Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

je m'étois prescrites. En le terminant, il faut dire au Lecteur que l'Anonyme consent à montrer quelque indulgence au grand Evêque de Meaux, quoiqu'il ait été le Rédacteur et le Défenseur des quatre Articles. Les motifs de cette indulgence sont dignes d'être connus: 1. Bossuet n'étoit ni plus grand ni plus sage que Salomon, et par conséquent il a pu faillir; 2° le rare mérite de Bossuet lui venoit de Dieu, et ses torts étoient de son propre fonds; 3° il ne prévoyoit pas que le Royaume très-Chrétien deviendroit une République d'Athées, et que la Monarchie Françoise succomberoit sous les crimes de la Révolution; 4° enfin, s'il revenoit au Monde, il laisseroit là les quatre Articles, et ne songeroit qu'à écraser le Jansenisme (1).

Et là-dessus l'Anonyme raconte longuement à ses Lecteurs que Dom De Foris, Religieux des Blancs-Manteaux, a été blâmé par le Clergé de France, en 1780, pour avoir joint au texte de Bossuet des Notes suspectes de Jansénisme, dans la nouvelle Edition de ses OEuvres. « Ce fait, ajoute l'Anonyme, qui ne prouve pas mal ce que c'est que << l'esprit du Jansénisme, me persuade que M. Bossuet auroit changé << son système sur les quatre Articles, s'il avoit pu prévoir tout ce qui <<< en devoit résulter (2). »

On ne peut qu'admirer la force de raisonnement qui brille dans cette induction. Au surplus, l'Anecdote elle-même n'a pas plus de rapport avec les Libertés de l'Eglise Gallicane et l'Assemblée de 1682, qu'une foule d'autres qui forment l'ensemble de la Dissertation Historique.

Il en est de même d'un passage de plusieurs pages, copié d'une Instruction aux Catholiques, datée de Burgos en 1792. Le passage est plein de zèle et de feu contre la fausse Philosophie, l'Impiété et la Révolte; il ne sert que de remplissage dans une Dissertation adressée aux Ecclésiastiques François sur des sujets tout différens.

XLIII. De tant de matériaux, recueillis sans choix et placés sans méthode, quoique non sans artifice, il en est très-peu qui se rapportent à la question que l'Anonyme a entrepris de traiter; et ceux-là

(1) Diss. Hist., p. 92, 93, 94.

(2) Ibid, p. 98.

seront l'objet de la discussion qui va suivre. Mais faut-il s'étonner s'il a été incapable de présenter autre chose qu'un amas de décombres, puisque, de son aveu, il en est encore aux premiers élémens des Sciences Ecclésiastiques? « Comme j'ai voulu, dit-il, goûter un peu de tout, « je me suis occupé quelques momens au Droit Canonique (1). » Ailleurs il avoue qu'il n'a pas « traité son sujet en Theologien, parce que « l'entreprise eût été au-dessus de ses forces (2). » On voit bien qu'il a songé à se préparer d'avance une apologie pour son manque de connoissances Canoniques et Théologiques, lorsqu'il ajoute que, « se te<«<nant dans les bornes de l'histoire, il n'a parlé que d'après les << faits (3). » Mais ce langage trahit de plus en plus l'ignorance et la présomption de l'Anonyme, puisqu'il a cru pouvoir écrire sur la partie historique des Libertés de l'Eglise Gallicane, sans consulter le Dépôt des Lois de l'Eglise, et sans entrer dans les profondeurs de la Théologie.

Que ne lisoit-il au moins la Défense de la Déclaration du Clergé de France par Bossuet? Il auroit vu qu'elle est historique, ainsi que sa Dissertation, et que, de l'aveu des Théologiens Romains cités par le Cardinal Orsi, ce grand homme « parcourt tous les Siècles de l'Eglise, << éclaircit tous les actes des Conciles, et fait l'histoire exacte des plus «< célèbres Controverses. » Et comment ose-t-on prendre la plume sur un sujet immense qu'a épuisé Bossuet, sans avoir pâli sur ses Ouvrages, sans s'être enrichi des trésors de sa vaste science et de son étonnant génie ?

Puisque la suite des discussions nous a conduits à parler de la Défense de la Déclaration de 1682, il ne faut pas dissimuler qu'on a élevé des doutes vagues sur l'authenticité de cet Ouvrage. L'Anonyme n'en dit rien, et semble disposé à en laisser la gloire à son Auteur. M. Plowden est plus difficile; mais, au lieu de dénouer le Nœud Gordien, il le coupe sans hésiter. En effet, il prononce hardiment que « l'Ouvrage a été supposé, ou du moins interpolé après la mort

(1) Dissert, Hist., p. 23.

(2) Ibid, p. 107.

(3) Ibid.

<< de l'Evêque de Meaux, et qu'il y a de puissantes raisons pour le << prouver (1). » Quelles sont ces raisons? Où sont ces raisons? M. Plowden, comme à son ordinaire, n'en dit pas un mot. Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que, selon lui, ces raisons sont si puissantes, qu'elles doivent renverser à jamais tous les argumens contre l'infaillibilité du Pape, qu'on trouve dans la Défense de la Déclaration; comme si des argumens tirés de l'Ecriture, des Peres, des huit premiers Conciles OEcuméniques, et de la pratique constante de l'Eglise, recevoient leur force de ce qu'ils sont proposés par Bossuet, plutôt que par tout autre Ecrivain!

Le raisonnement de M. Plowden pourroit avoir quelque justesse, si on se prévaloit de l'Ouvrage posthume de Bossuet, pour ajouter son témoignage à celui de la foule d'hommes savans et pieux qui refusent de croire à l'infaillibilité du Pape; mais c'est à quoi personne n'a songé. L'opinion de ce grand homme ne sauroit être révoquée en doute, et le procès-verbal de l'Assemblée de 1682 prouve incontestablement qu'il fut le seul Rédacteur de la Déclaration qu'elle promulgua sur la Puissance Ecclésiastique.

L'Auteur Anonyme d'un Livre publié à Ratisbonne, il y a près de vingt ans, sur la Primauté du Pape, emploie quarante ou cinquante pages à prouver que la Défense de la Déclaration n'est pas l'ouvrage du grand Bossuet, mais qu'elle fut mise au jour, sous ce nom respectable, par une fraude de M. Bossuet, Evêque de Troyes, héritier des Manuscrits de son Oncle. Pour démontrer la fraude, que l'Auteur attribue à une cabale de Jansénistes, il se sert de preuves internes et externes, tirées de simples conjectures, et de la comparaison de certains passages des Ecrits reconnus du grand Bossuet, qu'il oppose à des passages de la Défense publiée sous son nom. Rien n'est plus équivoque, à mon gré, que ce genre de preuves, à l'aide desquelles un Ecrivain artificieux pourra démontrer, comme le Père Hardouin, que l'Enéïde a été composée par un Bénédictin du treizième Siècle.

(1) The powerful reasons which prove the work to be spurious, or at least interpolated after the death of the supposed Author, must ever defeat any argument that be drawn from the contents of it. (Consider. on the Mod. Opin., p. 110.)

may

La vie est trop courte pour la consumer en recherches aussi laborieuses que vaines. Celui-là peut s'y livrer, qui préfère la malignité des conjectures à la foi due au témoignage d'un Evêque dépositaire des Manuscrits; ou qui, en lisant la Défense de la Déclaration de 1682, ne reste pas convaincu qu'elle sort de la plume de Bossuet: car tout, dans cet Ouvrage, porte l'empreinte de son génie, de sa richesse Théologique, et de la vigueur aussi irrésistible qu'inimitable de sa Dialectique.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

LES Détracteurs de la Doctrine du Clergé de France varient, sous toutes les formes imaginables, leurs attaques contre l'Assemblée tenue en 1682. Pour les confondre, il suffit de tracer avec précision le tableau des événemens qui en occasionèrent la convocation, de déclarer les pouvoirs dont elle étoit investie, et de montrer, par le récit des faits, qu'elle a usé de ses pouvoirs avec modération et piété. En faisant cet exposé, au lieu de recourir à des narrations que chacun auroit le droit de contester, on ne prendra pour guide que les monumens authentiques. Par là tout Lecteur sera en état de confronter le récit des Historiens qui ont écrit jusqu'à présent, avec les titres irrécusables de la vérité historique.

I. L'affaire de la Régale fut sans doute une des causes principales qui donnèrent lieu à la convocation de l'Assemblée de 1682; mais il s'en faut de beaucoup qu'elle soit la seule; et de plus, du fond de cette querelle très-simple en elle-même, étoit sortie une foule d'incidens de la dernière gravité. Ils sont expliqués avec beaucoup de précision par M. Bercastel dans son Histoire de l'Eglise, et le Lecteur me saura gré d'adopter la narration qu'il en fait.

<< La part qu'Innocent XI prit à cette affaire, dit l'Historien, fut ce << qui alluma l'incendie dans l'Eglise de France; et ce qui le rendit si << opiniâtre, ce furent les Brefs qui lui servoient sans cesse d'aliment. « Ce Pontife en adressa trois au Monarque, deux à l'Archevêque de

« ZurückWeiter »