Pascal était dans la tombe, quand on édita ses Pensées. Ces deux génies n'avaient pas laissé pour cela d'écrire leurs chefsd'œuvre. Sachons donc prendre patience. Si nos mémoires devaient rester à l'état de manuscrits dans les archives de l'Académie, ce ne serait pas une raison pour regretter le temps que nous avons employé à les composer Cette réflexion m'amènz à vous dire que notre situation financière n'a pas sensiblement changé depuis l'année dernière : nous avons vendu le monument historique d'Aime; mais le mandat tant désiré, qui nous permettra de faire sortir les manuscrits de nos cartons et de les livrer à notre imprimeur, n'est point encore arrivé. Il ne saurait cependant tarder encore bien longtemps : on l'avait fait espérer pour le mois de septembre, et nous pouvons le recevoir incessamment. Il fournira un précieux appoint à notre caisse et nous permettra de reprendre notre marche régulière. Je termine en vous signalant les changements survenus dans notre personnel; nous avons à regretter la mort de MM. Plassiard, chanoine: Fleury, vicaire général de Genève, dont plusieurs mémoires ont été publiés par l'Académie. : Ces chers défunts ont eu des successeurs : nous avons ouvent nos rangs à MM. le comte Greyfié de Bellecombe, Revel, juge au Tribunal de Moûtiers, et Coutem, curé des Allues. Le nom de M. Greyfié est un de ceux dont notre pays se glorifie à juste titre il signifie honneur et patriotisme. M. Revel est le magistrat intègre; il pourra nous prêter un précieux concours pour faire revivre notre droit ancien et nos anciens usages. Voulez-vous connaître M. Coutem? Transportez-vous par la pensée au presbytère des Allues; entrez dans la chambre qui lui sert de cabinet de travail; vous verrez une large table couverte de vieux livres, de parchemins sortis des fabriques du moyen âge, et devant ces précieux documents, un homme absorbé, occupé à les déchiffrer, à les compulser, à les noter: vous croiriez à une apparition de Baronius ou de Dom Guéranger: Vous vous trompez; c'est notre nouveau Collègue. Il m'a été donné de le voir dans l'attitude que j'ai essayé de décrire. Cette vue m'a fait bien augurer de l'avenir de notre œuvre; je me rappelais les vers du poète que le dévouement de Nisus et d'Euryale rassurait sur les destinés des Troyens : Di patrii.... non omnino Teucros delere peratis Dieux de la patrie, vous n'avez pas résolu la ruine complète de Troie puisque vous avez suscité des jeunes gens si valeureux. En modifiant quelque peu l'expression, je disais à mon tour Dieu de la Science, vous ne voulez pas qu'elle tombe, l'œuvre des Million, des Alliaudi, pour ne parler que des morts, puisque vous lui donnez de tels défenseurs.. JPH EMILE BORRFL, Secrétaire perpétuel de l'Académie de La Val d'Isère, RAPPORT DU SECRÉTAIRE DE L'ACADÉMIE DE LA VAL D'ISÉRE, LU A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 25 NOVEMBRE 1886. Monseigneur le Président, Messieurs, L'année académique (si je puis employer cette expression) qui vient de s'écouler, n'a été ni bien féconde, ni complètement stérile. La comparaison avec les vaches grasses ou les vaches maigres dont parlent nos Livres-Saints, ne saurait lui convenir. Disons donc sans figure qu'elle a été une année moyenne, ou plus exactement peut-être, légèrement au dessous d'une année moyenne. Nos publications se réduisent à une seule livraison de 100 pages environ c'est la 2e du 4e volume des Mémoires. Elle comprend : 1o Le Bulletin des assemblées générales de 1883 et 1884; 2o Une notice historique sur les différentes familles qui ont porté le nom de La Val d'Isère en Tarentaise, par M. Durandard, 3° Une notice sur le docteur Abondance, par M. le docteur Laissus ; 4o Un document inédit concernant l'abbaye de Tamié, par M. Borrel, notre vice-président ; 5o Des notes complémentaires sur la suzeraineté des Archevêques de Tarentaise dans la vallée de Bozel, par M. le chanoine Garin; 6 Le Monastère du Mont Sainte-Anne, par M le chanoine Savarin ; 7o Le Rapport lu par votre Secrétaire au Congrès de Montmélian, en 1885. Mais en dehors de ces mémoires publiés par l'Académie, quelques-uns de nos membres ont fait des publications à leurs frais. Ainsi M. le chanoine Garin a fait paraître deux ouvrages de longue haleine le premier est une Chronique religieuse de la vallée de Bozel; et le second a pour titre Notices biographiques sur Mgr Miège, premier vicaire apostolique du Kansas, el sur les prêtres de la paroisse de Chevron. De son côté, M. le docteur Laissus a mis au jour une étude sur les propriétés curatives des eaux de Brides, : Du reste, Messieurs, les communications qui ont été faites en séance pendant cette année, n'ont pas encore reçu les honneurs de la presse notre état financier nous a habitués à procéder jusqu'ici avec plus de lenteur. Parmi ces dernières, je mentionnerai 1o La découverte, faite par M. Revel, d'un parchemin, muni d'un sceau en plomb, portant le cachet du pape Clément XII. Monsieur Borrel, vice-président, en a donné l'interprétation. Ce manuscrit est un bref par lequel le pape Clément XII notifie à Joseph Cabalain, official de Tarentaise, la nomination de Joseph de Vignod, comme chanoine de Tarentaise ; 2° Un mémoire de M. Revel, sur l'usage antique existant en Tarentaise, notamment dans les vallées d'Aigueblanche et d'Aime, de produire des nuages artificiels, dans le but de réchauffer l'atmosphère et de prévenir les gelées. 3o La découverte de deux documents, faite par M. Borrel vice-président, dont l'un est du XVIe siècle, d'où il résulte que la rue du Conchon, s'appelait autrefois charrière du cochon Ainsi se trouve fixée d'une manière certaine l'origine et l'étymologie du mot actuel Conchon. 4o Deux documents offerts à l'Académie par M. Revel. Le premier a pour titre Manifeste de la Royale Chambre des Comptes portant notification du Règlement et du Tarif de l'Etablissement thermal de La Perrière, dit de Brides, en Tarentaise. Le deuxième, ce sont les lettres patentes de S. M. Charles-Albert, autorisant une loterie pour la construction de la nouvelle église de Brides ; 5° La découverte et la communication faite par M. Lombard, vicaire général, d'un règlement de police de la ville de Moûtiers en 1779. 6° l'annonce faite par M. Tremey d'une découverte de pièces de monnaies romaines appartenant à l'époque de Vespasien, pièces trouvées sur la route de Moûtiers à Bozel, près du village du Carret. 7° Une touchante notice biographique lue par M. le chanoine Garin, relative au R. P. Doucet, missionnaire apostolique en Corée. Cette notice forme un chapitre détaché du grand ouvrage de M. Garin sur les prêtres originaires de Chevron. A cette nomenclature hélas ! trop courte, mais malheureusement presque complète, des mémoires qui ont été lus ou des communications qui ont été faites dans nos séances mensuelles, il convient d'ajouter un petit compte-rendu de la part que nous avons prise au Congrès des Sociétés Savantes de la Savoie, tenu à Thonon au mois d'août dernier. Cela est nécessaire pour vous donner une véritable idée de la physionomie vivante de notre Société. Si l'on tient compte du nombre relativement peu considérable de nos membres, si l'on remarque d'autre part que nous étions les plus éloignés du siège du Congrès, il sera juste de dire que l'Académie de La Val d'Isère était largement représentée à Thonon elle y comptait 7 membres MM. Bernard, Borrel, secrétaire, Brachet, Dupraz, Durandard, Garin et Tremey, sans parler d'un grand nombre d'autres qui, comme M. Ducis, |