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<< sous le village des Moulins. Il n'en reste plus aujourd'hui « qu'un monceau de pierres et un pan de vieux mur. »>

Nous avons nous-même cherché en vain dans les registres de la paroisse de Champagny quelques traces d'Innocent V et de sa famille. On nous avait indiqué, dans un des villages de cette paroisse, une maison qui avait appartenu, disait-on, à la famille de notre illustre compatriote. Or, cette construction est moderne, elle ne remonte pas certainement au-delà de trois siècles.

M. Million écrit encore: « A Moûtiers, ont dit que la << famille de Pierre de Tarentaise habitait la rue Cardinale. << On pense que cette rue aurait été décorée de ce nom en << mémoire de l'élévation de l'illustre docteur aux <«<< honneurs de la pourpre romaine. Si l'on ajoute foi « aux récits des vieillards de Moûtiers, cette tradition <«< aurait pour appui un monument qui a malheureusement <«< disparu. Ils témoignent avoir vu dans cette rue, sur « l'archivolte d'un portail, un marbre orné des insignes «< cardinalices qui s'est perdu à l'époque de la rectification « de ce quartier; et ils ajoutent que la maison à laquelle «ce portail donnait entrée, passait pour avoir été celled'Innocent V. Toutefois une autre opinion s'est produite sur la dénomination de la rue Cardinale; elle « dériverait d'un des cardinaux qui s'assirent jadis sur le « siège métropolitain de Moûtiers. Cette explication sans << manquer de vraisemblance, est dénuée de preuves, et << ne s'étaie point sur l'opinion commune. »>

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VII

Il nous reste à chercher quelle a été la famille, et quel est le nom patronymique de Pierre de Tarentaise. Cette famille n'est nommée par aucun des écrivains de l'ordre de saint Dominique ; et, à la distance de six siècles, cette question offre des difficultés sérieuses. Malgré ces difficultés et ces ombres, nous croyons avoir résolu le problême, du moins dans la mesure où il peut être résolu.

D'abord il est absolument certain que Pierre de Tarcntaise appartenait à une famille noble et distinguée, C'est ce qu'affirment plusieurs des écrivains que nous avons cités et en particulier les écrivains dominicains. Les PP. Echard, Touron et Ramette disent qu'il est né d'une <«< illustre famille; » les auteurs de la préface du commentaire sur le Livre des Sentences disent qu'il est né de parents nobles et très riches, natus est..... nobilibus parentibus et prædivitibus. Jean de Réchac, Michel Pio (Vies des hommes illustres de l'Ordre de saint Dominique, Della vita degli nomini illustri di san Dominiquo, Bologne 1620); le comte St-Raphael, dans son ouvrage intitulé: les Piémontais illustres: I piemontesi illustri, et Ferdinand de Castille, dans un ouvrage imprimé à Palerme 1626, partie 1, page 494, affirment qu'il appartenait à une famille noble. Laurent Cardella (Mémoires historiques des cardinaux) s'exprime comme Echard, Touron et Ramette.

Mais nous pouvons invoquer le témoignage irrécusable d'Innocent V lui-même. Nous lisons dans Togius Chro

nique générale de l'Ordre des Frères-Prêcheurs: Amplissimum (Chronicon..... Ordinis Prædicatorum, tome jer page 133,) les paroles suivantes : « Ce très saint Père << tomba malade la 1re année de son pontificat, et dans ce « dernier combat couché sur son lit de douleur, il parla <«< ainsi à ceux qui l'entouraient : « Le cours de la vie de «l'homme, dit-il, peut-être comparée à un char; et <«< comme un char est porté sur quatre roues, la vie de <«<l'homme marche sur quatre roues. Elle est portée comme << sur une première roue sur la noblesse de la race: uni « rotæ innilitur generis nobilitati; sur une deuxième roue, << qui est la richesse sur une troisième qui est la gloire de << la science; sur une quatrième qui est la forme et la «< beauté du corps. Ayant déclaré qu'il avait possédé les <«< trois premières roues, il vint à la quatrième, disant << qu'il avait possédé cette dernière, c'est-à-dire la beauté << du corps à un tel degré, que, lorsqu'il était étudiant à <«< Paris, il avait été si remarquable et si beau que de « crainte d'attirer sur lui les regards, on ne lui donnait que << rarement et difficilement la permission d'aller dans la «ville. Ayant ainsi parlé, il ajouta : voyez maintenant, a où sont les roues de mon char? où est la noblesse ? où << sont les richesses? où sont les sciences qui maintenant << ne peuvent rien pour moi? où est la beauté de mon «< corps? Voyez..... en prononçant ces paroles, il décou<«<vrit sa poitrine et alors il apparut défait et digne de <«< compassion, le corps complètement décharné, pareil à «Lazare sorti du tombeau. »

Mais quelle était cette famille? Besson, dans ses mé

moires (1), appelle Innocent V Pierre de Champagnon, de Compagniaco, et il ajoute qu'il y a eu plusieurs chanoines de cette famille. Comme le fait remarquer M. Million, il y a ici certainement une faute d'impression ou de copiste, il faut lire de Champagniaco, c'est-à-dire de Champagny. Besson lui-même traduit ces mots Joannes de Compagniaco par Jean de Champagny (2).

Nous verrons bientôt, dans les documents cités par Besson, un chanoine portant le nom de de Champagniaco, de Champagny. Mais nous n'en découvrons aucun portant le nom de de Compagniaco ou de Champagnon; de plus, nous ne trouvons nulle part une famille ou une localité de ce pays portant ce nom, tandis que, comme nous l'avons fait remarquer plus haut, une paroisse de ce diocèse porte le nom de Champagny : Champagniacum.

Morel de Voleine et de Charpin (Recueil de documents sur les archevêques de Lyon, page 59) disent qu'Innocent V est né d'une ancienne famille nommée de Champagny, de Champagniaco.

L'affirmation de Besson a sur ce point une très grande valeur, car il avait puisé ces renseignements dans les archives capitulaires et archiepiscopales de ce diocèse, archives qui ont été presque complètement dispersées et anéanties au milieu des troubles de la Révolution.

Mais quelle était au XIe siècle la situation de la famille de Champagny ?

Comme l'affirme Besson, cette famille avait donné des

(1) Page 240.

(2) Page 209.

chanoines à la cathédrale de Tarentaise. Nous trouvons en effet, deux fois le nom de Jean de Champagny, de Champagniaco, dans le règlement fait en 1294 par Aymon, archevêque de Tarentaise, pour fixer les prébendes des chanoines séculiers de ce diocèse, parmi les noms des chanoines dont plusieurs appartiennent à des familles nobles: de Macôt, de Mascoto, de Conflans, de Confleto (1).

Saint Pierre III, archevêque de Tarentaise, dans son testament, daté du six des calendes d'août 1283, septans après la mort d'Innocent V, donne à Jean de Champagny, son correrius ou correarius « un petit livre noir de ser<< mons et un de ses sermonaires qu'il voudra choisir. «< Item omnes alios libros meos quotquot sint Ecclesiæ « sancti Petri, excepto quodam parvo libro nigro sermo«num, quem do et lego Domino Joanni Correrio meo. » Il constitue pour un de ses exécuteurs testamentaires avec deux dignitaires de sa cathédrale et Aymon, archidiacre d'Aoste, son neveu, le même Jean de Champagny : «< item constituo executores meos, in omnibus prædictis « fideliter exequendis Dominum Pontium priorem Tarentasiensem, Dominum Anselmum sacristam ejusdem Ecclesiæ, Aymonem archidiaconum augustensem nepolem meum, Dominum Joannem de Champagnia, Correarium meum (2). »

Les fonction de Correarius que quelques historiens traduisent par le mot de courrier étaient les plus importantes

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