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leur attention. J'ai voulu vous montrer que cette ardeur qui vous embrase pour l'étude, ce souffle qui vous pousse à faire de nouvelles conquêtes, dans le domaine de l'histoire et de l'archéologie, n'a rien qui doive surprendre vous avez l'esprit de famille vous ancêtres, comme vous, aimaient l'étude, ils établissaient partout des écoles au prix des plus grands sacrifices: c'est ce que j'ai essayé de faire ressortir. De ces écoles sont sortis des hommes qui ont acquis une juste célébrité dans l'armée, dans la magistrature, et jusque dans les conseils des rois. Plusieurs savoyards se sont même assis sur la chaire de Saint Pierre. C'est ce qui faisait dire à un grand prélat français, Mgr Chalandon (1), dans un discours adressé à la Savoie religieuse réunie à Myan, en octobre 1855 : « Vous avez « la réputation méritée d'être le peuple le plus instruit «de l'Europe. »

Tout en faisant la part de l'exagération que comporte nécessairement un éloge, il nous est permis de voir autre chose qu'une mystification où une indigne flatterie, dans cette parole tombée de si haut. Cette réputation, Messieurs, nous la tenons de nos pères, qui nous l'ont confiée comme un dépôt sacré. Notre devoir est de la transmettre à nos neveux tout à fait iutacte, et sans qu'elle ait subi la plus légère atteinte.

JPH-EMILE BORREL,

Secrétaire perpétuel de l'Académie de La Val d'Isère.

(1) Évêque de Belley.

NOTICE HISTORIQUE

SUR

LES MINES DE LA SAVOIE (')

PREMIÈRE PARTIE

NOTICE HISTORIQUE SUR LES DIFFÉRENTES PHASES
DE L'INDUSTRIE MINÉRALE EN SAVOIE.

I

Antiquité et Moyen Age

Les Alpes renferment en abondance des filons et des gisements de toute espèce qui, aux diverses époques historiques, ont fixé l'attention des hommes d'entreprise et attiré la sollicitude des gouvernements. Sur toute la longueur de cette chaîne de montagnes, la Savoie, qui est pleine de richesses minéralogiques, est un des terrains où les recherches ont été le plus fréquentes, puisqu'elles ont été pour ainsi dire continuelles, et où l'on a déployé le plus d'activité pour les travaux d'exploitation.

Les gisements de fer, de plomb årgentifère et de cuivre sont très répandus en Savoie. La nature, celle mère prévoyante, ne se contenta pas, pour dédommager

(1) Ce travail ayant été écrit en 1869, les lecteurs sont priés de vouloir bien se reporter à cette date.

les habitants de ce pays aride, d'enfouir des mines métalliques dans les flancs des montagnes alpestres, profondément déchirés et crevassés par les effroyables commotions du flux et du reflux du fluide igné, elle y sema encore à profusion de précieuses mines d'anthracite qui ne demandent que de meilleures méthodes d'exploitation pour donner d'immenses produits, et des études d'art pour recevoir de grandes et nombreuses applications. Nous y trouvons aussi de grands gisements d'asphalte, du lignite, du sel marin, du sel gemme, des sables quartzeux blancs, des sables et des terres réfractaires, des ocres, des marbres, des jaspes, de l'antimoine, du soufre, du titane, de l'amiante, des tourbières abondantes, d'énormes gisements de schistes argilcux qui donnent plus de 5,000 milliers d'ardoises et qui peuvent en donner davantage en facilitant leur débouché, les dépôts excessivement abondants de gypse qui produisent plus de 10,000,000 de kilog. de plâtre par an, etc., etc.

On trouve en Savoie d'anciens travaux de mines et de carrières qui remontent à la domination romaine.

Quelques passages des écrivains de cette époque montrent que l'on retirait des Alpes Grecques et des Alpes Cottiennes une partie des métaux nécessaires aux besoins du peuple romain. Pline, dans son Histoire naturelle, liv. 34, § 2, mentionne spécialement l'excellent cuivre que les Romains retiraient du pays des Centrons. « La meilleure qualité de cuivre, dit-il, après l'aurichalcum (laiton natif) a été le sallustion, dans les Alpes Centroniques. I tire son nom du propriétaire de la mine,

Salluste, ami d'Auguste. Malheureusement, dit l'auteur latin, cette mine n'a pas duré longtemps. >>

Les Romains ne se contentèrent pas d'exploiter des mines métalliques dans le pays des Centrons, ils travaillèrent les beaux marbres de Villette et du Saix. Les inscriptions romaines qui existent à Aime et à Villette sont faites sur des tables de marbre poli, provenant les unes de cette dernière localité et les autres du Saix ou de roches de même nature situées aux alentours d'Aime. Ils tiraient de ces mêmes carrières, préférablement de celles de Villette, les pierres d'angles, les dalles et les marches d'escaliers nécessaires à leurs constructions. Les angles de l'église Saint-Martin, à Aime, les piliers monolithes de la voûte de la crypte et les dalles de ce souterrain et de la nef ont été extraits des carrières de Villette. Ces matériaux proviennent incontestablement de la démolition de quelques-uns des riches monuments qui avaient été élevés à Aime par les Romains. Du reste, partout où l'on remue le sous-sol de la ville actuelle d'Aime, on trouve des parties de constructions romaines exécutées avec du marbre. Pline, dans son ouvrage cité plus haut, parle de l'existence de ces marbres auxquels il attache une certaine importance, puisqu'il dit, liv. 36, chap. 1 : « Le passage des Alpes par Annibal, et plus tard par les Cimbres, fut un prodige pour nos aïeux; eh bien! aujourd'hui ces Alpes brisées nous livrent mille espèces de marbres

Les Romains, plus avancés que nous dans l'art de fabriquer les briques et les tuiles, avaient su utiliser les terres argileuses de notre pays pour la couverture des

édifices surtout. On trouve assez généralement des débris de tuiles dans les ruines des monuments qu'ils avaient élevés.

La richesse des montagnes alpines frappa même les peuplades qui y campèrent pendant leur passage à travers la Savoie. D'après la tradition, plusieurs mines aujourd'hui connues ou exploitées, celles spécialement de Modane, des Arves, de Mâcot et de Montgirod furent déjà l'objet des travaux des Sarrasins.

M. Reinaud, dans son ouvrage intitulé: Invasions des Sarrasins en France et de France en Piémont, en Savoie et en Suisse, dit que les Sarrasins traversèrent une première fois les Alpes vers 730. Ils ne purent s'occuper d'exploitations de mines à cette époque puisqu'ils ne firent que passer. Mais ils revinrent vers 906, et occupèrent, quelques années après, les vallées des Alpes, surtout la Maurienne et la Tarentaise. Battus dans la plaine en 952, ils se retirèrent dans les gorges et les régions élevées des montagnes où ils se maintinrent encore assez longtemps; quelques historiens disent même jusques dans les premières années du onzième siècle. C'est dans le courant de ce siècle d'occupation qu'ils travaillèrent aux mines.

Sous les Empereurs d'Allemagne, on exploitait des mines de fer dans la haute Maurienne, près du MontIséran.

A en juger par les scorics de fer que l'on trouve dans la plaine de Bissorte, au-dessus de la région des forêts actuelles, les mines de fer spathique des environs de Modane paraissent avoir donné du minerai dans les

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