-uns des de Mareschal ont porté ces armes toutes seules, mais l'ancienneté et le costume de la statue tendent à prouver que ce monument n'est pas postérieur au commencement du xvie siècle. On doit donc admettre

comme certain que ce n'est pas le tombeau d'un membre de la famille de Beaufort qui a possédé cette seigneurie pendant le XIV siècle comme on le verra ci-après, mais bien celui d'un Duin proprement dit, peut-être de Janus de Duin le dernier et le plus illustre de cette branche de Duin (1) mort à Montcharvin près de Chambéry et enseveli à Séez, vers 1520 ou 1525.

Les premiers seigneurs de ce fief me sont inconnus jusqu'à Béatrix, dame de Faucigny, qui le possèda avant le comte de Savoie, Amédée V. Ce prince l'échangea, le 29 mai 1310, contre la seigneurie de Beaufort avec Jacquemet de Beaufort, créé, vicomte de Tarentaise (Armorial de M. de Foras- Généalogie de Beaufort). Un autre Jacquemet de Beaufort laissa ce fief aux frères Pierre et Richard de Duin ses neveux vers 1405. Ces frères de Duin étaient fils de François de Duin et d'après Charles-Auguste de Sales, Marguerite de Beaufort, veuve de François de Duin et mère de Pierre et Richard de Duin, fut une des sixièmes aïeules de saint François de Sales.

Une reconnaissance en faveur d'Amédée VIII du fief de Blay, du 6 janvier 1431, par noble Nicod, feu Pierre, feu François de Salins, mentionne, à cette époque, l'existence de noble et puissant Bertrand de Duin, conseigneur de La Val d'Isère qui possédait des terres dans la paroisse de Blay.

Le dernier de Duin baron de La Val d'Isère, que j'ai déjà cité, fut Janus, gouverneur du duc Charles III, dans

(1) Une autre branche de Duin s'est éteinte beaucoup plus tard. Les Duin portaient d'or à la croix de gueule avec un aigle pour cimier.

son enfance, grand écuyer, conseiller et chambellan de S. A., ambassadeur auprès du roi de France. Janus, qui avait hérité de son cousin-germain, François de Duin, le seigneur de Chateauvieux, aussi grand-écuyer de Savoie, ne laissa lui-même, qu'une fille, Louise de Duin, dame de La Val d'Isère, femme de Thomas de Valpergue, comte de Mazin, laquelle mourut sans enfants; elle avait institué pour héritiers ses cousins germains, les frères de la Forest François, seigneur de Rian et Pierre, seigneur de la Barre. Celui-ci prit possession de La Val d'Isère et s'intitula baron de ce lieu; il est cité sous ce nom, parmi les quatre barons qui portèrent les coins du drap d'or du cercueil de Pierre de Savoie, duc de Nemours, en 1534. Mais Jean de Mareschal, seigneur de Combefort, aussi cousin-germain de la comtesse de Mazin, revendiqua cet héritage, parce que Janus de Duin, son oncle avait établi un fidéi-commis, en sa faveur, sous la condition de porter le nom et les armes de Duin-La Val d'Isère. Après un long procès, il y eut, en 1539 et 1540 entre les fils de Pierre de la Forest et Jean de Mareschal, deux transactions par lesquelles les de la Forest renoncèrent à leurs prétentions sur La Val d'Isère. Dès lors, cette branche de la famille de Mareschal prit le nom de Duin dit Mareschal et porta quelquefois les armoiries pures des de Duin et le plus souvent celles des de Duin écarlatées avec celles des de Mareschal, (d'or à la bande de gueule chargée de trois coquilles d'argent), telles que l'Académie de La Val d'Isère les a adoptées. Cette famille est celle qui a possédé le fief dont je m'occupe, le plus longtemps, pendant environ, 250 ans ; et plusieurs de ses membres en ont illustré le

nom, surtout dans les armes. Pendant le xvir siècle, et le commencement du xvine, ils furent presque constamment colonels et grands gruyers de la province de Tarentaise, colonels d'un régiment qui prenait le nom de La Val d'Isère, commandeurs et comtes d'Allinges; plusieurs d'entr'eux furent lieutenants-généraux, maréchaux de camp, mestre de camp, chevaliers ou commandeurs de Malte. Je n'en citerai que six des plus remarquables,

Pierre, premier comte de La Val d'Isère (1615), colonel de la province de Tarentaise, lieutenant-général de l'infanterie savoisienne, chevalier de l'Annonciade (1618) ; il a joué un rôle important dans les guerres de CharlesEmmanuel Ier; deux de ses frères et quatre de ses fils ont été tués ou sont morts de blessures reçues sur le champ de bataille entr'autres Hector, chevalier de Malte, cité par Vertot (histoire des chevaliers de Malte.) Un autre fils de Pierre, nommé Jean-Baptiste, comte de La Val d'Isère, vicomte de Tarentaise, était maréchal de camp en 1648.

II. Jean-Balthazard, frère du précédent, baron de Saint-Michel, en Maurienne, commanda, ainsi que les barons de La Val d'Isère, de la Bastie et de Saint-Georges, l'infanterie levée en Savoie, en 1613 il fut tué d'un coup de cañon, à Asti, auprès du duc de Savoie dont il était écuyer. De lui, sont issus les de La Val d'Isère-SaintMichel, marquis de Marclaz en Chablais.

III. Sigismond, maréchal de bataille, aux armées du roi de France, en Italie, mestre de camp dans l'armée française, mort d'un coup de mousquet reçu à l'attaque du pont de Jangeon-sur-Loire, le 23 mars 1652.

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