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ment pendant cette lugubre période (1). Ce vénérable prêtre datait tous lesactes qu'il dressait: anno â partu B. Mariæ Virginis, par dévotion pour la Sainte Vierge. Il mourut curé de Saint-Bon, le 3 juillet 1808, âgé de 69 ans.

Rd. Joseph-Antoine Bochet, feu Joseph, natif de Beaufort, curé de Pralognan dès le mois d'avril 1780, émigra en Piémont le 1er octobre 1793; on croit même qu'il resta quelque temps dans l'île de Sardaigne. Du fond de son exil, il écrivait à ses chers paroissiens de Pralognan une lettre intéressante, dans laquelle il leur fait de sages recommandations. Il leur indique les prières publiques qu'ils peuvent et doivent faire dans leurs réunions à l'église, ou dans les chapelles rurales; il les exhorte à l'observation exacte des commandements de Dieu, et il insiste surtout sur l'obligation de ne pas recevoir les sacrements des prêtres intrus. Il reçut les pouvoirs de missionnaire du diocèse de M. le vicaire général Maistre, à Turin, le 28 avril 1796; et il était rentré à Pralognan au mois de juin suivant. Il y bénissait dès lors plusieurs mariages et remplissait les autres fonctions sacerdotales, comme il en conste par les registres. Le 18 décembre 1.796, il suppléa les cérémonies du baptême à 38 enfants, nés dès le 1er octobre 1793. Confirmé dans son poste par patente du 25 janvier 1797, signée Bessan, et contresignée par M. Girard, il put exercer son ministère à Pralognan, sans interruption jusqu'au 7 avril 1805, qu'il y mourut, âgé de 62 ans. Il

(1) Registres paroiss. de Saint-Bon.

exerça les fonctions de codirecteur de la mission de Bozel, en l'année 1799, après la déportation de M. Girard, comme nous le dirons plus loin.

Rd. Benoît Ruet, natif des Avanchers, nommé curé du Planay au mois de mars 1789, dut aussi émigrer en Piémont à la fin de septembre 1793. Il reçut les pouvoirs généraux de missionnaire le 3 juin 1796, et rentra peu après dans son ancienne paroisse, où il continua son ministère jusqu'à la fin de la révolution. A la suite de quelques tracasseries que lui suscitaient ses paroissiens, il fut transféré à la cure de Villaroger. En 1809 il devint curé de Champagny, jusqu'en 1818, qu'il fut fait de nouveau curé du Planay, à la sollicitation de ses anciens paroissiens, revenus à résipiscence, parce qu'ils étaient restés plusieurs années privés de pasteurs. Il mourut au Planay en 1821.

Rd. Martin Crey, natif de Saint-Martin-de-Belleville, curé de Champagny dès 1782, fut absent de sa paroisse depuis le mois de novembre 1793, jusqu'au 18 décembre 1796; il avait dû aussi émigrer en Piémont. Il reçut les pouvoirs généraux de missionnaire du diocèse le 3 juin 1796; il fut confirmé curé-missionnaire de Champagny le 25 janvier 1797, et y continua ses fonctions pastorales jusqu'au 8 novembre 1809.

Je dois à l'obligeance de M. l'abbé Coutem, curé actuel des Allues, les notes suivantes extraites des registres paroissiaux, écrites et signées par Rd. Etienne Pâtissier, natif des Avanchers, curé des Allues dès le commencement de juillet 1776. Elles donnent de précieux

renseignements sur les vicissitudes révolutionnaires dans cette paroisse.

La municipalité des Allues s'empara des registres le 10 avril 1793, selon le procès-verbal suivant apposé sur chacun des trois registres:

Vu, clos et arrêté par nous Maire soussigné de cette <«< commune, en l'assistance des citoyens curé et procu<< reurs d'îcelle, à forme de notre verbal de ce jourd'hui. «< Allues le 10 avril 1793, l'an second de la Répu<«<blique française.

« Signés Pâtissier curé; A. Barral maire; Hybord << procureur; Reymond secrétaire-greffier. >>

Cependant, M. Pâtissier put continuer à résider dans sa paroisse jusqu'au 1er octobre 1793, qu'il dut s'émigrer avec Rd. Guměry vicaire, et Rd. Grogniet chapelain. Il n'est revenu aux Allues que le 24 août 1796; il passa tout cet espace de temps dans le Piémont. A son retour, il commença à dire la messe dans la chapelle de SaintJoseph, et à la salle de la cure on faisait garde pendant la messe, pour avertir du danger. Le temps devint peu à peu plus tranquille, et le 9 novembre 1796, il procéda solennellement à la réconciliation de l'église paroissiale, et dressa le procès-verbal suivant de cette touchante et heureuse cérémonie :

« Je soussigné Etienne Pâtissier, curé de la paroisse <«< des Allues, atteste à tous à qui il appartiendra d'avoir « réconcilié l'église des dits Allues, sous le vocable « de saint Martin, en l'assistance de Rd. Raffort vicaire de « Salins, en vertu du pouvoir que m'a donné Rd. Chavou<< tier curé de Montagny, directeur des missions du

<< canton de Bozel, en date du 6 novembre 1796. Et elle « a été réconciliée le 9 novembre 1796, parce qu'on la «< croyait polluée par les décades et les assemblées qu'on << y avait tenues. J'y ai fait un discours analogue aux « circonstances passées et présentes.

<«< En foi de quoi, j'ai signé aux Allues, le 9 novem«<bre 1796.

PATISSIER, curé.

Depuis cette époque, M. Pâtissier put continner ses fonctions dans l'église paroissiale jusque vers la fin de septembre 1797, aidé de Rd. Muraz devenu son vicaire. Ils furent avertis de s'émigrer de nouveau, en exécution du décret de 1793 qui exigeait le serment; mais au lieu de le faire, ils allèrent se cacher dans les montagnes pendant les mois d'octobre, de novembre et une partie de décembre 1797. Ils purent célébrer quelquefois la messe dans les chapelles voisines des montagnes, et y suppléer les cérémonies du baptême à quelques enfants. Ainsi le 12 novembre, ces cérémonies étaient suppléées dans la chapelle de Mussillon, post celebrationem Missæ ; le 13 novembre dans la chapelle de Miribel, le 13 décembre, dans celle de la Gittaz; le 14 décembre dans celle du Villard toujours post celebrationem Missæ.

Enfin le 20 décembre, Rd. Pâtissier put conférer le baptêmeà un enfant dans l'église paroissiale : in ccelesià Allodiorum parochiali. Tous les actes qui suivent, jusqu'au 5 mars 1798 inclusivement, portent la mention: baptisé dans l'église c'est comme le chant de reconnaissance du bon pasteur, heureux de retrouver l'église qu'il a épousée.

:

Mais ce bonheur ne dura pas longtemps, d'après la note suivante: «Etant de retour des montagnes, nous avons <«< dit la messe à l'église pendant deux mois environ ; << ensuite le commissaire de la localité ayant changé, «< nous avons été obligés de quitter la paroisse, et de nous << retirer chez nous. » Cependant le bon pasteur ne voulut pas abandonner complètement ses ouailles: le 15 mars 1798, il écrivait des Allues à M. l'abbé Raffort, natif de cette paroisse et prêtre-missionnaire de Salins, les lignes suivantes :

« M. l'abbé Raffort est prié par son très humble <«< serviteur soussigné, de faire dans la paroisse des << Allues toutes les fonctions curiales : mariages, « baptêmes, et toutes autres fonctions; étant obligé de << quitter la paroisse à cause des circonstances du << temps. >>

Rd. Raffort, devenu plus tard curé de Saint-Laurent-laCôte, décédé aux Allues le 14 mars 1835, âgé de 90 ans, et inhumé à l'église devant l'autel du Rosaire, remplit fidèlement la mission qui lui avait été confiée par M. Pâtissier, jusqu'au mois de mai 1800. Le 28 du même mois, Rd. Pâtissier rentra dans son ancienne paroisse, et reprit « peu à peu ses fonctions, mais, dit-il, toujours avec beaucoup de circonspection. » Après la conclusion du concordat, il fut remplacé par M. Entremont, et mourut en 1803.

Rd. Jean-François Reymond, ancien curé de Bozel, et son vicaire Jean-Martin Ulliel, rentrèrent aussi dans la paroisse en juillet 1796. Le 26 juillet, M. Reymond bénissait à Tincaves, le mariage de Bon Paccalet avec

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