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l'hostie, y tracer en divers endroits, surtout sur la poitrine, des croix et d'autres carac-tères. Aux côtés du simulacre on mettait deux branches de bouleau, qui venaient se joindre à leur partie supérieure. A chaque côté du simulacre qui représentait Beive ou Ankaka, on avail coutume de placer une branche de bois terminée par le haut en cercle hérissé de plusieurs pointes. La statue d'Horagallès devait représenter un marteau. Auprès de la figure de Rutu on élevait des branches de sapin teintes du sang des victimes. Si le sacrifice était offert aux Sanwo, on frottait des pierres du sang et de la graisse des animaux immolés. Il fallait que dans les statues des dieux la racine du bouleau fût taillée en tête, et que les autres parties du corps fussent prises sur le trone. On élevait de ces sortes de simulacres sur tous les sacrifices offerts aux anciens dieux de la nation, à Sarakka, au Saiwo, aux Jabmeks, en observant de planter le tronc en terre, afin que la racine qui représentait la tête se trouvât en haut. Mais si l'on avait offert un sacrifice à Radien-Atzhié ou à RadienKiedde, on dressait leur simulacre en sens contraire.

La Laponie est la contrée de l'Europe où le paganisme a subsisté le plus longtemps, et au moment où nous écrivons ceci il n'est pas encore tout à fait éteint. Dans le XVI siècle, des voyageurs français virent dans une petite île située au milieu du lac Tornotresk un autel fameux dédie à S‹yta; tous les Lapons de la province allaient faire des sacrifices à cette idole grossière et informe, qu'ils couvraient du sang et de la graisse des victimes immolées; elle était environnée de plusieurs autres qu'on disait être la femme et les enfants de Seyta.

12. Les anciens Scythes, d'après Hérodote, n'erigeaient d'autels et de simulacres qu'au dieu de la guerre; ils le representaient en dressant sur un autel immense une épée de fer. Ils lui consacraient des bocages, dans lesquels ils cherchaient à avoir quelques chênes d'une grandeur extraordinaire. Ces arbres étaient si sacrés à leurs yeux, qu'ils tenaient pour sacrilée et digne de mort quiconque en eût arraché la plus petite branche ou entamé l'écorce. Ils les arrosaient du sang des victimes, au point que l'écorce des plus vieux en etait pour ainsi dire incrustée. Le Danube, le PalusMeotide, étaient aussi des objets de culte pour les Scythes qui habitaient aux environs. Les Massagètes honoraient également le Tanaïs ou Don.

13. Les Arabes antérieurs à Mahomet mélaient au sabéisme le culte des idoles. La Kaaba, qui parait avoir été de toute antiquité le sanctuaire national de l'Arabie, devint le panthéon de ce fetichisme : chacune des tribus y plaçait son idole particulière, qu'elle venait adorer régulièrement chaque année, et à laquelle on demandait toutes les faveurs temporelles qu'on désirait obtenir. On dit qu'il n'y en avait pas moins de 363 qui couronnaient le fronton de cet édifice;

on y remarquait entre autres les statues de Jésus et de Marie. Les idoles principales étaient Hobal, en agate rouge, sous la forme d'un homme tenant sept flèches dans sa main; Ménat, grande pierre informe et grossière, à laquelle on attribuait des effets merveilleux. Ozza était un acacia, auquel les coréischites sacrifiaient leurs propres filles; Lat était un rocher que Mahomet ordona de detruire; à cet arrêt, toute la tribu qui l'adorait fut plongée dans l'affliction; les femmes surtout ne pouvaient se consoler; elles employèrent les prières et les larmes pour obtenir qu'on laissát subsister le simulacre pendant trois ans encore, puis pendant un mois, mais elles ne purent rien obtenir. Ners était un aigle, Sava une femme, Wadd un homme, Yangh un lion, Yesk, un cheval.

14. Le sabéisme et la pyrolâtrie étaient la religion des anciens Perses, comme ils sont encore l'objet du culte des l'arsis, leurs descendants. Il ne paraît pas que les Perses aient jamais été idolâtres, bien qu'ils eussent cultivé la sculpture; leurs palais étaient couverts d'une foule innombrable de figures sculptées ou gravées, et remplis de statues de toutes dimensions; mais elles étaient pure ment historiques, commemoratives ou symboliques. Et si nous parlons ici de ces peuples, ce n'est que pour faire remarquer que les statues de Mithra, qui devinrent si communes sous les derniers empereurs d'Occi dent, et qui furent importees dans la reli gion grecque et romaine, étaient dues au c.seau des Romains, qui, même en cela, tombèrent dans une erreur étrange; car ils regardaient Mithra comme la personnifica tion du soleil chez les Perses, tandis que c'était un personnage femelle, représentantia Vénus céleste.

15. Nous voici arrivés dans la haute Asie, pays des idoles par excellence; ells fourmillent chez les brahmanistes, les bouddhistes et les chamanistes.

Les brahmanistes ont deux sortes d'idoles; les unes ne sont à leurs yeux que de pures images, et n'ont droit au respect public qu'autant qu'elles ont été affectées au culte, et qu'elles ont reçu préalablement une consécration particulière; les autres leur paraissent identiques en quelque sorte avec la divinite, parce qu'ils supposent que Vichnou ou quelque autre de leurs divinités, s'est incarné un jour en telle statue, ou parce que l'image a été fabriquée d'un arbre qui est lui-même une incarnation du dieu. Les unes et les autres sont le but des mêmes hommages, avec cette différence néanmoins que les secondes, étant plus rares, sont l'objet d'un culte plus étendu et plus solennel, qui ature une multitude de pèlerins de toutes les contrées de cette vaste péninsule; te le est entre autres la fameuse idole de Djajat-natha.

Tous les temples servent d'asile à un certain nombre d'idols; il y en a qui en sulli encombrés. La principale idole est ordinarement dans une niche; elle est vêtue d'ha bits plus ou moins magnifiques; dans les

grandes solennités, on la pare quelquefois d'étoffes d'un haut prix et de riches joyaux. On lui voit assez souvent sur la tête une couronne d'or enrichie de pierreries; mais la plupart des idoles en pierre ont une espèce de bonnet en pain de sucre, ce qui donne à la figure entière l'apparence d'une pyramide; car les Indiens paraissent avoir pour la forme pyramidale un goût tout particulier, qui est du peut-être à quelque idée emblématique. dû On sait que divers peuples de l'antiquité, entre autres les Egyptiens, regardaient la pyramide comme le symbole de l'immortalité, el encore comme celui de la vie, dont le commencement était représenté par la base, et la fin ou la mort par le sommet. Elle étail aussi l'emblème du feu.

Il ne faut pas aller dans l'Inde pour éludier dans les statues des divinités l'idéal du bean, du bon goût, de l'élégance et de la justesse des proportions, comme dans les idoles de la Grèce. Celles des Hindous sont calquées sur les traditions mythologiques qui prétent occasionnellement aux dieux les formes les plus bizarres; celui-ci a quatre fêtes, cet autre quatre, huit, douze, trente bras et plus; celui-ci a sur un corps humain une tête d'éléphant, de singe ou de taureau; cet autre a un long collier de têtes de morts; il semble que le sculpteur ait pris à tâche de produire l'œuvre la plus hideuse et la plus effrayante. Aussi les Indiens ont beau les surcharger d'ornements, elles n'en sont pas moins affreuses à voir. La physionomie de celles mêmes qui sont le mieux exécutées est en général d'une laideur horrible, qu'on a soin de rehausser encore en barbouillant, de temps à autre, ces pauvres dieux d'une couche de peinture noirâtre. Quelques-uns, grâce à la piété généreuse de certains riches devots, ont des yeux, une bouche et des oreilles d'or ou d'argent; agréments qui contribuent à les enlaidir encore, s'il est possible. Il n'y a aucune proportion dans les membres; les attitudes qu'on leur donne sont ou ridicules ou grotesques, souvent obscènes. Au total rien n'est omis pour en faire des objets de dégoût pour quiconque ne serait pas familiarisé avec la vue de ces monstres bizarres.

Les idoles exposées à la vénération publique dans les temples sont de pierre; celles qu'on porte en procession dans les rues sont de métal, ainsi que les dieux domestiques que chaque brahmane garde et adore dans sa maison. Il n'est pas permis de faire des dieux de bois ou d'autres matières faciles à détériorer. Il y en a cependant quelquesques en bois, comme celle de Vichnou sous le nom de Djagat-natha, et en général celles de la déesse Mari-amma. On rencontre aussi fréquemment des statues en argile ou en maçonnerie; mais ce sont des idoles de bas aloi, qui n'inspirent que fort peu de vénération. Une idole, quelle qu'elle soit, ne peut deve

nir un objet de culte avant d'avoir été consacrée par une foule de cérémonies: il faut

(1) Nous avons dit, à l'article BOUDDHISME, que ce qu'athée proprement dit.

que la divinité soit evoquée, qu'elle vienne s'y fixer, s'y incorporer; et c'est l'affaire d'un brahmane pourohita. Les nouveaux temples sont également soumis à une inauguration solennelle, et l'on consacre scrupuleusement tous les objets destinés à leur service. Cependant ces temples et ces idoles sont sujets en mainte occasion à être profanés. Si, par exemple, un Européen, un mahométan, un paria venait par malheur à pénétrer dans un sanctuaire ou à toucher une idole, la divinité delogerait à l'instant même. Or, pour la rappeler de nouveau, il faudrait recommencer de plus belle et à grands frais toutes les cérémonies.

Outre les idoles qui se trouvent dans l'intérieur de chaque temple, les murs et les quatre faces des piliers qui soutiennent l'édifice, sont chargés de diverses sculptures. Sur la façade, on a pratiqué des niches dans lesquelles sont placées des figures symboliques d'hommes et d'animaux, dans des attitudes infâmes. Les murs d'enceinte, dont la solidité répond à celle de l'ensemble des bâtiments, sont aussi quelquefois tout couverts de ces images obscènes ou bizarres.

Au nombre des idoles des Indiens nous ne devons pas oublier de mentionner les honteuses figures du Lingam et du Yoni, qui sont vénérées par les sivaïtes à l'égal de Siva lui-même; le taureau, et surtout la vache, les singes, les serpents, le yautour Garouda, et quelques autres animaux ; la pierre sulagrama, l'herbe darbha, la plante toulsi et l'arbre aswattha. Tous ces objets sont réellement adorés, au moins en certaines circonstances; il est même peu d'objets qui ne puissent devenir un objet de culte pour l'Hindou; il est telle fête, telle cérémonie dans laquelle il doit offrir le poudja (l'adoration) aux outils de son état, aux armes qu'il porte, à la lampe ou au feu qu'il allume, au cadavre qu'il enterre, au riz qu'il mange, à l'eau qu'il boit, elc.,

etc.

16. Nous réunirons sous un seul article l'idolâtrie des bouddhistes du Tibet, de la Birmanie, de Siam, de Ceylan, de la Cochinchine, du Tunkin, de la Chine et du Japon, bien qu'en examinant les choses de près on pourrait y signaler des différences et des modifications qui tiennent aux localités, aux mœurs et au degré d'instruction plus ou moins avancé des peuples nombreux qui professent ce système de religion.

Comme on a fort différemment écrit sur cette matière, nous préférons suivre pas à pas un mémoire de M. Bigaudet, missionnaire apostolique qui a vécu longtemps parmi les bouddhistes, et qui paraît avoir fort bien étudié et approfondi leurs doctrines. Quoiqu'il eût spécialement en vue la Birmanie, ce qu'il en dit est applicable à la plupart des pays bouddhistes. «En examinant de plus près, dit-il, le bouddhisme, dépouillé de tout ce que la superstition, l'ignorance et l'intérêt semblent y avoir ajouté, on verrait que ce système athée (1) n'offre à la vénération système religieux nous paraissait plutôt panthéiste,

de ses partisans que des idées abstraites de vertu, de renoncement à soi-même, de détachement de tout ce qui existe, sans leur présenter un ou plusieurs objets qui méritassent exclusivement une adoration réelle de latrie. Aussi l'auteur de ce système, quel qu'il soit, a dû être profondément frappé du ridicule et de la vanité du culte des idoles. Mais quel qu'ait été le bouddhisme primitif, celui qui a formulé le bouddhisme actuel n'a pu s'élever à la reconnaissance de l'Etre suprême, parfait et seul digne des adorations de toutes les créatures; il s'est jeté dans un excès opposé, en ne proposant à ses disciples que des idées de vertu, de morale, des abstractions sans aucun objet réel auquel ils puissent rapporter leurs hommages. Ses efforts ont été vains et sans succès. L'homme a aussi besoin d'objet d'adoration que son corps a b. soin d'air pour vivre et de nourriture pour se soutenir; s'il n'adore pas le Créateur, il se prosternera devant la creature et lui rendra les hommages qu'il se sent pressé d'adresser à quelque chose en dehors de lui. Les disciples de Bouddha ou du fondateur du bonddhisme ne sont pas restés longtemps sans idoles; on en trouve dans tous leurs temples; et quoiqu'elles ne soient pas aussi multipliées ni si variées que dans les temples des brahmanes de l'Inde, on peut être sûr que les pagodes bouddhiques sont pass blement bien pourvues de ce côté-là.

«Voici l'origine que les écrits bouddhiques et les prêtres de cette religion donnent aux idoles Gautama étant sur le point de disparaître, d'entrer dans le Nirvana, c'està-dire de mourir, appela ses disciples et leur dit : « Voilà que dans peu je ne serai plus au milieu de vous, mais je vous laisse ma loi, mes statues et mes reliques; ces statues, ces reliques, seront comme mes représentants au milieu de vors; elles tiendront ma place et vous leur rendrez le même honneur que vous rendriez à ma personne.» Par là la plus haute sanction est donnce au culte des idoles. Mais quelle est la nature de ce culte idolâtrique? est-il relatif eu absolu ? C'est une question qui a toujours excité ma curiosité, et à la solution de quelle jo me suis appliqué d'une manière toute particulière. Voici le résultat de mes recherches :

«Les bouddhistes ne reconnaissent dans les idoles aucune vertu qui soit inhérente à leur nature; ils ne croient pas que idole puisse leur accorder aucune faveur de quelque genre que ce soit; ils ne croient pas que Ja vie ni l'intelligence, même au moindre degré, se trouvent dans ces statues. Si donc un bouddhiste se prosterne devant les idoles, il ne le fait que pour obéir au commandement de Gautama; il regarde les prostrations devant ces images, les sacrifices qu'il leur fait, comme des actes bons et méritoires, prescrits par la loi, et à l'accomplissement desquels sont attachés bien des mérites; quand il fait une bonne œuvre quelconque, il sait qu'il gagne tels et tels mérites qui sont très-soigneusement enumérés dans le livre de la loi; de même aussi

quand il fait une idole, båtit une pagode, fait des offrandes aux idoles, les adore, etc., etc., il ne le fait que pour gagner les mertes que la loi lui accorde fort libéralement pour tout cela. Le bouddhiste n'a rien autre chose en vue. Dire qu'il a intention de rapporter son culte à Phra Gautama, c'est se tromper grossièrement, puisqu'il sait bien que son Phra n'est plus, qu'il a disparu, qu'il n'entre pour rien dans les affaires de ce monde, qu'en un mot il a cessé d'etre; or, un être qui n'est pas ne peut être l'objet d'adoration, quelle qu'elle puisse être. Qu'on adore de fausses divinites que, par une erreur, l'on croit existantes quelque part, cela se conçoit ; mais que quelqu'un pense à rapporter le culte qu'il rend à une image ou à une statue, à son prototype, qu'il sat n'exister nulle part sous aucune forme, c'est ce qui ne peut entrer dans l'imagination de personne.

« J'ai souvent entendu des Birmans intelligents me dire, lorsque je disputais avec eux, que c'était par respect pour Phra Gaotama qu'ils adoraient les idoles, eu ce sens que ces idoles représentaient la figure de Phra, et que d'ailleurs ils avaient son ordre formel de les adorer comme lui-même, comme ses représentants; mais pas un ne m'a dit qu'il pensait à rapporter à Phra Gautama les marques de respect, de vénération, les offrandes enfin qu'il faisait à ces idoles; tous au contraire avouaient qu'ils avaient en vue l'idole présente sous leurs yeux el rien au delà. Combien donc sont mensongeres el pitoyables les assertions des protestants et de nos incréduses! Les premiers pretendent que l'honneur que les catholiques rendent aux images du Sauveur, de sa sainte mère et des saints, est semblable à celui que les idolâtres rendent aux inoles; ils ne veulent pas savoir que les catholiques ne se ser veut de ces objets visibles que pour s'élever aux objets invisibles et sacrés qu'ils representent, et que l'onneur rendu à une image. iis le rapportent tout entier à son type:ce que ne fait pas l'idolâtre. Et si la dillèrente est si grande, même à l'égard du bou idhisme, qui est le moins gro sier de tous le cultes idolâtriques, que serait-ce si nous exa...inions les autres religions païeunes? Les seconds, qui ont avancé tant de choses avec une grande hardiesse qui leur servant de preuve, ont voulu trouver chez les idola res un cube relatif. Je ne veux pas parler des autres idolâtries, mais seulement de celle du bouddhisme, qui est pratiquée par piè, d'un quart du genre humain. Je puis assurer qu'en theorie et en pratique, les bouddhistes adorent, véritablement et strictement parlant, les idoles, comme étant, avec la loi et l'assemblee des justes, les seuls objets laisses à leur adoration.

« J'ai avancé que les bouddhistes pe croyaient pas qu'aucune vertu particulière résidât dans les images de Phra; ils admet tent cependant que les reliques de Bouddha, comme parties d'un corps qui avait été dé des plus hautes perfections, ont conserve

quelques vertus secrètes au moyen desquelles de grandes merveilles s'opèrent aux lieux où elles ont été déposées. Les pagodes qui renferment ces précieux dépôts sont quelquefo's tout éclatantes de lumières pendant la nuit; on les a vues se couvrir d'or subitement. Pendant mon séjour à Merguy, on vint m'annoncer un beau matin qu'une pagode avait été dorée subitement pendant la nuit je me mis à rire; mais, pour satisfaire mes Birmans, je voulus m'y rendre avec eux; arrivés sur les lieux, nous ne vimes rien de tout ce qu'on annonçait; alors on se contenta de dire que la vertu miraculeuse de la relique étant épuisée, la merveille avait disparu. Suivant la légende la plus authentique, les reliques de Phra étaient fort peu considérables; mais l'intérêt et l'ignorance les ont multipliées à un point extraordinaire. Il n'y a pre-que pas de pagode un peu fameuse qui ne se vante d'en posséder; quelques Ponghis et charlatans birmans, pour se faire un nom et obtenir une nombreuse clientèle, ont la prétention d'en avoir aussi quelques portions.

Les hommages extérieurs que les bouddhistes rendent aux idoles consistent en prostrations et offrandes de fleurs, de parfums, de banderoles élégamment découpées, de parapluies blancs ou dorés, etc. Quelquefois, mais assez rarement, on leur offre des fruits, du riz, etc.; mais ces sortes d'offrandes sont réservées plus spécialement aux nats. C'est aux quatre quartiers de la lune, mais surtout aux nouvelles et pleines lunes, que l'on voit les pagodes, les maisons des Ponghis se remplir d'offrandes de toute espèce; à ces fêtes-là aussi les pagodes sont plus ou moins illuminées, suivant le plus ou moins de fortune ou de piété de ceux qui doivent subvenir aux frais. Rarement on voit les Birmans réparer des idoles ou des pagodes, parce qu'ils prétendent qu'il y a beaucoup plus de mérite à en faire de nouvelles; ils croient aussi que les mérites qui sont le fruit des réparations tourneraient au profit du premier fondateur. En effet, disentils, de nombreux mérites sont accordés par nos livres saints à ceux qui font des pagodes ou des idoles, mais on ne dit rien en faveur de ceux qui les réparent. Cependant en pratique on ne suit pas toujours cette belle theorie.

Les prières que les bouddhistes font devant les idoles, dans les pagodes, consistent à rappeler des traits de la vie de Phra, à célébrer ses vertus, ses triomphes sur les passions et sur tous les ennemis qui s'opposaient à son acheminement à la dignité de Phra. Mais jamais on ne trouve dans ces prières une seule expression qui indiquerait que l'on demande quelque grâce, quelques faveurs, la délivrance de quelques périls. Le bouddhiste, fidèle à son principe de fatalité, dit toujours: De même que Phra a pratiqué te.le vertu, puissé-je la pratiquer moi-même, etc., etc. Les prières renferment aussi de nombreuses citations de la loi; on y trouve aussi les plus belles expressions pour louer cette loi sublime. Enfin, on y trouve

aussi des louanges à l'honneur des Ariahs ou des justes qui sont bien avancés dans la pratique de la loi; mais il n'y a pas une seule expression qui donne une idée de prières proprement dites. »

Les idoles bouddhiques sont la représentation des différents Bouddhas qui se sont succédé dans la suite des âges el des modifications que chacun a éprouvées dans les transmigrations diverses par lesquelles chacun d'eux a passé; elles représentent aussi les Boddhisatwas, ou fils spirituels de ces Bouddhas, leurs épouses ou énergies actives. De plus, les bouddhistes honoreut encore la plupart des divinités du panthéon hiudou qu'ils ont accommodées à leur système Ces figures sont le plus souvent représentées assises, soit sur un socle, soit sur la fleur du lotus; elles ont chacune leur posture, leur couleur, leur costume et leurs attributs particuliers.

17. Le Tibet a cela de particulier qu'étant, sinon la patrie originaire de ce vaste système religieux, du moins la terre sinte du bouddhisme et le siége du souverain poutificat, c'est là que le Bouddha suprême et la multitude innombrable des boddhistawas se sont perpétués sans interruption, en s'incarnant successivement, de race en race, dans des individus qui les représentent et qui sont censés être animés de leur esprit, jouir de leurs prérogatives, agir pir leur vertu, en un mot, qui sont identiquement les mêmes et qui ne font que changer de corps; de là, une véritable anthropoldtrie. En effet, on leur rend absolument le culte qui appartient aux êtres divins dont ils sont l'incarnation vivante; hommages, prières, invocations, prostrations, adoratious, offran des. Voyez les articles LAMAS, DALAÏLAMA, etc.

18. Les bouddhistes du Japon ont beaucoup plus d'idoles que leurs coreligionnaires. des autres contrées, avec lesquels ils ont, du reste, peu de relations. Leurs idoles sont quelquefois monstrueuses; celle de DaiBouts, à Méaco, est d'une telle grandeur qu'on a été obligé de percer le toit du temple pour en laisser passer la tête. Il y a tel de ces temples qui contient les images de mille divinités; il y a même, au rapport de Kampfer, une pagode auprès de Méaco, qui reuferme 33,333idoles.

En général, les sectateurs de la religion des Esprits, au Japon, n'ont pas d'images dans leurs temples, à moins qu'une circons tance particulière ne les engage à y en meltre; comme serait la grande réputation de sainteté du sculpteur, ou quelque miracle éclatant qu'aurait fait le Kami. Dans ce dernier cas, on place dans le lieu le plus éminent du temple, vis-à-vis de l'entrée ou du frontispice grillé, une châsse renfermant l'idole, devant laquelle les adorateurs du Kami se prosternent. L'idole n'est extraite de la chasse que le jour où l'on célèbre la fête du dieu qu'elle représente, ce qui n'ar rive qu'une fois tous les cent ans. On enferme aussi dans cette châsse les reliques du

même personnage déifié, comme ses os, ses habits, ses épées et les ouvrages qu'il a exécutes de ses propres mains. Quelquefois ces idoles avec les reliques sont portées en procession dans des chapelles portatives; mais on fait auparavant retirer le bas peuple, comme une race impure et profane, indigne de voir des choses si saintes. Voy. KAMI.

19. Les Chinois qui appartiennent à la secte des lettres rendent à Confucius des honneurs presque divins; cependant ce n'est pas à ses images qu'ils rendent un culte, mais à des tablettes sur lesquelles est inscrit son nom. Dans les édifices qui lui sont consacrés, celle tablette est placée sur une espèce d'autel éclairé par des bougies, el sur lequel brûlent des parfums. Quatre principaux disciples de ce philosophe, qu'on honore comme sages du second ordre, et dix autres qui sont vénérés comme sages dú troisième ordre, ont dans le même endroit leurs tablettes ou cartouches. Les offrandes qu'on présente à Confucius sont ordinairement du pain, du vin, des cierges, des parfums, du papier doré, souvent quelque animal, tel qu'un mouton. Une des cérémonies qui se pratiquent dans ce temple consiste simplement à se prosterner, et à frapper neur fois la terre du front devant la tablette du philosophe dont l'âme est censée résider dans la tablette, ainsi que le porte l'inscription. C'est ce que font les mandarins, quand ils prennent possession de leurs gouvernements; les lettrés, quand on leur donne leurs degrés. Tous les quinze jours, les gouverneurs des villes sont obligés d'aller, avec les gens de lettres du lieu, rendre cet honneur à Confucius, au nom de toute la nation. Car, par tout l'empire, il a des palais ou, si l'on veut, des temples sur le frontispice desquels on lit les inscriptions les plus pompeuses, comme: Au gand maitre, Au premier docteur, Au premier saint. Lorsqu'un magistrat passe devant un de ces temples, il ne

man

que jamais de descendre de son palanquin, de se prosterner la face contre terre, et de marcher ensuite à pied pendant quelque temps. En certaines occasions on lui offre un sacrifice solennel, dans lequel on égorge une ou plusieurs victimes: ce sont ordinairement des pourceaux; on lui offre en même temps du vin, des fruits, des semences, des étoffes de soie qu'on brûle en son honneur. Ceux qui mangent des chairs de la victime sont persuades qu'ils auront part aux faveurs de Confucius.

Les Chinois de toutes les sectes rendent aussi aux manes de leurs ancêtres des honneurs que les uns ont regardés comme idolâtriques, et que d'autres ont prétendu tolérer comme étant une simple marque de respect et de souvenir rendue aux parents qu'on a perdus. Dans chaque maison un peu considérable, il y a une salle consacrée uniquement à ce culle et qu'on appelle saile des ancêtres. Les noms des défunts appartenant à la famille sont inscrits sur des tablettes, et chaque jour on va leur rendre hommage par des inclinations, des prostrations, et

même par des offrandes de riz, de papiers dorés et autres menus objets.

20. Nous n'entrerons point dans le dé'ail de toutes les pratiques idolatriques des nombreuses tribus tartares qui presque toutes professent ou le bouddhisme ou le chamanisme. Chaque horde a pour ainsi dire ses divinités favorites; on peut en voir la description et même les figures dans les rela tions de Pallas, Gmélin et autres voyageurs russes. Ils ont des idoles dans leurs maisons ou sous leurs tentes; ils leur adressent des prières et leur font des offrandes et des sacri fices le matin, le soir, et surtout la nuit, à la lueur d'un feu allumé exprès.

Depuis que les Mantchous sont civilisés, i's ont chez eux, suivant leurs facultés, une petite table en forme d'autel, et mène une sorte de pelit tabernacle supérieurement travaillé et orné, où ils déposent leurs of frandes et font leurs dévotions journalières,

Il y a chez les Kalmouks des simulacres de bronze et de glaise, ainsi que des images peintes. Plusieurs de ces figures sont monstrueuses; elles ont plusieurs têtes, plusieurs bras, ou n'ont qu'un œil, etc. La tête de quelques-unes d'entre elles est coiffée de plusieurs têtes de morts. Un de leurs simulacres a jusqu'à neuf et même onze têtes. - Les Kalmonks et les Mongols portent communement à leur cou une petite idole de terre cuite ou de quelque métal; ils vont la chercher au Tibet.

21. Les Bouraïtes égorgent, pendant l'au tomne, des chevaux, des bœufs, des moutons et des boucs en l'honneur de leur Nouguit, idole faite avec des chiffons de drap, et qu'ils suspendent à une petite tente. La viande de ces victimes sert surtout à la nour. riture des idoles et des esprits, dont les prétres se chargent de surveiller et de consommer l'approvisionnement. Ils ont en outre un respect particulier pour une montagne voisine du lac Baikal.

22. Au lieu d'honorer et de prier le Dieu créateur qu'ils reconnaissent, les Tongouses s'adressent, dans leurs besoins, à des sinulacres que chacun fait soi-même, d'un morceau de bois, auquel il donne, le mieux qu'il peut, une figure humaine. Ils honorent ou maltraitent ces simulacres selon qu'ils croient avoir lieu de s'en louer ou de s'en plaindre.

Tous les ans, ils font dans les bois un sa crifice solennel, dans lequel ils immolent un animal de chaque espèce. Après le sacrifice, ils rendent une sorte de culte aux peaux des victimes qu'ils suspendent aux arbres les plus élevés et les plus touffus de la forêt. Quelques Tongouses plantent un piquet, sur le quel ils étalent la peau d'une zibeline ou d'un renard blanc, et rendent des houneurs à cette fourrure.

23. Chez les différentes peuplades qui ha bitent la pointe nord-ouest de l'Asie, il ya ordinairement deux sortes de simulacres: les uns publics, les autres domestiques. Les uns et les autres ne sont guère que des bùches arrondies avec une espèce de tète grossièrement façonnée. Les simulacres privés

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