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ce Concile Plénier qui, par son Jugement, eût captivé, selon le mème Père, l'assentiment de Saint Cyprien,

Dans cette Controverse, il s'agissoit de la validité du Baptême administré par les Hérétiques, lorsque la matière et la forme du Sacrement n'étoient pas altérées par eux. De la Décision de ce point Doctrinal se déduisoit par Corollaire un Article de Discipline de la plus grande importance et invariable de sa nature.

Saint Cyprien et ses nombreux Adhérens regardoient la question comme appartenante à la Foi, puisqu'ils ne la discutent et n'établissent la nullité du Baptême des Hérétiques que par l'autorité des Ecritures; c'est par l'Ecriture seule qu'ils combattent la Doctrine de leurs Adversaires. Pour eux, la nullité de ce Baptême est une Vérité révélée, et l'opinion de sa validité est une erreur condamnée par la révélation. On peut voir à ce sujet les Lettres de Saint Cyprien, de Saint Firmilien, et toute la discussion qui eut lieu dans le Concile de Carthage, tenu l'an 253.

Saint Augustin déclare, en cent endroits, que l'opinion de Saint Cyprien, condamnée par Saint Etienne, est une erreur (1); d'où il suit que le Jugement du Pontife portoit sur un point vraiment dogmatique, et reconnu comme tel Saint Augustin,

par

Vincent de Lérins dit en propres termes que « les Auteurs de cette << opinion étoient Catholiques, et que leurs Sectateurs sont Héré« tiques (2). » On connoît sa phrase tant répétée ; Absolvuntur Magistri, condemnantur Discipuli; elle prouve que la question faisoit partie de la Doctrine que l'Eglise a reçue en dépôt, quoique du temps de Saint Cyprien elle n'eût pas encore été déclarée par le Jugement de l'Eglise Universelle.

Saint Etienne, de son côté, maintenoit le Dogme fondé sur la Tradition et sur la Coutume générale, l'une et l'autre transmises sans interruption depuis le Apôtres; Nihil innovetur nisi quod traditum est.

(1) Aug. de Bapt. contrà Donat, 1. V, c. XVII et alibi pass.

(2) Auctores ejusdem opinionis Catholici, Consectatores verò Hæretici judicantur. (Vinc. Lirin. Common. 1, c. XI. Id., c. IX, X.)

Son Jugement est définitif, et il l'appuie de toute l'autorité du Siége Apostolique; il l'envoie à toutes les Eglises ; il menace d'excommunication ceux qui oseront y contrevenir. C'est ce qu'atteste expressément Saint Augustin (1); et Saint Firmilien le crut si bien, qu'il écrivit au Pape « Vous vous êtes retranché vous-même; ne vous y << trompez pas; vous avez cru pouvoir séparer les autres de votre « Communion, et vous vous êtes séparé seul de la Communion de <<< tous (2). >>

Saint Cyprien pensa comme Saint Firmilien, puisqu'il adopta sa Lettre, la traduisit en Latin, et l'envoya aux Eglises d'Afrique.

XXIX. Le Cardinal Bellarmin semble frappé des caractères Dogmatiques dont est revêtu le Décret de Saint Etienne, et pour les affoiblir, il objecte que ce Pape n'excommunia ni Saint Cyprien, ni ceux qui pensoient comme lui; de même, continue Bellarmin, que Saint Cyprien et son Concile de quatre-vingts Evêques protestèrent ne vouloir pas se séparer de ceux qui pensoient diversement (3). Mais quoi! l'excommunication sera-t-elle toujours représentée comme le Criterium d'une Décision de Foi? Ce signe, incertain de sa nature, doit surtout paroître tel à ceux qui se sont pénétrés, comme l'a fait et comme a dû le faire le Cardinal Bellarmin, des usages et du langage des Apôtres et des premiers Siècles de l'Eglise. On ne se sépare pas toujours de son frère pour le ramener de ses égaremens dans la Foi : on le supporte avec patience, on lui expose la vérité; on travaille à résoudre ses objections, et à dissiper ses doutes; on condamne même sa fausse Doctrine par un Jugement Dogmatique, lorsqu'on en a l'autorité ; mais la séparation n'a lieu que contre les opiniâtres, afin de les ramener, s'il est possible, par une sainte rigueur, et aussi pour préserver les foibles de la contagion imminente. Voilà, ce me semble, en quoi consiste l'usage pieux et légitime du pouvoir des Clefs; et, dût-on m'accuser de répétition, j'ai insisté pour la seconde fois sur ce point,

(1) S. Aug. de Bapt. contr. Donat., l. I, c. V.

(2) Excidisti teipsum, noli te fallere; dumque putas omnes à te abstinere posse, unum te ab omnibus abstinuisti. ( Ep. Firm, inter Cypr. LXXV.)

(3) Bellarm. de Rom. P., I. IV, c. VII.

parce que je suis vivement touché toutes les fois que je vois l'anathème faussement représenté comme une Annexe inséparable d'une exposition de la Foi Catholique.

Au surplus, nous venons de voir par les témoignages réunis de Saint Cyprien, de Saint Firmilien et de Saint Augustin, que le Pape Etienne a au moins menacé d'excommunication ceux qui résisteroient à son Décret.

Bellarmin hasarde une autre réponse, qui est que « le Pontife n'a « pas voulu faire de Foi la chose elle-même sans un Concile géné«ral » Pontifex noluit rem ipsam de Fide facere sine Concilio generali (1). Je crois entrevoir le sens de la phrase du Cardinal Bellarmin, et je ne ferois pas remarquer ici son obscurité, si les ennemis de l'Eglise Catholique ne s'en prévaloient pour lui reprocher de faire ou défaire à volonté des Articles de Foi : ils ont tort, sans doute; car elle n'est pas responsable de l'inexactitude du langage qu'ont pu employer les Scholastiques, même les plus révérés. L'Eglise ne fait pas la Foi; mais elle l'expose ou la déclare, soit en Concile, soit hors du Concile, par l'organe de ses Ministres. Or, il est inconcevable qu'on ose dire que Saint Etienne n'a pas voulu déclarer la Foi ou la Doctrine de l'Eglise, touchant la validité du Baptême des Hérétiques. S'il est vrai que ce Pape n'ait pas voulu déclarer la Foi, comment se fait-il que, de l'aveu de Bellarmin, Saint Cyprien l'accuse « d'être tombé dans une erreur << pernicieuse? >> Putavit Pontificem perniciosè errare (2). Comment imaginer que Saint Etienne n'ait pas voulu déclarer la Foi sans un Concile général, tandis que l'Eglise n'avoit pas encore eu de Conciles généraux, et que le premier de tous ne fut tenu que soixante et dix ans après l'époque où Saint Etienne rendit son Jugement? Enfin, si le Pontife ne voulut pas déclarer la Foi, comme le dit Bellarmin, pour, quoi donc fonde-t-il son Décret sur une Tradition Apostolique, sur une autorité irréfragable, à laquelle il défend de contrevenir, sous peine d'être retranché de l'Eglise?

(1) Bellarm. de Rom. P., l. IV, c. VII. (2) Ibid.

pas tex

Dira-t-on qu'en prescrivant de conserver un point de Discipline fondée sur la Tradition des Apôtres, Saint Etienne ne définit tuellement le point de Dogme qui en est la base essentielle, savoir que le Baptême est valide, quoique conféré par des Hérétiques d'où il suivroit qu'en prohibant la Rebaptisation, sous peine d'anathème, le Pontife auroit laissé à chacun la liberté de croire à l'invalidité du Baptême des Hérétiques. Mais Bellarmin ne va pas jusque-là, et ce subterfuge seroit aussi trop indigne de la gravité Théologique. Par la même raison, on devroit dire que les Apôtres n'ont pas rendu un Jugement Dogmatique, lorsque, assemblés en Concile, ils enjoignirent aux Fidèles d'Antioche de s'abstenir de la fornication, ou que Saint Paul ne prononce pas sur la Foi, lorsqu'il dit « anathème à quiconque << n'aime pas Notre-Seigneur Jésus-Christ (1). »

Bellarmin ajoute qu'Etienne « se contenta de vouloir qu'on s'en tînt « provisoirement à l'ancienne Coutume»: Sed solùm voluit interim servari antiquam Consuetudinem (2). Autre paradoxe insoutenable, puisque l'Ordonnance de Saint Etienne est définitive et non provisoire, par la force même du texte. L'interim qu'il plaît à Bellarmin de supposer est de sa propre invention, et n'a pas le moindre fondement dans l'Histoire ou les Ecrits pour ou contre du troisième Siècle. D'ailleurs, quel étrange interim, quel dangereux provisoire seroit celui d'une Ordonnance qui, pour éviter de statuer en définitive, priveroit d'un Baptême valide, et jusqu'à la mort inclusivement, ceux dont le premier Baptême étoit nul dans l'opinion d'une grande partie de l'Eglise! Non; jamais l'embarras d'une mauvaise cause ne s'est trahi par de plus

foibles argumens.

Pour leur donner quelque consistance, Bellarmin invoque le témoignage de Saint Augustin. « Il faut bien, selon lui, que le Pape << Etienne n'ait pas décidé la question comme de Foi, puisqu'après sa « définition, Saint Augustin dit qu'il étoit encore permis de penser

(1) Act. XV, 29.-I. Cor. XVI, 22.

(2) Bellarm., loc. cit.

<< autrement (1). » Mais cet argument n'est qu'une pétition de principe, et montre la résolution fixe et prise d'avance de ne voir que l'infaillibilité du Pape dans les monumens de l'Antiquité. De deux alternatives qui sautent aux yeux, Bellarmin n'en présente qu'une au Lecteur en effet, il pouvoit être permis de penser autrement que Saint Etienne, ou bien parce qu'il n'avoit pas voulu décider la Question, ou parce que son Jugement n'étoit pas suffisant pour fixer irrévocablement la Foi. La seconde alternative est évidemment la seule à laquelle Saint Augustin fasse allusion, et Bellarmin la dissimule. La première n'a pas le moindre fondement dans les Ecrits du saint Docteur: nulle part Saint Augustin n'insinue que le Pape n'avoit pas jugé la Question comme appartenante à la Foi; loin de là, il excuse l'erreur de Saint Cyprien « sur un point enveloppé de nuages et d'altercations, parce « que la force et l'autorité du Concile Plénier ne l'avoient pas encore « décidé. » Il reconnoît que le Pape a ordonné, mais ne regarde pas son Jugement comme irrefragable; il n'exige la soumission absolue sur cette matière que pour un Décret muni du consentement universel, et ne doute pas « que Saint Cyprien n'eût cédé à une telle autorité, si, « de son temps, la vérité eût été éclaircie et consolidée par un Con«< cile Plénier. » Non seulement l'erreur de Saint Cyprien paroît excusable à Saint Augustin, mais sa résistance au Jugement du Pontife lui semble légitime; el si cette résistance est en effet le péché véniel qu'il impute au saint Martyr, comme le dit sans fondement Bellarmin, le saint Docteur semble tout disposé à s'en rendre coupable dans un cas semblable: « Nous-mêmes, dit Saint Augustin, nous n'oserions pas « aujourd'hui affirmer ce qu'Etienne a ordonné, si nous n'étions ras<< surés par l'autorité et la concorde de l'Eglise Catholique (2). »

(1) Sine dubio Stephanus Papa non definivit tanquam de Fide.... Fuit enim post Pontificis definitionem adhuc liberum aliter sentire, ut Augustinus dicit. (Bellarm., loc. cit.)

(2) Antequàm quæstio.... tantis altercationum nebulis involuta, ad plenarii Concilii autoritatem roburque perducta est.... Neque nos tale aliquid auderemus asserere quale Stephanus jussit, nisi Ecclesiæ Catholicæ concordissimâ autoritate firmati; cui et ipse Cyprianus sine dubio cederet, si jam illo tempore quæstionis hujus veritas

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