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félicitant M. Laissus, nous nous trouvons, Messieurs, en très bonne compagnie. Son talent et son dévouement quotidien sont justement reconnus et appréciés jusque au-delà de nos frontières hier, il recevait du Roi Humbert la décoration de la couronne d'Italie ; aujourd'hui Sa Sainteté le pape Léon XIII, lui décerne le titre envié de Chevalier de Saint-Grégoire-leGrand. Après de pareils témoignages, venus de si haut, nos éloges sont désormais impuissants à rien ajouter à sa gloire.

Il serait possible, Messieurs, de ne pas clore ici la liste des œuvres dues aux membres de notre Société. Ainsi je pourrais citer un article intéressant sur les tulipes du canton d'Aime, publié par M. Briançon-Marjollet, notaire, ainsi qu'une Histoire de la Tarentais e publiée par M. Pascalein. En cherchant bien je pourrais peut-être encore découvrir parmi nous M. Louis de Verdun, l'auteur de la charmante idylle qui a pour titre : Sophie ou les fiancés de Pralong; mais je crois qu'il est mieux de ne pas sortir des limites d'une sage discrétion, et de ne pas soulever le voile de l'anonyme sous lequel sa modestie a voulu se cacher.

Après vous avoir parlé de nos travaux, il me reste à vous dire deux mots de notre situation financière et personnelle.

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Au point de vue financier, nous occupons une position sinon brillante, du moins passable. Le Département et l'Etat ne nous accordent point encore les précieuses allocations qu'ils nous octroyaient autrefois. Néanmoins, grâce aux fonds que nous avons touchés par suite de la vente de Saint-Martin d'Aime, grâce au zèle et à l'activité que déploie notre Trésorier pour faire rentrer les cotisations annuelles, nous sommes en mesure de faire face aux dépenses ordinaires. Nous allons mettre sous presse une livraison de mémoires, qui suivra de près la livraison de documents, que vous recevez aujourd'hui.

Au point de vue du personnel, nos pertes ne sont pa

nombreuses; mais elles sont sensibles : la mort n'a pas multiplié ses coups, mais elle a frappé fort. Vous savez que nous avons eu la douleur de perdre M. le chanoine Savarin, un des membres les plus actifs de notre Société. M. Savarin écrit de nombreux articles publiés dans nos mémoires. Il a composé entre autres l'Histoire du prieuré de Bellentre. Il a laissé de nombreuses notes, en particulier sur la paroisse de Bourg-Saint-Maurice, dont il avait été pasteur. Votre Secrétaire, qu'il voulait bien honorer de son amitié, espère pouvoir en tirer parti, et les utiliser un jour.

Nous avons eu également le regret de voir s'éloigner de nous Mgr Pagis, notre Président, qui est allé faire bénéficier la Lorraine des fécondes ressources de son zèle et de son talent. Désormais il ne peut plus nous accorder que le concours de sa sympathie et de son souvenir, que, nous l'espérons, il voudra bien nous garder dans son lointain séjour.

Ne croyez pas cependant que nous soyons acéphales, à cause du départ de Mgr Pagis, ou moins nombreux, par suite de la mort de M. Savarin.

Au bruit de l'assassinat de Henri IV, sa veuve, Marie de Médicis, sortit éplorée de ses appartements, et rencontrant le chancelier Sillery, elle s'écria douloureusement : Le roi est mort! Madame, répondit Sillery sans marquer d'émotion, Votre Majesté n'excusera, les rois en France ne meurent pas !

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Semblables sous ce rapport aux rois de l'ancienne monarchie, les académiciens ne meurent pas! Ils changent seulement de nom. Ainsi notre Société compte autant et plus de membres que l'année dernière, et M. Brrel, réélu vice-président au mois de janvier, dirige aujourd'hui nos pacifiques débats.

Je vous ai dit que nous étions aussi no nbreux ; je dois ajouter que nous sommes plus nombreux : les académiciens ne peuvent

pas mourir, mais ils peuvent naître. Nous avons, dans le cours de cette année, ouvert nos rangs à cinq nouveaux collègues : MM. Ducret, Deville, Cettier, Pascalein, Perrier et Villiod.

Tous ces choix, Messieurs, font autant d'honneur à ceux qui les ont faits qu'à ceux qui en ont été l'objet :

M. Ducret écrit bien et parle bien : ceux qui ont eu l'occasion de l'entendre parler de la littérature et des littérateurs de notre époque (j'ai eu cet honneur) savent que toutes ces questions lui sont très familières. De plus, sa haute situation de premier magistrat de l'arrondissement de Moûtiers le désignait à nos suffrages. Nous ne lui sommes pas étrangers: il appartient à cette glorieuse catégorie de fonctionnaires, qui loin de se croire en exil au sein de nos montagnes, ne peuvent plus s'en arracher. La renommée vient de nous apprendre que M. Ducret va incessamment s'allier à une famille du pays, et devenir ainsi un enfant adoptif de la Tarentaise. Nous verrons revivre en lui son glorieux prédécesseur, M. Despine, qui faisait partie de notre Société, qui aimait la Tarentaise, qui visitait en détail la Tarentaise, et qui publiait des écrits intéressants et flatteurs pour la Tarentaise.

MM. Deville et Cettier sont également devenus enfants de la Tarentaise le premier par les riches immeubles qu'il y a acquis; le second par l'alliance qu'il y a contractée.

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L'Académie Française, si scrupuleuse dans le choix de ses membres, accueillit M. Ferdinand de Lesseps en disant : • Monsieur, vous êtes un grand français; ce titre à lui seul a suffit pour que les portes de cette enceinte s'ouvrent devant << vous. En recevant M. Deville nous pouvons dire: Monsieur vous êtes un grand Tarin; Brides et Salins sont notre Pérou ; en travaillant avec tant d'intelligence à en accroître la prospérité, vous méritez bien de notre petit pays, et c'est avec joie que

nous vous ouvrons nos rangs.

M. Cettier, appelé par ses fonctions à parcourir nos vallées, à entrer en relation avec les municipalités, est admirablement placé pour faire des explorations: très souvent il aura l'occasion de voir, d'entendre, de constater quelque chose de curieux et d'intéressant. Nous le prierons alors de prendre des notes, et d'en faire l'objet de quelques communications pour nos séances mensuelles.

MM. Ennemond Perrier et Pascalein, sont deux littérateurs : le premier est un membre très actif de l'Académie Delphinale; Il a répondu au diplôme que nous lui avons adressé par l'hommage de plusieurs brochures qu'il a publiées.

Celui qui se cache sous le pseudonyme de Pascalein est notre compatriote, il est né dans nos montagnes. Il publie dans les Revues parisiennes ou de province, des articles justement appréciés dernièrement il fit une étude sur le pape Innocent V, qui fut couronnée par l'Académie Florimontane.

M. l'abbé Villiod vous est avantageusement connu. Ce n'est un mystère pour personne, M. Villiod est un publiciste vous lisez ses articles écrits avec talent. Il appartient à cette catégorie d'écrivains qui sont maîtres de l'opinion, et l'opinion, vous le savez, est la reine du monde. Politique, littérature, arts, sciences, industrie, commerce, etc. etc. tout ressortit à leur tribunal souvent rigoureux et redoutable. Aussi en accueillant M. Villiod, nous avons fait non seulement œuvre de justice en rendant hommage à son talent, mais encore œuvre de prudence, en ménageant à nos écrits un critique plus bienveillant que sévère.

Comme vous le voyez, Messieurs, notre société est pleine de vie, et l'avenir lui sourit gracieusement notre nombre ne diminue point, loin de là : si l'un de nous tombe, cinq ou six prennent sa place; nous sommes donc réellement immortels; il ne nous reste qu'à produire des œuvres dignes de l'immortalité.

JPH-EMILE BORREL,

Secrétaire perpétuel de l'Académie de La Val d'Isère.

VESTIGES DE LA VOIE ROMAINE

ET

DES MONUMENTS ÉLEVÉS SUR SES BORDS

A TRAVERS LE PAYS DES CEUTRONS

(Communication faite à la réunion des Sociétés savantes
à la Sorbonne, le 31 mai 1887).

La voie romaine qui reliait Milan à Vienne, en Dauphiné, traversait la Savoie de l'ouest à l'est, passant par le pays des Ceutrons et par celui des Allobroges.

Ses stations, depuis le sommet des Alpes Graies qui est un peu au nord de la ligne de démarcation entre la France et l'Italie étaient In Alpe Graia (Petit-SaintBernard), Bergintrum (Bourg-Saint-Maurice), Axima (Aime), Darentasia (Moûtiers), Obilonna (Arbine), Ad Publicanos (Gilly), Mantana (Bourg Evescal), Lemincum (Chambéry), Laviscone (Saint-Paul-d'Yenne), Augustum (Saint-Genix-d'Aoste), Bergusium (Bourgoin) et Vigenna (Vienne).

Je ne m'occuperai, maintenant, que de la partie de la voie qui traversait la Tarentaise, pays des anciens Ceutrons, soit depuis In Alpe Graia jusqu'à Obilonna. La distance entre ces deux stations est, d'après la Carte de Peutinger, de XLIV milles (65 kilom. 97 mèt.) (1) et de XLIII seulement selon l'Itinéraire

(1) J'admets 0,2959 pour le pied romain et, par conséquent, 1479,50 pour le mille.

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