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Saretto, qu'on devroit jeter au feu la Déclaration de 1682, et avec elle les Prélats qui en furent les Auteurs, les Fauteurs ou les Approbateurs (1).

Au lieu de ces violentes diatribes copiées de Luther et de Calvin, l'Anonyme insiste sur la hauteur et les volontés absolues de Louis XIV, sur la foiblesse et le dévouement de quelques Evêques aux demandes impérieuses de la Cour, sur l'influence des Jansenistes, soit à Rome, soit en France, sur l'excès d'amour du grand Bossuet pour son Roi, sur son défaut de prévoyance, qui l'empêcha d'écraser le Jansénisme, au lieu de perdre son temps à la rédaction et à la d fense des quatre Articles, etc. etc. (2).

M. Plowden est encore plus fertile que l'Anonyme en expressions flétrissantes; presqu'à chaque page il accuse les Evêques de France de Considérations humaines, d'Intérêts humains, d'Adulation timide, d'envie de mortifier le Pape, en arrachant des plumes à la Tiare, pour en décorer la Mitre Episcopale. Par une contradiction manifeste et pleine d'immoralité, tour à tour il les appelle des Evêques respectables et des Prélats Courtisans dépourvus de candeur et de sincérité, ou entraînés par des paroxismes de loyauté, ou disposés à servir les passions et la colère du Prince, ou épouvantés par ses ordres absolus (3).

Son humeur contre le Clergé de France l'emporte à tel point, qu'il attribue « à la politique mondaine des Prélats Gallicans, ce qu'il appelle les deux plus cruelles plaies que l'Eglise ait reçues depuis

(1) Præf. Defens. Decl. Conv. Cl. Gallic., p. iv. (2) Dissert. Hist., p. 9, 93 et passim.

(3) Undiscerning compliance. .... Courtly Prelates..... To mortify the Pope was the object steadily held in view. Every plume plucked from his Tiara was deemed a decoration to the Episcopal Mitre. The King was exasperated, and the Prelates assumed his passions...... It is undoubtedly the agreement of thirty-four respectable Bishops...... This is an unmeaning gallican compliment destitute of candour and sincerity...... The Prelates influenced by the passions of their King...... Thirtyfour Bishops in a paroxism of loyalty. (Consider, on the Mod. Opin., p. 7, 8, 9, 10, 32, 34, 100, 101 et passim.)

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« le Schisme de Luther (1). » La première, par la guerre de Trente Ans et le Traité de Westphalie. Il oublie que ce fut Richelieu qui terrassa l'hérésie en France, et que Mazarin était un Prélat Italien; la seconde, par le renoucement à l'infaillibilité du Souverain Pontife; infaillibilité qui, de son aveu, de l'aveu des Ultramontains et des Papes eux-mêmes, n'appartient pas à la Foi Catholique.

XIII. Peut-être faudroit-il également passer sous silence la témérité avec laquelle ces deux Ecrivains parlent de l'Assemblée de 1682; mais l'autorité vénérable, aux abus de laquelle elle crut devoir résister, donne aux opinions qu'elle maintint, et aux mesures qu'elle adopta, un air de défaveur qu'il importe de dissiper. Sa résistance à des entreprises inouïes, faites au nom du Souverain Pontife, fut singulièrement respectueuse envers le Saint-Siége, et montra aux siècles futurs comment la soumission légitime pouvoit se concilier avec la fermeté Episcopale; et l'on verra par le récit des faits que si, à l'exemple de Paul, elle résista en face à Pierre, parce qu'il était répréhensible, elle lui résista comme Paul, sans porter atteinte à la dignité suprême de son Apostolat (2).

En exposant les faits relatifs à l'Assemblée de 1682, en les exposant avec simplicité, et d'après les monumens authentiques, il est presque inutile d'avertir qu'on ne discutera ni le caractère individuel, ni les motifs personnels des hommes qui parurent avec le plus d'éclat dans le cours de ces affligeantes querelles. Qui ne voit au premier coup d'œil que si, pour répondre aux Dissertateurs, on se livroit comme eux à des conjectures historiques sur le caractère de ceux qui, à la même époque, combattirent les Libertés de l'Eglise Gallicane, on pourroit, en rendant hommage aux vertus d'Innocent XI, inculper la

(1) The two sorest wounds given to the Catholic cause since the Schism of Luther, arose from the wordly policy of Gallican Prelates. The first was the preponderance given to the Protestant arms during the thirty years war, and the securing it by the Treaty of Westphalia..... effected by the Cardinals Richelieu and Mazarin. The second is the renunciation of the infallibility of the holy See by Bossuet and the other courtly Bishops in the Assembly of 1682. ( Ibid, p. 35.)

(2) Galat., ch. II, v. 11.

roideur de son caractère, et sa partialité visible en faveur des ennemis de Louis XIV? On pourroit aussi, sans trop choquer la vraisemblance, accuser de flatterie, de craintes humaines, d'ambition et de vues intéressées, les Ecrivains Allemands, Espagnols et Italiens, qui se signalèrent contre la Déclaration de 1682. Quel seroit le résultat de ces controverses? La vérité n'en tireroit pas le moindre avantage, et la satire réciproque tourneroit au détriment de la piété. Après tant de recherches laborieuses, il resteroit encore à voir qui est-ce qui a en raison de l'Assemblée du Clergé ou du Consistoire, de Gerson ou du Cardinal Bellarmin, de Bossuet ou de ses nombreux Adversaires (1). Il n'en faudroit pas moins examiner si, d'après le langage de l'Ecriture, des Pères et des Conciles, d'après la forme qu'il plut à JésusChrist de donner à son Eglise, et la pratique de tous les siècles, le Pape est, ou n'est pas, supérieur aux Conciles ŒEcuméniques, et si ses jugemens en matière doctrinale sont irréformables avant d'être ratifiés par le consentement de l'Eglise. Cela étant ainsi, il vaut bien mieux supprimer dès l'abord ces lieux communs de l'Histoire, qui, sans rien éclaircir au fond, servent d'alimens à la curiosité maligne, et se borner à discuter en esprit de paix des Opinions permises par l'Eglise. Alors la vérité, qui doit être le seul objet de nos communes recherches, paroîtroit plus aisément dans tout son jour; et vainqueurs et vaincus n'auroient plus, selon le vœu de Bossuet, « d'autre rivalité » que celle d'établir à l'envi, par des preuves lumineuses, la Pri» mauté Romaine, l'autorité et la majesté du Siége Apostolique (2). » : XIV. Les défauts qu'on vient de relever sont communs à la Dissertation de M. Plowden et à celle de l'Anonyme de 1799. Avant de discuter

Vindic.

(1) Le Cardinal Daguirre, Defens. Cath. S. Petri. Le Cardinal Sfondr. Gall. Zelepecchimi Arch. de Strig. Cens. Hungar. — Roccaberti, Arch. de Valence. De Rom. Pont. infaillib., 3 vol. fol. - Biblioth. Pontif., 21 vol. fol. Schlestr. Biblioth. du Vat. Antiq. Eccles. Eccles. Afric.

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Act. Conc. Const.

3 vol. in-4- Thyrsus, Gonzalès, Gén. des Jés. De Infaillib. Rom. Pont. Duval, Charlas, Cévoli, Marquis de Saretto, etc.; Nicolas Dubois, professeur de Louvain, qui, dans une Consultation Théologique, donne au Clergé de France le conseil de se faire absoudre de l'excommunication au moins ad cautelam.

(2) Gall. Orthod. in fin.

ce que l'un et l'autre ont avancé directement contre le sentiment de l'Eglise Gallicane, et contre l'Assemblée de 1682, la forme incohérente de leurs Ouvrages oblige à observer leurs digressions hors de propos, à montrer la fausseté ou la gratuité de leurs suppositions, en un mot, à réfuter, par une critique raisonnée, plusieurs objections ou remarques insidieuses, qui n'appartiennent pas à la thèse qu'ils ont voulu traiter.

Cette méthode aura un double avantage : le premier, d'éclaircir la question en la simplifiant, et d'y porter d'avance la lumière qui lui est propre, par cela seul qu'on écarte les nuages dont les Adversaires se plaisent à l'envelopper. Le second sera de prémunie les Lecteurs, privés du loisir nécessaire pour approfondir par euxmêines, contre des Ecrivains qui, abusant de leur dangereuse facilité, traitent des points théologiques sans recourir aux sources de la vraie Théologie, des questions de Droit Canonique sans connoître les bases de cette science compliquée, et des faits historiques de la plus grande importance sans consulter les monumens de l'Histoire. Ce jugement pourra paroître sévère : on va voir s'il est fondé. Que si la patience du Lecteur se lasse d'un Examen qui semble l'écarter du but, la faute en est à ceux qui l'ont rendu nécessaire.

XV. Déjà on a vu que M. Plowden préjuge la question par le seul titre de son Livre, en donnant au sentiment de l'Eglise Gallicane le nom d'opinion moderne. Il explique toute l'étendue qu'il prétend donner à cette épithète, lorsqu'il dit «qu'avant la Déclaration de 1682, » tous les Catholiques étoient persuadés de l'infaillibilité des Décisions

dogmatiques et solennelles du Saint-Siége (1). » La suite de son Ouvrage prouve que l'infaillibilité qu'il attribue au Pape est une infaillibilité antérieure au consentement de l'Eglise, et qu'elle en est indépendante; et en effet, sans cela l'Auteur seroit d'accord avec le quatrième Article de la Déclaration de 1682, qu'il attaque de toutes ses forces (2).

(1) Consider. on the Mod. Opin., p. 1.

(2) Le Lecteur est averti une fois pour toutes que lorsqu'on parlera, dans le cours de cet ouvrage, de l'infaillibilité du Pape, soit pour montrer qu'elle n'est fondée ni

M. Plowden répète bientôt avec assurance, et confirme l'assertion extraordinaire par laquelle il a débuté. Il ne craint pas de dire à la page 11, « que l'infaillibilité des Décisions dogmatiques du Pape étoit, << en 1682, la conviction de l'Eglise Romaine, et de toutes les autres << Eglises dans l'Univers Catholique, sanctionnée par la persuasion non « contestée de dix-sept siècles; et que cette harmonie n'a été inter<< rompue que par Bossuet, et trente-trois autres Evêques Fran«çais. (1). »

On lit à la page 31 que « les Evêques de toutes les Nations regardent « l'infaillibilité du Saint-Siége dans les Décisions dogmatiques, comme « aussi nécessaire à la Constitution de l'Eglise et à la conservation de « la Foi, que l'infaillibilité des Conciles eux-mêmes; et qu'avant 1682, « aucun Evêque Catholique n'avoit osé révoquer en doute l'une ou << l'autre (2). >>

Pag. 34. « La nouveauté de la condition dont on fait dépendre « l'infaillibilité de la Décision Papale (savoir le consentement de l'Eglise « Universelle), suffit pour nous causer un tremblement (3). »

sur l'Ecriture, ni sur la Tradition, soit pour répondre aux objections des Adversaires, ou bien, en rapportant les opinions pour et contre, ces mots signifient toujours une infaillibilité dans les Décisions dogmatiques, antérieure au consentement de l'Eglise, et qui en est indépendante. C'est dans ce sens que les Ultramontains attribuent l'infaillibilité au Pape; c'est aussi dans ce sens que nombre de Théologiens et Universités Catholiques refusent, avec le Clergé de France, de reconnoître l'infaillibilité ou l'irréformabilité des Décrets dogmatiques du Souverain Pontife, puisque tous avouent qu'ils sont irréformables par l'accession du consentement de l'Eglise Universelle. (1) The infallibility of the Vicar of Christ in dogmatical Decisions, was in 1682 the conviction of the Roman Church and of every other Church in the Catholic World, sanctioned by the uncontroverted persuasion and tradition of seventeen centuries; and this general harmony of sentiment was in that year interrupted by the great Bossuet and thirty-tree other French Bishops. (Consider. on the Mod. Opin., p. 11.) (2) The Bishops of all Nations .... conceived the infallibility of the holy See in dogmatical Questions, to be as necessary for the Constitution of the Church and the preservation of Faith, as the infallibility of Councils themselves; and thill 1682, no Catholic Bishops ever ventured to bring one or the other into controversy. ( Ibid, p. 31.)

(3) The novelty of the condition on which it makes the infallibility of the Papal Decision to depend, throws us into a tremour. (Ibid, p. 34.)

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