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de l'équivalent aux archevêques, leur assignant autant de revenu dans leur diocèse ou sur les tailles dues par les communautés de Tarentaise. Lesquels articles de convention établis et détaillés comme dessus auront leur effet et entière exécution dès le premier jour de juillet prochain, sans qu'ils puissent jamais souffrir la moindre altération ni changement. A ces fins le dit Mgr archevêque en a promis et promet l'entière exécution, et qu'ils seront toujours tant par lui que par ses successeurs dans le dit archevêché exactement et inviolablement observés, autant qu'ils les concernent et leur appartiennent; et ce sous l'obligation et hypothèque de tous les biens du dit archevêché, et avec toutes les clauses les plus amples et les plus efficaces, lesquelles seront censées toutes ici spécifiées pour cet effet; et S. E. le seigneur comte de Bréa avec le seigneur comte de Rossi, députés comme dessus par S. M., promettent aussi au nom du roi et de ses royaux successeurs à la couronne la même exécution, sous l'obligation des biens de son royal patrimoine et sous les mêmes clauses que dessus; avec promesse au surplus que sa dite Majesté daignera approuver cette convention par ses lettres patentes, et de pourvoir même par l'entérinement de ses souverains magistrats; déclarant que de tout ce que dessus sera remise au dit Mgr l'archevêque une copie authentique, et qu'elle lui sera expédiée en due forme sans qu'il lui coûte aucun frais.

« Et de tout ce que dessus étant requis, je, secrétaire et greffier de l'Excellme chambre des comptes, ai reçu le présent contrat qui a été signé par le dit Mgr archevêque, par les dits seigneurs députés et par les témoins ci-devant nommés.... »

Par lettres patentes données à Turin le 31 du mois d'octobre 1769, signées Charles-Emmanuel et contresignées de Mouroux, S. M. le roi de Sardaigne « approuve << la dite convention dans tous ses articles et clauses d'i<< celle, voulant que les présentes soient expédiées sans « payement d'émoluments, sceau, ni autre droit, man<< dant à notre Sénat de Savoie et Chambre des comptes. << de les entériner et enregistrer avec le contrat sans << payement d'aucun frais.... » Elles furent en effet entérinées gratuitement par arrêt de la Chambre des comptes en date du 12 janvier 1770.

Depuis cette époque les archevêques de Tarentaise restérent dépouillés de l'ancien titre de Comtes de Tarentaise, ainsi que des droits régaliens et des honneurs qui y étaient attachés. L'inféodation de la terre de Conflans, et de Saint-Sigismond qui en dépendait, stipulée dans l'article sept du précédent contrat, ne fut officiellement accordée que par lettres patentes du 4 octobre 1771, en la 42° année du règne de Charles-Emmanuel. De plus, les droits et prérogatives formellement réservés aux archevêques, sur les terres de Conflans et de St-Sigismond érigées en Principauté en leur faveur, furent bien peu respectés; car plusieurs années après l'acte solennel d'inféodation, les employés de la régie à Conflans, - « le sieur Voutier et autres, percevaient encore au <<nom des royales finances, en économie, les droits de << leyde, censes, servis, fiefs, droits d'aunage, poids, << langues et autres dérivants de la principauté, » et qui auraient dus être perçus au nom de l'archevêque. D'où l'on voit que le titre pompeux de Princes de Conflans et de Saint-Sigismond, substitué à l'ancien titre de Comtes

de Tarentaise, ne fut pour nos deux derniers archevêques que purement honorifique, comme il l'est encore pour nos modernes évêques de Tarentaise.

Enfin, cet acte de cession ou échange, consenti et peut-être sollicité par Mgr de Rolland comme un moyen de pacification et d'amélioration de la mense archiépiscopale, devint au contraire une source de nouvelles récriminations, et une cause réelle de décadence pour l'antique siège métropolitain de Tarentaise. Mais l'illustre archevêque n'eut pas la douleur de subir les conséquences regrettables de cet acte important, dont les principales clauses restaient encore inaccomplies au moment où la mort vint le délivrer des sollicitudes temporelles de la vie terrestre.

Atteint d'une maladie grave dans les premiers jours du mois d'octobre de l'an 1770, le vénérable prélat qui avait déjà fait antérieurement un testament reçu par le notaire Puret, voulut encore modifier ses dispositions de dernière volonté. Le 22 du même mois d'octobre 1770, il dicta et fit écrire à un de ses confidents intimes son dernier testament, dont je suis heureux de pouvoir reproduire ici le texte intégral.

« Je Claude-Humbert de Rolland, archevêque de Tarentaise, natif de Marigny en Genevois, voulant faire mon dernier testament, ai disposé comme ci-après:

<< J'institue mon héritier universel N. Jean-Joseph de Bracorand seigneur de Savoiroux, mon neveu, fils d'AnneHélène de Rolland ma sœur. Je lui substitue ClaudeHumbert son fils aîné, mon filleul, dans mes biens de Motz situés dans les plaines de Rumilly, tels que je les ai rachetés des Rds Pères de l'Oratoire; dans les champs

et maisons situés sous les nos 1030 et 1031 de la mappe du dit Rumilly; et dans mes vignes de Chindrieux en Chautagne. Je veux que les dits biens passent de mon dit filleul à son fils aîné, ensuite à l'aîné mâle de ce dernier, et ainsi successivement d'aîné en aîné, de mâle en mâle, à l'infini; et venant la branche aînée des descendants mâles de mon dit filleul à manquer de mâles, j'appelle aux dits biens l'aîné mâle qui existera dans la branche suivante et son aîné mâle; et ainsi successivement d'aîné en aîné, de mâle en måle, et de branche en branche jusqu'à l'infini. J'exclus du dit fideicommis ceux qui seront liés aux ordres sacrés, ou qui par autre motif ne pourront perpétuer la famille. Je charge mon héritier et ceux qui posséderont le dit fidéicommis de joindre mes armes et mon nom aux leurs.

« Je lègue à N. Jullien de Rolland, mon frère, une bague de 20 louis neufs ; à la baronne de Gruffi, ma sœur, la pension annuelle et viagère de 300 livres, à la charge et condition qu'elle ni son mari ne prétendront rien autre en mon hoirie, et n'agiront contre mon héritier pour quelque droit et cause que ce soit. Je lègue à Madame de Mouxi de Planchamp, mon autre sœur, la pension annuelle et viagère de 200 livres, à la même charge et condition que ci-dessus. Voulant qu'en cas que mon héritier soit recherché pour des droits de mes dites sœurs, les dits légats soient regardés comme non faits. Je prie mon dit frère et mes dites sœurs d'aimer toujours mon héritier, leur répondant de son bon caractère. Je lègue à Madame de Savoiroux, ma nièce, la croix et la bague dont S. A. feue Madame la princesse de Carignan me fit présent lorsque je fus nommé archevêque.

« Je lègue à mon Séminaire la somme de 5000 livres payables dans l'année de mon décès, à la charge et condition qu'il garantira mon héritier envers mon chapitre soit Messieurs les chanoines de tous droits de joyal et joyeux avénement que je ne crois pas être dus, et généralement de tous autres droits quels qu'ils soient que le dit chapitre pourrait prétendre.

« Je lègue à Messieurs les prêtres qui se trouveront être mes aumôniers lors de mon décès, les intérêts à raison de quatre pour cent de la somme léguée au Séminaire, voulant que les dits intérêts leur soient payés par le dit Séminaire jusqu'à ce qu'ils soient pourvus d'un bénéfice, cure ou canonicat; et que la portion de celui ou ceux qui seront placés les premiers passe à celui ou à ceux qui ne le seront pas, les recommandant instamment à Messieurs du chapitre et à mon successeur.

« Je lègue à mes domestiques qui se trouveront à mon service lors de mon décès à chacun leur gage d'une année à par sus de ce qui leur sera dû, et je les recommande à mon héritier.

Je lègue au Rd curé de Marigny et à ses succcesseurs la somme de 500 livres qui sera placée en fonds assurés, et je les prie de célèbrer annuellement et à perpétuité une grand'messe le jour de mon décès, pour le repos de mon âme et de mes ancêtres (1).

« Je lègue à Monsieur le doyen Denis, mon cousin, à Monsieur le sacristain Dichat de Toisinge, à M. le chan

(1) Cette fondation a été heureusement conservée; chaque année les curés de Marigny-St-Marcel célèbrent une grand'messe et service aux intentions du Rissime testateur, le 27 novembre, jour anuiversaire de sa mort. Les honoraires de ce service s'élèvent à 24 fr., rente annuelle du capital légué.

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